Radjaïdjah Blog

Mot-clé - éthique

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vendredi 27 novembre 2020

Why Bitcoin matters

Does Bitcoin really matter?


lundi 6 avril 2020

FAQ : attestation numérique de déplacement dérogatoire

FAQ express sur le générateur gouvernemental d'attestations de déplacement dérogatoire.

La plateforme gouvernementale a-t-elle accès à mes informations personnelles quand je génère l'attestation ?
-> Non
Est-ce que quelque chose m'empêche de générer plusieurs QR codes avec différents horaires ?
-> Non
Les informations figurant dans le QR code sont-elles chiffrées ?
-> Non
Y a-t-il un mécanisme de sécurité pouvant détecter efficacement l'antidatage de l'attestation ?
-> Non
Est-ce une bonne idée d'aller générer mon attestation sur un autre site même si je ne comprends pas trop comment ça marche ?
-> Non

Attestation Deplacement Derogatoire Piscine

Fin

mardi 7 janvier 2014

La triche aux échecs

Une épreuve difficile que celle proposée par Gregory Conti et James Caroland à leurs élèves : restituer par écrit les cent premiers chiffres de pi, le rapport entre le périmètre d'un cercle et son diamètre (3,14159265...). La particularité de ce test est que les élèves avaient explicitement la possibilité de tricher et que la note attibuée reflèterait l'efficacité et l'originalité de la méthode employée, sur la base : pas vu, pas pris. La synthèse de cette expérience Embracing the Kobayashi Maru: Why You Should Teach Your Students to Cheat en recense certaines (antisèche cachée dans un faux livre ou une fausse canette, sur un ordinateur, réponse codée en mandarin...) qui le soulignent bien : tricher demande parfois de faire preuve de créativité.

C'est en pratique dans le domaine des échecs que ce constat a été illustré récemment. Tricher lors d'une partie, c'est jouer des coups que l'on n'a pas trouvés soi-même, mais par une entité extérieure (un autre joueur, ou un ordinateur[1]). Quelles que soient les motivations qui animent un tricheur, le phénomène est considéré comme un grave manquement à l'éthique du jeu et toute tentative avérée discrédite un joueur de façon quasi-irréversible (l'honneur c'est comme les allumettes...). Au-delà de cela, les deux exemples suivants démontrent une certaine créativité dans la mise en place de la triche.

Dans le premier cas, trois Français ont agi de concert pour tricher. Si on voulait romancer un peu la méthode déployée, il y aurait "l'analyste", "le messager", et "le joueur". Le joueur participe à un tournoi et dispute les parties. Le messager est présent dans la salle du tournoi, comme spectateur. Enfin, l'analyste est dans un endroit externe, avec un ordinateur. Il suit la partie du joueur sur internet, fait analyser les positions par un logiciel échiquéen (type Fritz, Shredder, Houdini, ou Rybka), et note le coup proposé par l'ordinateur, qui joue donc la même partie que le joueur. Il envoie ensuite le coup au messager par SMS, en le dissimulant dans un anodin numéro de téléphone (en cryptologie, on parlerait de stéganographie) : certains chiffres du numéro codent la notation internationale du coup à jouer. Le messager déchiffre le SMS et va signaler le coup à jouer au joueur en se plaçant à certains endroits prédéterminés de la salle pendant un certain temps. Le joueur repère alors les positions successives du messager, et joue le coup correspondant. L'adversaire réplique, la nouvelle position est aussitôt retransmise sur Internet, et l'analyste peut enchainer. En remplaçant le joueur par un enfant de dix ans, on assisterait à la démonstration d'un prodige.

(source)

Dans le second cas, il s'agit d'un joueur bulgare qui agit sans complice ; le joueur a un ordinateur miniature (type smartphone) muni d'un logiciel d'analyse dans sa chaussure et communique avec à l'aide de ses orteils. Peut-être une inspiration de la nouvelle Nora says "Check" de Martin Gardner ? Bien que la triche n'ait pas été formellement avérée, il existe un faisceau de présomptions assez impressionnant, basées sur le comportement du joueur durant certains tournois, et, plus intéressant, sur ses performances et sur les coups qu'il a joués. En effet d'une part les résultats enregistrés lors de ces tournois constituaient une aberration statistique en regard des performances attendues en vertu du classement ELO, d'autre part de très fortes corrélations ont été relevées entre les choix du joueur et les coups proposés par un ordinateur disputant la même partie. Il faut en effet savoir que, les ordinateurs basant leurs choix sur le calcul pur et les humains donnant une part plus importante à l'intuition, dans une même position ils ont tendance à jouer des coups différents. Ce qui a amené un M. Regan à proposer une sorte de test de Turing échiquéen[2] indiquant, au vu de ses coups, à quel point un joueur est susceptible d'être un ordinateur. Ce même type de méthodes est utilisé sur certains sites d'échecs en ligne pour détecter les internautes utilisant un programme pour jouer à leur place.

(source)

Complément : A history of cheating in chess, en 4 parties. 1 raconte l'histoire d'une feinte et un épisode de vraie triche, 2 parle du Turc mécanique et de l'avènement des ordinateurs aux échecs, 3 évoque l'Allemand Allwermann qui préfigure le second cas ci-dessus, et enfin 4, à partir de deux anecdotes sur un apport minimal d'information externe, envisage les performances d'un duo homme-machine (ce que Kasparov appelle advanced chess).

Bonus : Major Fraud, un reportage sur des tricheurs en carton au jeu télévisé Who wants to be a Millionaire (épisode qui a peut-être inspiré le film Slumdog Millionnaire).

En conclusion, il n'y a pas de conclusion. Bonne année 2014 !

Notes

[1] Les ordinateurs sont aujourd'hui meilleurs que les humains aux échecs. Sauf peut-être en chessboxing, si on commence par la boxe.

[2] Une illustration de la logique sous-jacente est apportée par la parabole du golfeur.

lundi 13 mai 2013

Sexualité et ACM

Le numéro 82 des cahiers de l'animation aborde un thème pas inintéressant et très positif pour augmenter le nombre de mots-clefs raccoleurs de ce blog : la sexualité en accueil collectif de mineurs (ACM). On trouve ainsi :

  • un éditorial d'Alain Gheno intitulé Le sexe des anges,
  • un article assez freudien, Sexualité dans le développement de l'enfant, par Dominique Besnard, évoquant une bienveillance qui "ni ne banalise ni ne dramatise",
  • un article Entre séduction et interdit par Yaëlle Amsellem-Mainguy et Aurélia Mardon, inspiré d'un rapport intitulé Des vacances entre jeunes : partir en "colo" (pdf), qui aborde la question : mais que signifie la première boum ?
  • un article assez reichien, Sexualité des jeunes enfants, par Ronan David, encourageant à adopter un regard critique et un questionnement infini.

Tout à la fin du magazine il y a aussi un texte sur la fabrication d'un flipper artisanal, et sur la dernière page il y a une illustration réminescente de Fernand Deligny.

Complément (mars 2015) : un très bon article du site Jurisanimation qui aborde l'aspect législatif du sujet : Le mythe de la majorité sexuelle.

vendredi 10 mai 2013

Human Traffic

Aujourd'hui, c'est la Journée commémorative de l'abolition de l'esclavage en France métropolitaine[1]

On peut toujours considérer que le capitalisme est l'infrastructure d'un esclavage moderne où l'argent a remplacé la force, comme le suggérait Léon Tolstoï.

