Radjaïdjah Blog

vendredi 20 mars 2020

Vivons un peu en attendant la mort

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Alors que le coronavirus se répand dans le monde et Covid-19 la maladie associée avec, quelques ressources pédagogiques :

Éducation / Moocs

Pédagogie pour enfants

Ressources pour les 6-10 ans

Jeux d'intérieur

Logiciels de vidéoconférence

Réseaux d'entraide

Note : les liens sont sporadiquement mis à jour.

mercredi 6 septembre 2017

Le procès des Fleurs du Mal

Le 20 août 1857, moins de deux mois après leur parution, le recueil de poèmes Les Fleurs du Mal est poursuivi pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Le procureur impérial, Ernest Pinard, obtiendra face à l'avocat de Baudelaire, Gustave Gaspard Chaix d'Est-Ange, la condamnation du poète à respectivement 300 et 100 francs d'amende par la sixième Chambre correctionnelle du Tribunal de la Seine

Suite à la loi du 25 septembre 1946, le procès fut révisé en 1949, et la Chambre criminelle de la Cour de Cassation affirmera : « les poèmes faisant l’objet de la prévention ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive, les libertés permises à l’artiste ; que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits à l’époque de la première publication des Fleurs du Mal et apparaître aux premiers juges comme offensant les bonnes mœurs, une telle appréciation ne s’attachant qu’à l’interprétation réaliste de ces poèmes et négligeant leur sens symbolique, s’est révélée de caractère arbitraire ; qu’elle n’a été ratifiée ni par l’opinion publique, ni par le jugement des lettrés ».

Et voici un remake du procès original, organisé par Lysias Paris I le 14 mars 2013, dans la première chambre de la cour d'Appel de Paris.


Historiquement, la plaidoirie de Gustave Gaspard Chaix d'Est-Ange est essentiellement basée sur le fait que Baudelaire peint le vice mais pour mieux le condamner : Est-ce que, sérieusement, ses intentions peuvent être douteuses ; est-ce que vous pouvez hésiter un instant sur le but qu’il a poursuivi et sur la fin qu’il s’est proposée ? Vous l’avez entendu lui-même il n’y a qu’un moment, dans les explications si loyales qu’il vous a données, et vous avez été frappés sans doute et émus de ces protestations d’un honnête homme.

Il a voulu tout peindre, vous a dit le ministère public ; il a voulu tout mettre à nu ; il a fouillé la nature humaine dans ses replis les plus intimes, avec des tons vigoureux et saisissants, il l’a exagérée dans ses côtés hideux, en les grossissant outre mesure… Prenez garde en parlant ainsi, dirai-je à M. le Substitut ; êtes-vous sûr vous-même, de ne pas exagérer quelque peu le style et la manière de Baudelaire, de ne pas forcer la note et de ne pas pousser au noir ? Mais enfin soit ; c’est là sa méthode et c’est là son procédé ; où est la faute, je vous prie, au point de vue même de l’accusation, où est la faute et surtout où peut être le délit, si c’est pour le flétrir qu’il exagère le mal, s’il peint le vice avec des tons vigoureux et saisissants, parce qu’il veut vous en inspirer une haine plus profonde et si le pinceau du poète vous fait de tout ce qui est odieux une peinture horrible, précisément pour vous en donner l’horreur… ?

Cet argument moraliste consistant à présenter l'intention de l'artiste de peindre le vice pour mieux le condamner sera réitéré ultérieurement à de nombreuses reprises, entre autres pour défendre le Marquis de Sade, et même bien plus récemment dans les années 2000 concernant le film Requiem for a Dream de Darren Aronovsky.

vendredi 23 juin 2017

Le Big Bang revisité

Faire sourire au sujet du Big Bang, ce n'est pas réservé qu'aux rabbins. Albert Meslay s'y est aussi attelé, rejoignant ainsi la liste des humoristes francophones recommandés par le Radjaïdjah Blog (1re liste, 2e liste).


Albert Meslay s'inscrit dans la continuité de Raymond Devos. Il a écrit et interprêté des séquences sur différents thèmes : le réchauffement climatique, la mort, la Suisse, le tourisme sexuel, l'alcool, et autres.

Vivement recommandé.

mercredi 21 septembre 2016

Enigmatron

Il y a beaucoup de sites dont le but est de réaliser un parcours en résolvant des énigmes ou défis. Ouverture Facile en est un exemple pionnier, avec des énigmes en flash. De même Notpron, en anglais, est connu pour sa difficulté, avec seulement 0,0001% des joueurs qui ont fini les 140 niveaux.

Enigmatron est un autre site de ce genre made in Switzerland, où la plupart des énigmes sont de nature ludique et/ou scientifique (maths, logique, informatique, cryptographie...) et où une certaine capacité à faire des recherches pertinentes sur internet est requise.

