Dans les soirées un peu New Age, on tombe toujours sur quelqu'un qui l'affirme : chacun de nous n'utilise que 10% de son cerveau, qui a donc un potentiel bien supérieur à ce qu'on imagine. Si la seconde partie est probablement vraie, la première est démentie par la science.

Les fMRI (functional Magnetic Resonance Imaging, i.e. Imagerie par Résistance Magnétique fonctionnelle) et PET (Positron Emission Tomography, i.e. Tomographie par Émission de Positrons) mettent en évidence que quasi-toutes les zones du cerveau (qui n'auraient pas été endommagées suite à un accident) sont actives dans toutes les conditions (sommeil, éveil...). Donc, nous utilisons en permanence presque 100% de notre cerveau.

Alors que dire à quelqu'un qui affirme que nous n'utilisons que 10% de notre cerveau ?

  1. Alors quels sont les 90% inutilisés ?
  2. Si tu acceptes une ablation des 90% que tu n'utilises pas, je te donne 1000 €.

L'origine de ce mythe est peu claire. Il fut un temps où des soi-disant personnes aux capacités extra-sensorielles affirmaient qu'elles, contrairement à nous pauvres humains ordinaires réduits à 10%, pouvaient utiliser 100% de leur capacité cérébrale, ce qui leur permettait de justifier leurs pouvoirs extraordinaires. D'autres personnes se basaient sur cet argument pour vendre une alléchante méthode permettant de passer de 10% à 100%...

Source : B.L. Beyerstein, Whence Cometh the Myth that We Only Use 10% of Our Brains? in Mind Myths. Exploring Popular Assumptions about the Mind and Brain edited by S. Della Sala, Chichester: John Wiley and Sons, pages 3-24, 1999.

Cela étant dit, on peut aussi voir cela d'une autre perspective. Si ce genre d'assertions, indépendamment de leur véracité, encourage à utiliser davantage son cerveau pour se rapprocher de son potentiel, de même que les concepts de Père Noël ou de paradis encouragent à être attentionné, alors il devient évident que nous n'utilisons effectivement que 10% de notre cerveau.

We are making use of only a small part of our possible mental and physical resources.

William James, The Energies of Men (1908)