Mais dans le monde, l'esclavage et le trafic d'être humains est florissant, et des films comme The Whistleblower (en Bosnie Herzégovine) ou The Jammed (en Australie) soulignent la complexité du sujet (le film éponyme en est assez éloigné).

Certaines organisations affirment lutter contre ce phénomène, entre autres Not For Sale, FIZ, Free the Slaves, Human Rights Watch, ou le projet Polaris.

En pratique, c'est un domaine tumultueux, avec beaucoup d'argent, de pouvoir, de violence, de sexe, de misère, de mensonges, en bref d'humanité.

lundi 18 mars 2013

Robots (I)

Les musée des arts et métiers organisait cet hiver une exposition sur les robots.

Certaines considérations morales autour des robots et de leurs prérogatives avaient été envisagées il y a bien longtemps par les auteurs de science-fiction, comme l'illustrent les trois lois de la robotique d'Isaac Asimov :

  1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
  2. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première loi.
  3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième loi.

Avec la présence de Nao (présenté dans l'article sur la neutralité du net) et autres consorts, l'histoire des robots se déclinait selon :

  1. Introduction (à la veille d'une révolution ?)
  2. Robot, qui es-tu ?
  3. Robot, d'où viens-tu ? (différence entre robots et automates)
    1. Introduction
    2. De l’Égypte des pharaons aux ingénieurs mécaniciens grecs
    3. La popularisation des automates et la naissance de l’horlogerie
    4. Lorsque l’androïde paraît...
    5. XIXe et XXe siècle : la consécration avant le déclin
    6. Des automates pour tous
  4. Nom de code Robota
    1. La cybernétique, projet de l’après-guerre (oeuvre et leg de Norbert Wiener)
    2. Les robots dans l’industrie (tâches répétitives, pénibles, et dangereuses confiées aux machines, taylorisme, collaboration homme-robot)
    3. Robots et nucléaire : servir et protéger en milieu extrême (remplacer l'homme en milieu hostile en cas de catastrophe nucléaire)
    4. Les robots des abysses (robots téléopérés et sous-marins autonomes dans la pression et l'opacité des milieux sous-marins)
    5. Les robots au coeur de la conquête spatiale (Lunokhod 1, Spirit, Opportunity, Curiosity)
    6. Robots et défense : préserver des vies et des territoires ? (zones de conflit : robots biomimétiques, robots-soldats, robots multifonctions autonomes (ex : drones))
  5. Robots Domesticus
    1. Usables et corvéables (surveillance, nettoyage)
    2. Des robots au foyer (domotique)
  6. Le robot est-il l'avenir de l'homme ? (robots-chirurgiens, prothèses bioniques, exosquelettes, greffes et implants mécatroniques)
  7. Robots entre science et fiction (androïdes, imitations mécaniques d’un homme parfait)

Comme l'art aléatoire, les robots soulèvent de nombreuses questions d'éthique, depuis le golem du maharal de Prague : intelligence artificielle, conscience robotique, droit des robots, etc.

jeudi 7 mars 2013

5 films sur l'argent

En attendant une potentielle entrée sur les bitcoins (finalement : ici) et alors que Bill Gates a récemment discuté sur reddit, voici pour inaugurer la rubrique économie cinq films sur l'argent et la finance.

Le Sucre - Sur les conseils d'un courtier, un petit épargnant se lance dans la spéculation sur le sucre. Le tandem Depardieu-Carmet (Buffet Froid) voguera ainsi dans le petit monde haut en couleurs de la finance, où tout est manipulé, et où au final, « le libéralisme extravagant, ça se paie ».

Wall Street - Un jeune employé ambitieux incarné par Charlie Sheen (The West Wing) gravit les échelons d'une compagnie financière dirigée par son mentor Michael Douglas (Falling Down) dont la devise est greed is good.

Erreur de la banque en votre faveur - Un maître d'hôtel (Gérard Lanvin) se rend compte un beau jour par inadvertance qu'il est à même d'écouter les conversations privées de ses riches employeurs (dont le patron est le commissaire de Grégoire Moulin contre l'humanité). Ceux-ci, adeptes des délits d'initiés, lui fournissent sans le vouloir des tuyaux en or pour gagner à la bourse. Le film rappelle par certains côtés Le Gentleman d'Epsom.

Boiler Room - Un film sur les firmes pratiquant la stratégie de "pump & dump"[1] sur les marchés secondaires pour s'enrichir au détriments d'investisseurs naïfs.

American Psycho - Tiré du roman de Bret Easton Ellis mais bien plus édulcoré que ce dernier, l'histoire d'un trader qui perd progressivement contact avec la réalité. À rapprocher de la série Profit.

Ont failli intégrer la liste : Le Capital, The Pursuit of Happyness.

Notes

[1] Résumé du procédé en quatre mots : buy, lie, sell high.

lundi 4 février 2013

Bioéthique 2013

Les débats sociétaux autour de la bioéthique, du transhumanisme, du mariage homo, des mères porteuses, de la vie, deviennent de plus en plus d'actualité. Or, cette semaine avait lieu le Forum Européen de Bioéthique 2013 à Strasbourg, avec un vaste programme. Au-delà des aspects artistiques précédemment évoqués, les thèmes étaient :

Avec les progrès de la médecine et de la biologie de synthèse, l’Homme va-t-il pour la première fois prendre la main sur l’évolution et l’équilibre des espèces vivantes ?

De l’Homme réparé à l’Homme augmenté : en route vers le post-humain ? L’Homme augmenté est doté de techniques qui permettent d’accroitre ses capacités naturelles. Personnage favori de la science-fiction, il se dessine progressivement dans notre réalité. Quelles conséquences pour l’humanité ?

Conférence inaugurale à deux voix. Jean-François Mattei. Ancien ministre, président de la Croix-Rouge française, président du conseil scientifique du Forum Européen de Bioéthique en 2010, membre du conseil scientifique du Forum Européen de Bioéthique. Israël Nisand. Professeur de médecine, chef du pôle de gynécologie obstétrique...

Débat très intéréssant qui cristallise la thématique du forum, portant sur les sujets de l'appartenance du corps (a-t-on un corps ? est-on un corps ?), du transhumanisme, de l'avortement, des dons d'organe, de la procréation médicalement assistée, de l'adoption, des mères porteuses, de l'eugénisme, etc.

Greffe de la main, greffe de la peau, greffe du visage… les succès médicaux se confirment. Mais quelles questions éthiques et identitaires posent-elles au sein de notre société et en premier lieu aux personnes concernées ?

Donner et recevoir. Quels sens revêtent ces deux notions, à priori consensuelles ? Car à y regarder de près, les sens divergent, y compris d’un pays à l’autre en Europe. Le débat est éthique, philosophique et juridique. Pas de don sans dette, disait Marcel Mauss.

Le marché des organes humains prospère à l’échelle mondiale. En dépit des lois, des réseaux sont démantelés, des scandales éclatent, et le récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé s’en alarme. Le vol d’organes, la vente d’organes sont juteux et dramatiques pour les personnes et les pays vulnérables.

Rien ne se jette, tout se recycle, y compris les matériaux issus des blocs opératoires. Mais avec quelle information, quel consentement et à quels usages ?

