La lumière bleue
Par taz le vendredi 11 novembre 2011, 07:00 - Minute confiture - Lien permanent
Quel est le point commun entre : l'éclairage bleu d'une boîte de nuit, les fenêtres hautes d'une salle, une large avenue à Paris, et un banc public avec accoudoir central ?
Facile : ces designs nous améliorent la vie. Avec un éclairage bleu nous avons l'air plus beaux, les fenêtres hautes optimisent l'ensoleillement d'une salle, dans une avenue large nous pouvons circuler plus fluidement, et un accoudoir central sur un banc permet à davantage de personnes de s'accouder, ce qui est bien plus confortable. C'est bien ça ?
Pas du tout.
Dans les toilettes publiques suisses, comme dans de nombreuses discothèques et bars, et sous certains ponts, la lumière est bleue. Il n'y a pas de but esthétique, l'objectif de l'éclairage bleuté est d'empêcher les toxicomanes de distinguer leurs veines lorsqu'ils essayent de se piquer. Similairement, un éclairage rose est aussi utilisé dans certains endroits pour dissuader les adolescents d'y venir car... la lumière rose met en valeur l'acné[1].
À l'école, les élèves ont tendance à être distraits par les événements extérieurs, et regardent souvent par la fenêtre d'un air rêveur. Qu'à cela ne tienne, disent les architectes, il suffit de placer les fenêtre plus en hauteur, et le problème est résolu.
Georges-Eugène Haussmann fit construire de grands axes à Paris, afin, entres autres, d'empêcher d'éventuels révolutionnaires d'ériger des barricades et de bloquer la ville, ce qui est bien plus simple dans des rues étroites. Il y a donc une idée sous-jacente de contrôle des foules.
Quant à l'accoudoir central des bancs publics, il servent à éviter que des gens s'allongent dessus. Les municipalités font d'ailleurs preuve d'une imagination débordante pour empêcher les SDF de dormir sur les bancs.
Au final, le point commun est le suivant : le design vise à influer sur le comportement d'une certaine catégorie de la population. Il s'agit d'éléments d'architecture de contrôle.
Notes
[1] Pour éloigner les jeunes, d'autres dispositifs ont été imaginés, tel le mosquito, qui émet des hautes fréquences que les adultes n'entendent pas. Cela a même été implémenté en Suisse !
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