Enigmatron

Parfois il est utile d'essayer de se mettre à la place du créateur des énigmes pour comprendre le raisonnement sous-jacent à un problème.

Si vous êtes perdus face à une énigme, il y a un système d'indices pour vous aider, un forum, et il est même possible de demander de l'aide en commentaire sur cet article.

mercredi 18 mai 2016

Au-delà des devises nationales

Une très bonne présentation en 18 minutes de Bitcoin par Andreas Antonopoulos, lors de la conférence Fintech 2016 à Zurich.

Résumé en une minute :

  1. Bitcoin permet d'avoir une banque suisse dans la poche, une solution pour les milliards d'individus sans compte bancaire.
  2. Le pseudonymat de ce "cash numérique" offre des garanties de confidentialité qui devraient être le standard.
  3. Bitcoin, ce n'est pas le futur, c'est déjà le présent.


Bonus

lundi 4 avril 2016

Stairway to tax heaven

Conséquence de l'incapacité à protéger ses données incluant des informations personnelles de ses clients, un cabinet d'avocats panaméen spécialisé dans la confection de sociétés-écrans va devoir subir les conséquences de la divulgation de plus de trente ans de communication interne, les Panama Papers. Ces révélations publiques font suite aux Offshore Leaks, aux Swiss Leaks et aux Luxembourg Leaks, autant penser qu'il n'est pas impossible qu'une certaine paranoïa se développe dans l'industrie de la discrétion.

C'est donc tout naturellement que le Consortium indépendant des journalistes d'investigation (ICIJ) propose un jeu dont le but est de dissimuler de l'argent dans un paradis fiscal, Stairway to tax heaven (également disponible en français sur le site du Monde).

lundi 21 mars 2016

Insomni'Hack

Le week-end précédent avait lieu Insomni'hack 2016, avec ses conférences, ses ateliers, et son concours nocturne, avec pour partenaire, entre autres, la revue MISC.

Insomnihack 2016

Les défis du concours couvraient diverses thématiques : analyse de binaires, failles web, escalade de privilèges, etc. L'objectif pour chaque défi était de trouver un flag.

Un des défis les plus intéressants fut Smart Cat 3, un simple formulaire de ping en ligne où il était possible d'injecter du code en shell, mais avec des filtres de caractères côté serveur.

Bravo à l'équipe gagnante, Dragon Sector, de Pologne.

mardi 9 février 2016

Lift 2016

This week will take place the Lift16 conference in Geneva (see also last years' entries: Lift15, Lift 14).

Selected sessions:

Blockchain Technology Beyond Bitcoin - From art to science, law, politics and innovation, what unexpected and disruptive opportunities does the blockchain technology open? Since its open-source release in 2009, the blockchain has expanded from a public ledger recording money transactions for Bitcoin into an accountability system with features for performance, anonymity, storage and smart contracts. What lies beyond the distributed and trusted protocol that runs the most used decentralized cryptocurrency in the world? This session will explore the realm of possibility for the blockchain, beyond Bitcoin.

Enter the Anti-Disciplinary Space - Our world is complex. How are we to tackle problems that only get harder? Complex questions require the know-how from different fields, cultures and perspectives. We need to collaborate and experiment in-between and beyond set boundaries until new ideas emerge. Putting designers, artists, technologists, and researchers together in a ‘free space’ is a great start. Though, we need people who do not fit in any box - strange animals if you will - who are able to change the way we look at things. Who are these adventurers who challenge our concepts of creation and what can we learn from them?

Selected breakouts:

Deep Dive into the Blockchain - During this two-hour hype-free workshop, experts will take you through the pros and cons of the blockchain, and demystify how this technology actually works, before digging into how smart contracts will eventually be enforced in the physical world. Keeping the techno-jargon to a minimum, Clement Epie and Stephan Tual will take you through the advantages of Blockchain over existing technologies, what could potentially be replaced by blockchains, its future prospects and market impact as well as which industries could be disrupted first. Following up will be Christoph and Simon Jentzsch going into how exactly the Blockchain functions, how to write smart contracts, as well as give you an overview of the various tools available today to build on top of Blockchain technology. We will keep a pragmatic approach, covering for example how you could use the Blockchain to directly rent your apartment or office space, without third parties. Finally we'll have an extensive Q&A exploring the pros and cons of this new technology, where it makes sense to use blockchain, where it doesn't, and touch on questions of standardisation, regulations and what could bring blockchain to the mainstream.