Détaché du corps inerte, la conscience peut néanmoins être active. Etat paradoxal qui pose la question de la subjectivité à la matérialité du corps et interroge le praticien et la société dans ses choix. Même les frontières de la mort s’en trouvent reculées.

Autour du corps comme matière première à modeler selon l'ambiance du moment, les usages et comme support d'expression, y compris dans l'art.

Identifier par l’empreinte, le sang, l’iris, les cheveux… Les outils scientifiques servant à la traçabilité fleurissent et dans leur sillage des questions nombreuses sur la liberté individuelle et les pratiques mercantiles.

De la difficulté à penser le corps, à vivre cette « pesanteur » et sa « chute ». Regards croisés entre les disciplines, les cultures et les époques.

Corps malade, corps tatoué, corps scarifié. Entre les maux, l’ornementation et la sublimation du corps, comment comprendre ces pratiques autour du corps ? Que disent les maux du corps ?

Est-ce une nouvelle façon de vieillir ? LLe moyen de se recréer ? La jeunesse devient aussi un vesteur de l'intégration sociale.

Le droit pose ce postulat : l’indisponibilité du corps humain. Mais entre la note de cadrage et les pratiques, la réalité est beaucoup plus nuancée.

La médecine et la recherche sont en train de franchir un cap important concernant le remplacement de pièces détachées du corps. Jusqu’où ira la médecine du corps en kit ? A quels usages ?

Quelles pratiques entourent les essais sur le médicament et les techniques chirurgicales ?

Le grand marché des pilules de la surpuissance et du bonheur font écho à la suprématie du culte de la performance.

L’Homme va-t-il pour la première fois prendre la main sur l’évolution et l’équilibre naturel des espèces vivantes ?

Entre les tenants du pour et contre reste cette question : a-t-on vraiment le choix de dire oui ou non à la prostitution.

Démêler les fils entre sexe, genre, identité et orientations sexuelles sur un fond d'évolutions sociétales bouleversantes.

Au final, des sujets biophilosophiques assez liés à l'actualité politique et aux réflexions contemporaines.

jeudi 10 janvier 2013

Successful random papers

The famous internet RFC 2795 (The Infinite Monkey Protocol Suite) states that a monkey hitting keys at random on a typewriter keyboard for an infinite amount of time will almost surely type a given text, such as the complete works of William Shakespeare.

A modern variation of this monkey-fed typewriter consists of programs outputting random text sequences from a words database and a set of rules called grammar. Such programs are nicknamed generators.

Examples of generators in the area of science are SCIgen who produces meaningless computer science papers, or Mathgen who creates nonsensical math papers. The latter provides even the source code to generate full-size random e-books featuring custom-named authors, which can then be printed out at Lulu.

One can think that target journals for publication of such gems should be world-class journals such as the Journal of Irreproducible Results or the Journal of Universal Rejection, where no failure is to expect.

But it happens that from time to time so-called random papers are accepted in real-world publications. For example, a paper entitled Deconstructing Access Points has been accepted in The Open Information Science Journal, whereas Independent, Negative, Canonically Turing Arrows of Equations and Problems in Applied Formal PDE has been accepted in Advances in Pure Mathematics. As far as conferences are concerned, the talk Rooter: A Methodology for the Typical Unification of Access Points and Redundancy has been accepted at the WMSCI2005 and the talk Towards the Simulation of E-Commerce has been accepted at the 2008 International Conference on Computer Science and Software Engineering.

This highlights that some slimy journals or conferences are ready to accept fees to publish irrelevant non-peer-reviewed papers while it may be deduced that some authors are ready to pay (institutional) money in exchange for easy CV bullets.

It also reminds of Georges Perec's Experimental demonstration of the tomatotopic organization in the Soprano (pdf) and of the Sokal affair[1], which was more of a critic of post-modernism.

Update (March 2015): a more recent hoax in sociology has been ployed and unveiled by Arnaud Saint-Martin and Manuel Quinon after their postmodern-funny-gibberish paper entitled Automobilités postmodernes : quand l'Autolib' fait sensation à Paris has been accepted and published in Sociétés, a journal whose editor-in-chief is the French iconic sociologist Michel Maffesoli.

Note

[1] In 1996 Physics professor Alan Sokal managed to publish his manuscript Transgressing the Boundaries: Towards a Transformative Hermeneutics of Quantum Gravity in the Social Text Spring/Summer "Science Wars" issue. The text included jokes such as: Just as liberal feminists are frequently content with a minimal agenda of legal and social equality for women and 'pro-choice', so liberal (and even some socialist) mathematicians are often content to work within the hegemonic Zermelo–Fraenkel framework (which, reflecting its nineteenth-century liberal origins, already incorporates the axiom of equality) supplemented only by the axiom of choice.

lundi 31 décembre 2012

La croissance de la décroissance

Le mois dernier Paul Ariès était invité à parler de décroissance, par ailleurs un des thèmes du GIMUN de cette année. Sur le fond c'était assez clair, sur la forme il est possible que le « compte-rendu » qui suit paraisse un peu désordonné et confus.

Selon Ariès, la nécessité d'une politique de décroissance (sous-entendu: de l'activité économique) provient des deux considérations suivantes :

  • Si les 7 milliards humains vivaient comme les Européens il faudrait 3 planètes pour les supporter (7 s'ils vivaient comme les Américains).
  • Il est moralement injuste que certaines catégories vivent bien mieux que d'autres[1] (ce qui est bien sûr contesté par les tenants du libéralisme).

Muni de son nouveau livre Le socialisme gourmand, Paul Ariès appelle à rompre avec le capitalisme, système « diablement efficace ». Le capitalisme serait en effet un système à la fois :

  • exploitant le travail et pillant les ressources
  • intrinsèquement productiviste, impensable sans croissance
  • imposant des styles de vie et des modes de vie

Selon le gouvernement socialiste actuel, il n'y a pas de solution aux inégalités sans croissance. Il apparaît ainsi que la gauche est divisée en deux catégories : la gauche productiviste (au pouvoir), et la gauche antiproductiviste (qui résiste au progrès[2]).

Paul Ariès fait partie ce cette dernière, dans la tradition des paysans qui s'opposaient au glânage, des ouvriers qui cassaient les machines, de Lafargue, de Fourier, des milieux libertaires, et de certains syndicalistes, et à l'opposé des pessimistes à l'image de l'école de Francfort, où les milieux populaires étaient perdus car perdus dans le milieu de la consommation.

La décroissance que défend Paul Ariès n'est pas celle du journal La Décroissance, synonyme d'austérité, de « décroissance de droite », malthusienne, mais plutôt d'une décroissance « intelligente ». Il y a de nombreuses directions pour aller dans la direction d'une décroissance raisonnable, telles que la lutte contre obsolescence programmée et contre le gaspillage : (un produit fini représente 4% des ressources mises en oeuvre pour sa fabrication). Surtout, la planète est assez riche pour passer à ce que les Amérindiens appellent le buen vivir. Il faudrait 40 milliards de dollars pour régler le problème de la sous-nutrition dans le monde (comme le souligne d'ailleurs Jean Ziegler dans le film We feed the world) et 60 milliards pour régler celui de la pauvreté, soit moins de 0.2% du PIB mondial. En même temps, le budget annuel mondial de l'armement est de 1000 milliards de dollars, celui de la publicité est de 900 milliards de dollars, et le produit international criminel (PIC) est estimé également à 1000 milliards.

