L'avenir des sciences de l'information
Par taz le jeudi 6 octobre 2011, 07:00 - Science - Lien permanent
Cette semaine, une célèbre entreprise américaine (3 lettres) fêtait ses cent ans, et organisait à cette occasion une conférence sur l'avenir des sciences de l'information.
L'orateur, Marc Dupaquier, est revenu sur la victoire d'un ordinateur développé par l'entreprise, Watson, face à deux adversaires humains au jeu télévisé Jeopardy. On se souvient qu'en 1997 l'ordinateur Deep Blue avait vaincu le champion du monde d'échecs en titre Garry Kasparov 3½–2½. Le Jeopardy est autrement plus difficile à apprendre pour un ordinateur, car le jeu consiste à deviner les questions menant aux réponses qui sont affichées, et tout cela est basé sur le langage humain. D'après Marc Dupaquier, la chaîne diffusant le Jeopardy a modifié la logique des questions juste avant l'émission, ce qui a eu pour conséquence que Watson a au début de l'émission proposé des réponses complètement erronées, avant de s'adapter à cette nouvelle logique grâce à de subtils mécanismes autocorrecteurs intégrés. Marc Dupaquier n'a pas donné de détails (c'est un marketing guy) mais on peut penser aux mécanismes d'autoapprentissage associés aux réseaux neuronaux. Watson a été par la suite une ressource dans un domaine complètement différent, la recherche médicale : il aurait effectué des diagnostics corrects sur des cas spécifiques en quelques minutes, face à plusieurs semaines pour une équipe de professionnels.
Watson n'est pas connecté à Internet, il embarque son propre système de connaissances, comme Wolfram Alpha. Face à ces deux systèmes "propriétaires", il existe une autre approche d'informatisation et de traitement des connaissances via l'intelligence artificielle : le web sémantique, sur lequel on aura l'occasion de revenir (ici).
Sur le futur, Marc Dupaquier a évoqué diverses approches envisagées pour l'augmentation des capacités de calcul (vers l'exaflop) et la miniaturisation. Un des objectifs est de faire passer le volume de Watson de 10 grands racks à la taille d'une tablette en une dizaine d'année. Les buzzwords associés : passage à la conduction optique, tridimensionnalisation de l'architecture, parallélisation, utilisation de nanotubes de carbone, de graphène, de dérivés polymères, spécialisation des systèmes.
Avec l'évolution de ces technologies devrait apparaître, selon l'orateur, toute une gamme de nouveaux domaines et de nouveaux métiers. Entre autres, tout deviendra smart : les feux rouges, les systèmes de gestion d'eau, les villes, etc. Cela ne viendra pas sans interrogations éthiques et philosophiques. L'infoéthique, ou informatique éthique, devient une problématique de plus en plus importante au fur et à mesure que l'informatique s'immerge dans notre quotidien. Et face aux puissances de calculs surhumaines qui sont développées, se pose la question de la place de l'être humain.
Enfin, devant l'influence croissante des technologies sur notre vie, il serait bienvenu que les personnes qui orientent la société en comprennent bien les divers enjeux. Cela appelle donc à une place plus importante des scientifiques dans la sphère politique.
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