Sustainable By Design: implementing new performance metrics for innovative projects and enterprises? - How to reorient corporate activity and innovation towards sustainability? Can we natively measure financial performance together with environmental performance? What new, accessible and common indicators, accounting methods and tools, and reporting mechanisms can we design to help in that process? This workshop, co-designed by the Transitions2 network and the MIT Climate CoLab, invites participants who believe that environmental and economic performance should now be measured simultaneously and given a similar importance - and are interested in discussing how this could be achieved in real life. Its concrete outcome could be the launch of one of the Climate CoLab's "contests", harnessing the collective intelligence of thousands of people from all around the world to create, analyze, and select detailed proposals to make innovation "sustainable by design".

The Creative Power of IMPROV-Theatre! - IMPROV-Theatre is a fun way to boost your creativity by making full use of your body, voice, mind, soul and your emotions. IMPROV enables you to reach new levels of Out-of–the-Box ideas AND experiences by one simple rule: radical acceptance! There is no “NO”! EVERYTHING is allowed and expandable!. This workshop gives IMPROV-Newbies a chance to learn a whole set of practical techniques and exercises which provide for exciting and creative trips into a world of instantaneous new stories, amazing plots and pure playful joy. And also experienced IMPROV players might learn a few new tricks. Enjoy a fresh unobstructed view on multiple realities. Fun guaranteed!

Bringing Narrative into Science Education with Virtual Reality - Dive deep into the field of Science Storytelling with Neal Hartman and several participants of the Storytelling Science VR Hackathon, recently organized by CineGlobe in partnership with Festival Tous Ecrans and supported by the Lift. Behind all good communication, and therefore education, lies good storytelling; this workshop will show how this rule applies to science as well, and give examples of great science storytelling projects. Hear from participants of the VR Hackathon how they approached the challenge of bringing narrative into education of a scientific nature, and then brainstorm your own science-education narratives in groups guided by the creators. The workshop will also discuss some of the ins and outs of making VR projects for immersive headsets like the Oculus Rift.

See you there!

mercredi 26 août 2015

5 humoristes francophones (II)

Après la première phase de 5 humoristes francophones (il y a deux ans et demi), voici la seconde, plus moderne :

  • Frédéric Recrosio (Gad Elmaleh style suisse), dont le poétique spectacle Rêver, grandir, et coincer des malheureuses comporte des phrases improbables comme Dans la phase d'humidification des éléments postaux, nous en général on commence, pour susciter la prestation équivalente et qui présente de nouvelles perspectives sur le cube de Rubik, tandis que le spectacle Aimer, mûrir, et trahir avec la coiffeuse pose d'autres questions existentielles.
  • Marie-Thérèse Porchet et les CFF Lausanne-Genève (à l'occasion de la nouvelle année 2012-2013).

vendredi 1 mai 2015

À quoi servent les maths ?

La légende raconte qu'à un congrès de physique un quidam interpella le mathématicien Henri Poincaré en ces termes :

"Mais enfin Monsieur Poincaré, vos mathématiques, là, à quoi servent-elles ?"

Question à laquelle le mathématicien avait répondu par :

"Et vous, Monsieur, à quoi servez-vous ?"

un peu dans l'esprit de ce commentaire.

Alors, de même qu'on peut se demander à quoi sert l'humour, on peut également poser la question : à quoi servent les mathématiques ?

Après tout, qui a après le lycée réutilisé dans sa vie un compas ?

Comme le note Neal Koblitz dans son essai sur la relation compliquée entre mathématiques et cryptographie, le grand Hardy n'écrivait-il pas en 1940[1] :

« À la fois Gauss et de moindres mathématiciens peuvent se réjouir qu'il y ait une science [la théorie des nombres] qui de toutes façons, et selon eux, devrait rester éloignée des activités humaines ordinaires, et rester noble et propre. »

La cryptographie est par la suite venue remettre en question l'inutilité présupposée de la théorie des nombres.

Lors de la dernière Saint-Patrick (17 mars) avait lieu en Suisse une conférence sur le thème de l'utilité des mathématiques. Vaughan Jones (médaille Fields 1990) a parlé de noeuds, tresses, groupes, et kitesurf. Stanislav Smirnov (médaille Fields 2010) a parlé d'ordre, d'irrégularité, de fractales, et de percolation. Martin Hairer (médaille Fields 2014) a parlé des cours de la bourse et de Tétris. Pour ceux qui ont raté ça, la conférence est disponible en ligne.

Pour finir, il est intéressant de mentionner le TEDx talk de Eduardo Sáenz de Cabezón : Math is forever.

En conclusion, les maths sont moins inutiles que ce que l'on pourrait croire, et lorsqu'elles sont inutiles, elles sont belles.