Il y a ainsi deux concepts clefs dans la « bonne voie » envisagée : redistribution différente et décroissance intelligente. Et y parvenir demanderait un peu de psychologie, car on ne changera pas le monde en culpabilisant ni en faisant appel aux responsabilités mais en suscitant le désir. Le désir, essentiellement, de trois choses[3] :

  1. Le développement de l'économie sociale et solidaire, qui représente aujourd'hui environ 10% de l'économie en France, et a constitué un des secteurs qui a le mieux résisté à la crise[4].
  2. L'extension de la sphère de la gratuité qui passe par un nécessaire développement d'une culture de la gratuité[5] (un thème cher aux partis pirates).
  3. Le développement de la désobéissance à la croissance. Paul Ariès rêve d'une gauche objectrice de croissance tout en évoquant un forum national de la désobéissance multipliant les appels à la désobéissance civile, professionnelle, et institutionnelle.

Dès lors qu'on considère l'intérêt du plus grand nombre dans le cadre d'une « économie du bonheur », les étudent réfutent l'idée d'une corrélation entre pib et accès au bonheur mais trouvent en revanche un lien entre type de société et accès au bonheur. Ainsi Richard Wilkinson montre les conséquences négatives des inégalités économiques sur les sociétés. De plus, comme le capitalisme multiplie les individus superflus, un remède pour pallier ces inégalités serait le revenu minimum universel, éventuellement sous forme partiellement démonétarisée (eau, électricité).

En conclusion, peut-être qu'on ne pourra pas changer le monde mais rien ne nous interdit d'en construire un autre[6].

Notes

[1] Il y a une distribution des richesses à la Pareto : 20% des humains se partagent 80% des richesses mondiales. Plus précisément, un individu possédant au moins 5000€ de patrimoine serait dans le top 50% des humains en termes de richesse, dans le top 10% avec 37500€, et dans le top 1% avec 340000€. Voir aussi le site Slavery Footprint pour savoir combien d'esclaves travaillent pour vous.

[2] Paul Ariès semble opposé à certaines formes de progrès et considère assez sombrement les perspectives transhumanistes qui verraient passer l'homo sapiens au robot sapiens (Jacques Testard parle d'« humanité augmentée ») ou au soma sapiens (avec les technologues comme Anders Sandberg (à qui Ariès attribue bizarrement un prix Nobel) qui étudient les sentiments artificiels et l'ingénierie émotionnelle, des thèmes qui seront évoqués dans l'entrée à venir sur la reprogrammation du cerveau).

[3] Quatre, en fait, car on peut ajouter une nécessaire volonté de surcroît de démocratie (cf l'article de Georges Gurvitch Le principe démocratique et la démocratie future ainsi que l'entrée Démocratie et populisme).

[4] Ce secteur concerne essentiellement les classes moyennes et pauvres, qui évoluent. Lors du forum mondial sur la pauvreté organisé par Emmaüs, 2 constats se sont dégagés : d'une part, un pauvre n'est pas un riche sans argent, d'autre part, un naufragé ne pourra jamais retourner dans le système (et tant mieux). De plus, si le XXe siècle a en quelque sorte vu l'apparition des classes moyennes, le XXIe siècle serait plutôt sur la voie de la démoyennisation, ce qui est finalement une bonne chose si elle est à l'origine d'une remise en question du système dans son ensemble.

[5] Lors du forum national de la gratuité, ont été mentionnées des expérimentations sur gratuité de l'eau vitale, des transports en commun, des services funéraires. Paul Ariès récuse le principe d'une gratuité uniquement « pour les pauvres » et lui préfère celui de gratuité d'émancipation, telle que celle de l'école publique. Mais qu'en serait-il avec le logement, la santé, ou l'alimentation ? Il existe de facto un droit à l'expérimentation ; selon la constitution française, des villes peuvent expérimenter des politiques en dehors de la loi, et la gauche s'est en général trop refusée à expérimenter.

[6] On peut voir ça comme une variation du célèbre Si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?

mercredi 19 décembre 2012

Que faire de l'Orthodox Union ?

Après les maillots du PSG et le chocolat, voici l'Orthodox Union.

L'Orthodox Union est une organisation juive américaine connue pour ses certificats de cacherout se traduisant par le label Ⓤ figurant sur les produits validés. Bon.

Ce mois-ci, après la condamnation en justice d'un membre de la communauté Satmar de Williamsburg pour agression sexuelle sur mineure, l'Orthodox Union a publié sur son site un communiqué apportant son soutien à ce verdict.

Or, rapporte FailedMessiah, quelques jours après, ce communiqué a disparu du site.

Par la suite, Simcha Katz, président de l'Orthodox Union, a affirmé au New-York Times qu' « en raison de notre manque de connaissance sur les modalités précises du procès et les détails de l'affaire, nous ne sommes pas en position de commenter dans un sens ou l'autre »[1].

Ce revirement peut apparaître comme une sage application du principe de précaution, mais il est plus probable qu'il traduise un soutien implicite au condamné.

Quelles qu'en soient les raisons, il convient de s'interroger sur la crédibilité en résultant pour cette organisation en termes de soutien aux membres de la communauté juive victimes d'abus en son sein.

Addendum (janvier 2013) : selon cet article, la position de l'Orthodox Union n'est pas nouvelle, et relève d'une analyse coût-avantage qui s'inscrit dans le cadre de sa mission de diffusion de ses valeurs.

Notes

[1] Citation originale : "Due to our lack of knowledge of the specifics of the trial and details of the case, we are not in a position to comment one way or the other."

mardi 13 novembre 2012

Graine de crapule

Mentionné dans l'entrée sur la science de l'autisme, le recueil Graine de crapule de Fernand Deligny est sympatique et riche en enseignements. En voici cinq extraits.

Si tu joues au policier, ils joueront aux bandits. Si tu joues au bon Dieu, ils joueront aux diables. Si tu joues au geôlier, ils joueront aux prisonniers. Si tu es toi-même, ils seront bien embêtés.

Celui-là que tu traites d'indifférent et d'endormi, as-tu vu avec quelle adresse et quelle vivacité il est capable de chiper un gâteau dans une pâtisserie pleine de clients ? Il vit. Rien n'est perdu.

À trop se pencher sur eux, c'est la meilleure position pour recevoir un coup de pied au derrière.

Tu n'obtiendras rien de la contrainte. Tu pourras à la rigueur les contraindre à l'immobilité et au silence et, ce résultat durement acquis, tu seras bien avancé.

Ses parents. Ils ont mis quinze ans et neuf mois pour faire de leur fils ce qu'il est et ils voudraient qu'en trois semaines tu en fasses un enfant modèle.

Voilà.

mardi 4 septembre 2012

Les problèmes juifs

Alors que le musée d'Israël à Jérusalem présente jusqu'à la fin de l'année une exposition sur le judaïsme haredi, voici cinq petits problèmes mathématiques.

