Voilà une histoire purement fictive qui est arrivée à Simon.

Simon prend un avion depuis l'Inde jusqu'à Londres, avec une correspondance à Francfort.

D'Inde, il ramène une bouteille de Feni (liqueur locale à base de noix de cajou) achetée dans une boutique duty free de l'aéroport, qu'il met dans son sac à dos ("bagage à main").

Or, lors du transit à Francfort, au contrôle de sécurité précédant l'embarquement, Simon se fait notifier que sa bouteille, scellée dans un sac duty-free en provenance d'Inde, ne pourra pas être prise à bord de l'avion, car elle contient un liquide potentiellement dangereux. Seules solutions proposées par l'agent de sécurité : retourner au comptoir de la compagnie prenant en charge le vol jusqu'à Londres et l'enregistrer comme bagage de soute, ou simplement abandonner la bouteille de Feni.

Que faire ? Simon réfléchit à ses différentes options.

  • Enregistrer la bouteille comme bagage en soute est fastidieux et risque de coûter cher, car la compagnie aérienne fait payer pour les bagages excédentaires. Placer la bouteille dans son bagage en soute est inenvisageable, car les passagers n'ont pas accès à leurs valises durant les transits.
  • Vider la bouteille et son contenu au portique de sécurité.
  • Vider la bouteille dans un lavabo et emporter quand même la bouteille vide.
  • Boire la bouteille et emporter quand même la bouteille vide (à condition de rester en état de prendre le vol).
  • Demander à passer quand même, en arguant de la bonne foi et en présentant la facture correspondant à l'achat de la liqueur.
  • Accompagner la bonne foi d'un signe de bonne volonté. Simon a en poche un portefeuille contenant l'équivalent d'une dizaine d'euros. Mais si la corruption est facile en Inde, elle est impensable avec une somme si dérisoire en Allemagne.
  • Sortir la bouteille du sac duty-free indien et demander à une boutique de lui mettre ladite bouteille dans un sac estampillé duty-free de Francfort. Mais les commerçant refusent (à juste titre).
  • Acheter une bouteille d'eau dans un sac duty-free et la remplacer par la bouteille de spiritueux en bricolant le scellé.
  • Idem en remplaçant l'eau de la bouteille par l'alcool et en gardant la bouteille vide.
  • Répartir le contenu de la bouteille dans des récipients de moins de 100 mL et emporter la bouteille vide.
  • Passer la bouteille sur soi, le portique ne détectant que le métal et pas les liquides (ceux-ci étant détectés aux rayons X).


Au final, Simon va opter pour une solution hybride. Il va dire à l'agent de sécurité qu'il va vider la bouteille dans un lavabo et mettre dans son sac à dos la bouteille vide, inoffensive. Seulement, il va transvaser son contenu dans une bouteille d'eau qu'il va garder sur lui, dans la poche de son hoodie, et avec laquelle il passera le portique, sans objet métallique et sans aucun problème. Bilan, la bouteille et son contenu sont dans l'avion à la disposition de Simon.

Cette histoire illustre à quel point la sécurité dans les aéroports et les avions est cosmétique et illusoire, et ne réussit même pas à donner aux voyageurs le sentiment de sûreté.

Indice supplémentaire de ce fait, quelqu'un s'est amusé à construire des armes avec les objets trouvables dans les boutiques duty-free, mettant ainsi au point des engins tels le redoutable fraguccino ou le terrible blunderbusiness class (présentés sur le site Terminal Cornucopia).

Sur une note un peu différente, les vols sur les tapis à bagages à la sortie de l'avion sont quasi-inexistants car tous les passagers ont les yeux braqués sur les valises, ce qui rend difficile la tache des voleurs qui ne sont pas assurés que le propriétaire d'un bagage n'est pas en train de le surveiller. On peut parler dans ce cas de sécurité holoptique.