  • 1) Soient un segment du plan et un cercle dont le segment soit un diamètre. Soit un point du plan n'appartenant ni au cercle ni au segment, tracer avec seulement une règle la perpendiculaire au segment passant par le point.
  • 2) Un quadrilatère de l'espace est tangent à une sphère (c'est-à-dire que chacun de ses côtés est tangent à la sphère). Montrer que les points de tangence sont coplanaires.
  • 3) Trouver toutes les fonctions \(F : \mathbb{R} \rightarrow \mathbb{R}\) telles que pour tous \(x_1\) et \(x_2\) : \(F(x_1) - F(x_2) \leq (x_1 - x_2)^2\).
  • 4) Soit un parallélogramme. En utilisant uniquement une règle, diviser l'un des côtés en six segments de même longueur.
  • 5) Un cercle est inscrit dans une face d'un cube de côté \(a\). Un autre cercle est circonscrit à une face adjacente de ce cube. Quelle est la distance minimale entre les points des cercles ?

Ces problèmes ont été spécialement conçus pour avoir une solution simple à comprendre mais (souvent) très difficile à trouver ; ils font partie d'une liste, les problèmes juifs.

Pourquoi ? Dans les années 70-80, lors des examens oraux d'admission au département de mathématiques (Mekh-mat) de l'Université de Moscou (MSU), ils étaient proposés aux candidats juifs et autres indésirables. Comme les problèmes étaient très difficiles, les candidats échouaient la plupart du temps, mais comme les solutions étaient simples à comprendre, l'administration était protégée contre les éventuelles plaintes ou autres recours. En soumettant des problèmes différents aux candidats « acceptables » et aux « inacceptables », l'Université pratiquait subtilement une discrimination basée sur la technique. La liste de ces problèmes juifs a longtemps été tenue secrète, et sa publication présente une valeur tant mathématique qu'historique. Certains d'entre eux sont élégants, d'autres sont fastidieux, et enfin certains sont présentée d'une façon ambiguë, voire incorrecte. Un échantillon a été publié par les chercheurs Tanya Khovanova et Alexey Radul. Le mathématicien Ilan Vardi a également publié une liste similaire et y évoque « peut-être pour la première fois, une utilisation politique des mathématiques ».

jeudi 23 août 2012

Animateurs : quelle idéologie, quel statut ?

La division du travail pousse à la spécialisation dans tous les domaines, et les colonies de vacances, ou séjours en accueils collectifs de mineurs, ne font pas exception.

Ateliers d'experts pour colonies de vacances hyperspécialisées ; aujourd'hui, les encadrants ne sont plus de simples monos. « Ça n'a plus rien à voir avec ce que c'était avant », témoigne Bernard Marciano, un animateur. « Dans l'animation, il y a vraiment une formation très sérieuse, c'est vraiment un métier. C'est vraiment un métier à part, ce qui n'était pas le cas il y a quelques dizaines d'années, on va dire. » Coût du séjour, 1000 € pour deux semaines, pas accessible donc à tous les parents, mais à ce prix-là les neurones n'auront pas chômé avant la rentrée.

Quel est, en pratique, le statut de l'animateur ? En juin dernier, les CÉMÉA (Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active), membre de la confédération de la Jeunesse au Plein Air (JPA) organisait une conférence pour clarifier la situation.

Il y a une centaine d'années, la question ne se posait pas, les encadrants des "colos" (on dit aujourd'hui "séjours de vacances") étaient des militants de l'éducation nationale -instituteurs- ou bien des membres du clergé. À cette époque, il n'existait pas de contrat. Puis, après la 2e guerre mondiale, ont commencé à apparaître des indemnisations (remboursement de certains frais), faisant émerger une progressive professionalisation, jusqu'à l'année charnière 1989 à laquelle fit son entrée la convention collective de l'animation socio-culturelle. Étaient déjà inclues dans lesdites rémunérations certaines cotisations salariales et patronales.

Au cours des années 2000, les attaques pour exploitation auprès des prudhommes dont firent l'objet certains organismes mirent en évidence la nécessité de protéger, à un certain titre, les animateurs.

En 2006 fit son apparition le contrat d'engagement éducatif (CEE), cumulant le statut d'inscrit au code du volontariat et de contrat de travail. Un animateur a alors le droit à un jour de repos par semaine, ce qui est par ailleurs contraire au code du travail (d'où l'appellation de statut "dérogataire").

En octobre 2010, un syndicat (Solidaires Sud Isère) revendiqua l'idée que "rien ne justifie la dérogation de l'emploi d'animateur au code du travail sur le repos compensatoire". Suite à cela, un comité, la commission Nutte, proposa un temps minimum de repos : 11 heures de repos par jour (période de 24 heures) en plus du jour de repos par semaine (directive no 2003/88/CE du 4 novembre 2011 et article 124 de la loi no 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l'allègement des démarches administratives).

En pratique, sur 7 jours, cela ne se passe pas du tout comme ça, en vertu du régime dérogatoire explicité par l'article 432 du décret 2012-5081 du 26 avril 2012 relatif aux conditions de mise en oeuvre du repos compensateur des titulaires d'un contrat d'engagement éducatif. Sur une semaine, un animateur aura droit à un jour de repos plus seize heures à prendre en une (1x16h), deux (2x8h), ou quatre (4x4h) fois. Les cinquante heures manquantes de repos sont reportées à après la fin du séjour (repos compensateur), ce qui par ailleurs empêche de retravailler immédiatement après celle-ci.

Il s'agit d'une loi technique, qui est difficile à mettre en oeuvre (une circulaire ministérielle expliquant les modalités d'application du repos compensateur est d'ailleurs parue), et pose tout un tas de complications aux séjours itinérants et aux séjours de plus de 21 jours, sans parler de la législation concernant le taux d'encadrement de nuit qui reste assez floue. Mais, une conséquence positive est que les animateurs peuvent davantage se reposer, ce qui généralement est bénéfique à la sécurité des groupes. Cela passe souvent par une augmentation du nombre d'animateurs sur les séjours, et les structures avec peu de moyens ont parfois du mal à s'adapter.

De façon assez comique, ce temps de repos obligatoire de 11 heures par jour met implicitement en évidence un temps de travail journalier de 13 heures, alors que l'indemnisation minimale légale des animateurs est à la hauteur de 2.2 fois le smic horaire par jour. Le contrat d'engagement éducatif est en l'état actuel des choses une sorte de contrat hybride régi à la fois par le droit du travail et par le ministère de la jeunesse et des sports (J&S pour les intimes). Surtout dans sa version 2006, il embarque "le pire des deux mondes" pour les animateurs (et en quelque sorte le meilleur des deux mondes pour les entreprises à but lucratif qui peuvent engager des animateurs presque gratuitement tout en leur demandant une charge de travail et une responsabilité plutôt importantes).

Dans ce cadre, la confédération de la Jeunesse au Plein Air considère le statut actuel des animateur comme transitoire, et propose de remplacer le contrat de travail des animateurs par un contrat de volontariat (au centre de l'axe bénévolat-salariat), ce qui implique que le lien de subordination institué par le contrat de travail serait substitué par un lien d'adhésion à un projet éducatif. C'est dans ce sens que s'inscrit la proposition 4133 dite "Juanico" effectuée en décembre dernier. Se pose également la question de l'intégration européenne d'un tel statut.

À lire en complément : l'article "Anim" de colo, un métier presque comme les autres.

jeudi 21 juin 2012

Plagiarism

What’s “plagiarism”? It’s when you take someone else’s work and claim it’s your own. It’s basically STEALING.

Ideas improve. The meaning of words participates in the improvement. Plagiarism is necessary. Progress implies it. It embraces an author’s phrase, makes use of his expressions, erases a false idea, and replaces it with the right idea.

Perhaps the Russians have done the right thing, after all, in abolishing copyright. It is well known that conscious and unconscious appropriation, borrowing, adapting, plagiarizing, and plain stealing are variously, and always have been, part and parcel of the process of artistic creation. The attempt to make sense out of copyright reaches its limit in folk song. For here is the illustration par excellence of the law of Plagiarism. The folk song is, by definition and, as far as we can tell, by reality, entirely a product of plagiarism.

If you copy from one author, it’s plagiarism. If you copy from two, it’s research.

mercredi 16 mai 2012

Le côté obscur du chocolat

Une autre entrée classée par choix dans la rubrique animation, après celle sur les maillots du PSG. Aujourd'hui : faut-il manger du chocolat ?

Il y a quelques années, la découverte du fait que la production de cacao en Côte d'Ivoire (qui contribue à plus d'un tiers du le marché mondial) était en partie basée sur la mise en esclavage d'enfants a mené à un boycott de Nestlé. Nestlé, dont le siège social est situé à Vevey, dans le charmant canton de Vaud, Suisse, est derrière certaines marques comme Smarties, Cailler, KitKat, Mövenpick, Perrier, San Pellegrino, Vittel, L'Oréal, etc.

Un peu dans l'esprit du commerce équitable, des membres du congrès américain ont par la suite proposé de mettre au point un système de labels certifiant que telle plaque de chocolat a été produite sans faire travailler des enfants. Au coeur de la mondialisation, c'est le consommateur qui a le dernier mot.

Pour en savoir un peu plus, le film The dark side of chocolate (Le côté obscur du chocolat) documente les coulisses du cacao.

Cacao

Pour un aspect plus lumineux du chocolat, voir le site Chocolate Bar Book qui est vraiment chocolate bar.

jeudi 26 avril 2012

Education as a path to citizenship?

With their priviledged status, UN staff sometimes suffer from the stereotyped image of well-dressed penguins hanging around with a concerned face and doing nothing all day long like in Albert Cohen's novels. But sometimes, things are happening. This week-end, the Youth Perspectives pole of the GIMUN (Geneva International Model United Nations, kind of a UN "simulation") will hold a conference entitled Environmental issues in contemporary societies, composed of the following committees:

  1. Modern societies' weaknesses facing environmental catastrophes
  2. Degrowth: a solution to protect the environment?
  3. Protecting biodiversity: issues of urbanism
  4. Future of traditional knowledge: threats and solutions?

It's probably too late to apply, but don't hesitate to give a try if you're interested. It is the second edition of a Youth Perspectives conference; last year for the International Year of Youth the topic was Education in the 21st Century. The committees were at the time:

  1. Education - The Path to Citizenship
  2. Integration through Education
  3. Teachers and the Promotion of Gender Equality
  4. Universal Access to Higher Education

As one easily guesses from the blog, education is a stimulating topic, hence this brief essay and this laconic position paper were written to attend the conference in the first committee. As complements, a talk of Ken Robinson entitled Schools kill creativity, and a link to the Khan Academy.

The results? After some long exchanges on definitions and proposals, some insightful debates on the arcane differences between "informal" and "non-formal", and some subtle considerations regarding where to put commas, the "Education: a path to citizenship" committee produced the following document. Nevertheless it was an inspiring experience, an opportunity to play the devil's advocate and to observe that people who state that the next generation is moronic are just plain wrong.

In the end, after approval by vote (was harder for committee #4), all contributions from different committees were merged and synthesized, and a final statement was addressed to the Economic and Social Council (EcoSoc). Still wondering if the purpose of such meetings is to have real-life consequences or to share a UN-like moment. Probably the latter: it was a first-time experiment, and it worked, what's better than such human adventures?

jeudi 23 février 2012

Faut-il acheter les maillots du PSG ?

Cette année, le Paris-Saint-Germain Football Club (PSG), c'est du solide. Grâce aux pétrodollars d'investisseurs qataris, le club a recruté de très bons joueurs, et est actuellement en tête du championnat de France. Dans ce contexte, acheter un maillot pour porter ses couleurs et soutenir l'équipe semble la meilleure chose à faire.

En même temps, les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que cette entrée n'est pas placée dans la catégorie sport, ni philosophie, mais animation. Mais pourquoi ?

Qui fabrique les maillots du PSG ? L'entreprise Nike. C'est une entreprise américaine dont le siège est en Oregon, mais dont la plupart des usines sont en Asie. Or, ces usines sont souvent apparentées à des sweatshops. Ce ne sont pas des accusations gratuites, la tendance a été documentée, et pour sa défense Nike affirme ne pas pouvoir contrôler les conditions de travail de tous ses sous-traitants.

Maillot Nike du PSG

Alors bien sûr, Nike fait des pubs sympas, où le monde est un jeu de tag et le sport est une drogue, mais la réalité reste là : ceux qui fabriquent les produits sont des esclaves, dont des enfants.

Cela ramène à la citation d'Alain évoquée il y a quelques mois.

Quand on fait de l'animation, même si on ne signe pas de charte déontologique ou autre, la pensée que les enfants ont droit à une jeunesse heureuse porte à s'interroger sur l'éthique d'acheter des produits Nike, y compris les maillots du PSG.

vendredi 3 février 2012

Trop de sécurité

Avec l'avènement de l'enfant-roi, les blessures de jeunes lors d'activités ludiques ou sportives, même les plus minimes, sont à proscrire. En effet, le moindre incident donne lieu à toute une procédure ayant pour but des réparations pour le préjudice incommensurable causé. Le remède ? La sécurité absolue, le risque zéro.

Or, trop de sécurité tue les effets recherchés, et ceci éventuellement à très long terme.

Il est envisageable que ne nous ne soyons pas nés avec l'objectif de vivre dans des fauteuils.

Ainsi, aux États-Unis, les aires de jeux pour enfants sont tellement sécurisées et aseptisées qu'elles en deviennent ennuyeuses, ce qui peut être préjudiciable à la santé des enfants.

Voilà peut-être pourquoi Gever Tulley vient parler des 5 choses dangereuses que nous devrions laisser nos enfants faire, et que le meilleur livre sur le sujet reste The Dangerous Book for Boys.

jeudi 2 février 2012

Bo

Résumé des épisodes précédents : alors que les Hébreux sont prisonniers des Égyptiens, Moïse demande à Pharaon de laisser partir son peuple, mais celui-ci refuse. Alors l'Éternel (Dieu) abat sur l'Égypte dix plaies, sous la forme de calamités plus ou moins surnaturelles. Dans Bo, on assiste aux trois dernières plaies : les sauterelles, les ténèbres, et la mort des premiers-nés égyptiens. Pharaon se résout alors à accepter que les Hébreux quittent l'Égypte, ce qu'ils ne manquent pas de faire.

Une question naturellement soulevée par cette histoire est : pourquoi Dieu a-t-il tué les premiers-nés égyptiens ? Certes, ce n'est pas la première fois que Dieu tue des êtres humains. Déjà avec Son Déluge, Dieu avait éradiqué toute la population à l'exception de Noé et sa famille[1], mais bon, c'est un peu normal, les gens à l'époque étaient iniques. Et puis, il y a eu la destruction de Sodome et Gomorrhe, mais là aussi, même sans avoir vu le film de Pasolini, il est notoire que leurs habitants menaient des vies de débauche, ce qui est Mal. Mais là, les premiers-nés égyptiens, cela inclut des enfants et des bébés, qui ne sont en rien responsables de ce qui arrive aux Hébreux. Comment justifier la mort de ces innocents ?

La réponse la plus immédiate à cette interrogation est que tout ce que fait Dieu est bien, même si on ne comprend pas, et il n'y a rien à justifier. C'est l'explication dite «les voies du Seigneur sont impénétrables». Cela dit, on peut voir les choses autrement, et dès lors, distinguer au moins trois raisons possibles à cet acte.

Il est facile de considérer que seul Pharaon est responsable de la situation des Hébreux, et que le peuple égyptien n'y est pour rien. Mais c'est bien la population tout entière[2] qui tenait les Hébreux en esclavage et leur imposait de lourdes tâches (Ex 1:13). Chaque famille égyptienne, chaque individu y prenait part. La soumission à l'autorité ne peut servir d'argument pour justifier ces comportements, qui seront d'ailleurs souvent reproduits au cours de la seconde guerre mondiale.

La complicité active du peuple égyptien était la clef de voûte de l'esclavage des Hébreux. La mort des premiers-nés, représentants des foyers égyptiens, vient ainsi mettre en exergue la responsabilité individuelle de chacun.

Une deuxième explication peut être distinguée en appliquant ce qu'on appelle la «règle des cinq pourquoi». L'idée est très simple : quand vous faites quelque chose dans la vie, demandez-vous cinq fois de suite «pourquoi», et si à la fin vous n'avez pas une bonne raison alors peut-être vaut-il mieux passer à quelque chose d'autre. Ici, on a la dixième plaie, avec la mort des premiers-nés (Ex 12:29). Pourquoi ? Parce que Pharaon refuse de laisser partir les Hébreux (Ex 11:10). Pourquoi ? Parce Dieu lui-même a endurci le coeur de Pharaon (Ex 11:10). Pourquoi ? Là, il faut remonter un peu plus loin, à ''Exode' ; il apparaît que la mort des premiers-nés égyptiens avait été annoncée bien avant la première plaie (Ex 4:23). Les neuf premières plaies, assorties de l'endurcissement progressif du coeur de Pharaon, constituent autant d'étapes menant à l'ultime châtiment, la mort des premiers-nés, qui avait été en fait planifiée dès le départ. Et pourquoi ? Parce que Dieu considère le peuple hébreu comme son premier-né, et qu'en le vouant à l'esclavage, Pharaon le tue[3] (Ex 4:22-23). Dès lors, c'est oeil pour oeil, dent pour dent : Dieu tuera les premiers-nés égyptiens, qui représentent au même titre le premier-né de Pharaon.

La loi de l'attraction est une croyance selon laquelle l'univers se comporte avec toi comme tu te comportes avec lui. Évidemment très populaire chez les partisans des grandes théories holistes[4], la loi de l'attraction n'est qu'une résurgence d'un principe bien connu de la pensée juive : «mesure pour mesure» («מידה כנגד מידה»), dont la mort des premiers-nés égyptiens peut constituer une illustration.

Enfin, une troisième explication est apportée par Ari Kahn. Elle nécessite une vision plus globale de la situation. En Égypte, la société était basée sur la primogéniture, c'est-à-dire que les premiers-nés héritaient de l'intégralité du patrimoine de leurs parents. La transmission du pouvoir se déroulait selon le même principe : Pharaon était lui-même un premier-né, fils d'un premier-né, etc.[5]. Dès lors, les autres n'avaient rien ; voilà pourquoi il était important que les Égyptiens aient des esclaves, afin de donner aux classes inférieures une caste à dominer. Laisser partir les Hébreux, base de la pyramide du pouvoir, et c'était toute la société qui s'effondrait.

Dans le judaïsme, la naissance ne détermine pas la position. Il y a une notion de droit d'aînesse, mais comme l'illustrent les aventures d'Ésaü et Jacob, les actes de Jacob et sa dévotion envers Dieu l'ont mené à être reconnu comme le véritable aîné. En fait, tout le livre de la Genèse peut être vu comme un réquisitoire contre un éventuel statut privilégié des premiers-nés. Comme le remarque le Midrash Rabba, ni Abraham, ni Isaac, ni Jacob n'étaient des premiers-nés ; ce sont ses actions, et non son statut, qui font un homme.

La dixième plaie était donc une attaque foudroyante contre toute la structure hiérarchique de la civilisation égyptienne, fondée sur le privilège de la naissance. Cette opération à la fois massive et chirurgicale ne pouvait donc qu'aboutir à la délivrance des Hébreux.

En résumé, les trois explications éventuelles avancées sont : la complicité active du peuple, l'application du principe de mesure pour mesure, et l'attaque idéologique contre le privilège de la naissance.

La sortie d'Égypte est commémorée chaque année à l'occasion de la fête de Pâques. C'est bien sûr une immense joie. Mais personne ne se réjouit des souffrances et de la mort des Égyptiens. En effet, à l'une des quatre coupes de vin, symbole de joie, qui sont traditionnellement bues lors de la cérémonie du séder, sont retirées dix gouttes représentant les dix plaies. La violence des dix plaies vient en quelque sorte atténuer la joie de la libération. Or pour l'époque messianique à venir, la joie, infinie, ne sera pas diluée. Cela signifie peut-être que le troisième temple ne peut pas être bâti sur la violence, et qu'Israël aura à passer par une période de paix avant la délivrance finale.

Notes

[1] Richard Dawkins parle de Dieu génocidaire dans The God Delusion.

[2] Ceux qui auraient écrit «la population toute entière» sont invités au jeu des 7 erreurs.

[3] Il est facile d'objecter que répondre à la mort spirituelle d'un peuple via l'esclavage par la mort bien matérielle des premiers-nés égyptiens paraît injuste. Mais Pharaon faisait aussi tuer les mâles hébreux à la naissance (Ex 1:8).

[4] Parmi les partisans des grandes théories holistes, on compte bien sûr nos amis New Age adeptes des quatre accords toltèques et de la loi des 10%.

[5] On peut se demander pourquoi Pharaon, lui-même premier-né, n'est pas mort la nuit de la dixième plaie. La question est laissée en exercice.

mercredi 18 janvier 2012

SOPA drôle

Du 18 au 25 janvier 2012, le Radjaïdjah Blog est en mode censure pour attirer l'attention sur le Stop Online Piracy Act (SOPA) et le Protect IP Act (PIPA).

jeudi 12 janvier 2012

Les quatre accords toltèques

Après le voyage hindou, une question se pose : qu'en est-il du côté des toltèques ?

Les quatre accords toltèques est un livre de Miguel Ángel Ruiz, très apprécié chez les adeptes du New Age (ceux-là mêmes qui affirment que nous n'utilisons que 10% de notre cerveau).

Le livre est une sorte de manifeste présentant l'essence de l'éthique toltèque, qui peut se résumer en quatre règles, ou "accords"[1] :

  1. Sois impeccable dans ta parole - Parle avec intégrité, ne dis que ce que tu penses vraiment. N'utilise pas la parole contre toi-même, ni pour médire d'autrui.
  2. Ne prends rien personnellement - Tu n'es pas la cause des actes d'autrui, ce que les autres disent et font n'est qu'une projection de leur propre réalité, de leur rêve.
  3. Ne présuppose pas - Aie le courage de poser des questions et d'exprimer tes vrais désirs. Communique clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.
  4. Fais toujours de ton mieux - Quelles que soient les circonstances, fais simplement de ton mieux et tu éviteras les regrets.

Notes

[1] En opposition avec la simplicité des accords toltèques, le judaïsme comporte 613 commandements, dont certains sont très compliqués.

mercredi 26 octobre 2011

Pour le meilleur et pour le pire

L'amour ? Mais non, l'éducation.

Vous êtes prof au collège. À la fin de la classe vous avez deux possibilités :

  1. aider le meilleur élève de la classe ; il est incroyablement prometteur, et avec votre aide personnalisée il peut progresser à une vitesse inégalée. Il manque d'encadrement, mais il est certain qu'il s'agit de quelqu'un qui sans aucun doute saura apporter le jour venu, grâce à votre support immédiat, une contribution extraordinaire à la société.
  2. aider le pire élève de la classe ; il vit dans des conditions difficiles, n'a aucun intérêt pour ce qui se passe pendant les cours, et sans aide extérieure va très certainement couler. Vous n'avez aucune garantie que votre soutien sera d'une quelconque utilité.

Que faire ?

Autre scénario. Vous êtes "moniteur" de colonies de vacances. Vous avez le choix de partir avec deux organismes :

  1. un organisme de luxe, qui met à votre disposition une logistique qui a fait ses preuves, de nombreux outils pédagogiques, du matériel au top, et un budget conséquent. Vraiment, des conditions idéales pour encadrer un séjour. Le public, essentiellement des filles et fils d'ingénieurs, avocats, médecins, banquiers, profs, et PDG.
  2. un organisme très modeste, qui s'adresse à des jeunes évoluant dans des conditions difficiles (enfants en difficulté sociale, pupilles de la nation...). Les moyens alloués pour le séjour sont très limités, et le séjour ne s'annonce pas de tout repos. Par-dessus le marché vous ne serez quasiment pas payé.

Que faire ?

lundi 19 septembre 2011

Pétanque, Chariots, et Mandarins

Les scientifiques aiment bien faire des expériences, non seulement parce qu'elles leur permettent de tester leurs théories, mais aussi parce que c'est souvent très amusant. Alors que certaines démonstrations ou certains tests font appel à des appareillages extrêmement sophistiqués, il existe une catégorie d'expériences ne nécessitant aucun matériel : les expériences de pensée, ou Gedankenexperimente pour les intimes.

Un exemple d'expérience de pensée (qu'on qualifierait d'heuristique dans la classification de Popper) qui marche bien avec des élèves est la suivante. Le contexte est la question : on lance un objet de 1 kilo et un objet de 2 kilos du haut de la Tour Eiffel, lequel va arriver en premier au sol ? Pour illustrer que ce n'est pas nécessairement celui de 2 kilos (ce que répondent souvent les élèves), on imagine la situation illustrée ci-dessous : 3 boules de pétanque identiques pesant un kilo sont jetées de la tour Eiffel, elles arrivent en même temps au sol. Alors on rapproche progressivement les deux dernières jusqu'à ce qu'elles forment pour ainsi dire un unique objet de deux kilos. Et donc il est assez direct d'imaginer que les deux objets (1kg et 2kg) atterrissent en même temps, contrairement à l'intuition initiale. En mécanique quantique il existe de célèbres Gedankenexperimente comme le chat de Schrödinger ou le paradoxe EPR.

Boules de pétanques

Les philosophes ont aussi leurs expériences de pensée (d'aucuns diront qu'ils n'ont que ça, mais nous allons laisser ce genre de calomnies à leurs détracteurs), et certaines interrogations issues de la philosophie de l'éthique s'avèrent précieuses lors des soirées de l'ambassadeur.

Ainsi le problème du chariot, introduit par les philosophes Philippa Foot et Judith Jarvis Thomson, est le suivant.

  • Un chariot lancé à pleine course va écraser cinq personnes ligotées sur les rails par un fou. Mais vous pouvez les sauver en aiguillant le chariot sur une autre voie grâce à un interrupteur. Mais il y a une personne ligotée sur l'autre voie. Allez-vous basculer l'interrupteur ?

Selon la philosophie utilitariste (chercher le bonheur du plus grand nombre), il est permis, et même moral, de basculer l'interrupteur. Mais pour ses opposants, ici le fait d'agir nous implique dans la situation et nous rend responsable de la mort de la personne, tandis que l'inaction nous exonère et laisse le fou comme seul responsable. De plus, la vie d'une personne étant incommensurable, la comparaison entre une et cinq potentiels morts n'est pas viable.

Le problème suivant, dit "de l'obèse", s'adresse surtout à celles et ceux qui choisissent de basculer l'interrupteur :

  • Un chariot lancé à pleine course va écraser cinq personnes ligotées sur les rails par un fou. Vous assistez à la scène du haut d'un pont, impuissant. Mais une personne obèse est également présente sur le pont, et vous vous rendez compte qu'il serait facile de pousser la personne obèse du haut du pont afin qu'elle tombe sur la voie, bloquant le chariot dans sa course, sauvant les cinq personnes. Allez-vous pousser la personne obèse ?

La majorité des gens choisit de basculer l'interrupteur et de ne pas pousser l'obèse, ce qui est paradoxal pour les philosophes : pourquoi serait-il moralement acceptable de sauver cinq personnes en en tuant une dans le cas du chariot mais pas dans le cas de l'obèse ?

Il existe une version interactive de ces expériences sur le site fort justement intitulé Philosophy Experiments (réponses personnelles : NNNN YNYY). Il y a d'autres expériences intéressantes sur le site, notamment une conversation avec Dieu, un débat sur l'avortement, et des scénarios de situations critiques.

Les plus courageux pourront aussi lire cette parodie.

Une version bien plus simple du problème du chariot est celle-ci :

  • Un chariot lancé à pleine course va écraser une personne ligotée sur les rails par un fou. Mais vous pouvez la sauver en aiguillant le chariot sur une autre voie grâce à un interrupteur. L'autre voie est libre. Allez-vous basculer l'interrupteur ?

En France, la non-assistance à personne en danger est punie par la loi selon l'article art. 223-6 du code pénal :

Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Sera puni des mêmes peines quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.

Aux États-Unis un tel délit n'existe pas, la notion de fraternité imposée étant moins présente dans les lois.

Finalement on quitte les chariots pour la Chine, où se déroule une parti de ce scénario, attribué à Jean-Jacques Rousseau.

  • Un obscur mandarin habite Pékin. Vous disposez d'un petit bouton qui vous permet de le tuer à distance sans que personne ne puisse jamais rien savoir. S'il meurt, vous héritez de son immense fortune, en toute impunité. Allez-vous appuyer sur le bouton ?

En accompagnement, cet aphorisme, sur lequel on aura l'occasion de revenir.

Chacun, à toute minute, tue le mandarin ; et la société est une merveilleuse machine qui permet aux bonnes gens d'être cruels sans le savoir.

Alain, Propos sur le bonheur (1910)