Note

[1] C'est une citation souvent tronquée, et Hardy voulait plutôt dire le contraire, il écrivait en effet : But here I must deal with a misconception. It is sometimes suggested that pure mathematicians glory in the uselessness of their work, and make it a boast that it has no practical applications. The imputation is usually based on an incautious saying attributed to Gauss, to the effect that, if mathematics is the queen of the sciences, then the theory of numbers is, because of its supreme uselessness, the queen of mathematics—I have never been able to find an exact quotation. I am sure that Gauss’s saying (if indeed it be his) has been rather crudely misinterpreted. If the theory of numbers could be employed for any practical and obviously honourable purpose, if it could be turned directly to the furtherance of human happiness or the relief of human suffering, as physiology and even chemistry can, then surely neither Gauss nor any other mathematician would have been so foolish as to decry or regret such applications. But science works for evil as well as for good (and particularly, of course, in time of war); and both Gauss and less mathematicians may be justified in rejoicing that there is one science at any rate, and that their own, whose very remoteness from ordinary human activities should keep it gentle and clean. Godfrey H. Hardy, A Mathematician Apology (1940), p. 33.

lundi 16 mars 2015

Semaine du cerveau 2015 - Le geste dans la tête

Organisée chaque année, la Semaine du cerveau a pour but desensibiliser l’opinion à la recherche sur le cerveau. Coordonnée par l’Alliance européenne pour le cerveau et la Dana Alliance for Brain Initiatives aux Etats-Unis, elle constitue aujourd’hui un événement d’envergure internationale.

Programme à Genève de la semaine du cerveau 2015 (liens : 2008, 2009, 2014) organisée par la Ligue Suisse pour le Cerveau (Schweizerische Hirnliga) du lundi 16 au vendredi 20 mars, sur le thème Le geste dans la tête :

Le rythme est présent partout dans notre corps grâce à des horloges biologiques internes. La cadence que bat les neurones impacte notre comportement et nos émotions.

Intervenants:
Didier Grandjean (Université de Genève)
Ulrich Schibler (Université de Genève)
Mehdi Tafti (Université de Lausanne)

Comment le cerveau contrôle-t-il le mouvement et comment celui-ci diffère-t-il entre les novices et les experts ? Dans quelle mesure la pratique mentale peut-elle améliorer la performance motrice ?

Intervenants:
Ursula Debarnot (Université de Genève)
Daniel Huber (Université de Genève)
Alexandre Pouget (Université de Genève)

La maladie de Parkinson, les tics, la main qui bouge toute seule ; toutes ces pathologies nous offrent un éclairage sur les mécanismes cérébraux du mouvement.

Intervenants:
Frédéric Assal (Hôpitaux Universitaires de Genève)
Luc Mallet (Hôpitaux Universitaires de Genève, Université Paris-Est Créteil)
Pierre Pollak (Hôpitaux Universitaires de Genève)

La compréhension des mécanismes de la conscience du mouvement a ouvert des nouvelles voies thérapeutiques, que ce soit du côté des douleurs fantômes ou de la transplantation des membres amputés.

Intervenant:
Angela Sirigu (Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, CNRS, Lyon)

Favorisant un lien entre mouvement et musique, la rythmique semble promouvoir le développement des capacités à se situer dans l'espace et prévenir le déclin de la mobilité chez les personnes âgées.

Intervenants:
Silvia Del Bianco (Institut Jacques-Dalcroze)
Didier Grandjean (Université de Genève)
Andrea Trombetti (Hôpitaux Universitaires de Genève)



Bonne semaine du cerveau à tous.

lundi 2 février 2015

Lift 2015

This week will take place the Lift15 conference in Geneva (see also last year's entry: Lift14).

Selected talks:

Frederic Jacobs - The internet is insecure. Our phones are insecure. Pretty much anything we use to communicate is, after all, insecure, to some degree. And every time engineers try to make things more secure, they get amazingly complex and hard to use rather soon. But there are exceptions, and some of the most important such exceptions of the last years are TextSecure, Signal and RedPhone, mobile apps for free secure phone calls and text messages - all developed by Frederic and the team around him. After a huge wave of media attention and the recommendation of his apps by Edward Snowden himself, Frederic is currently working on his next big thing.

Stefan Thomas - Stefan Thomas wants to live in a world where currency moves as frictionlessly as information. As CTO of Ripple Labs, backed by Andreessen Horowitz and Google Venture, Stefan Thomas is helping to build an Internet protocol that does just that. Prior to Ripple Labs, he developed vast experience in digital currencies, being both the founder of, WeUseCoins.com, the largest website for novice Bitcoin users,and the creator of BitcoinJS, a software package used by a wide range of Bitcoin businesses all over the world. Now, at Ripple Labs, his overarching motivation is to weave a global value web by making it easy for developers - from individual entrepreneurs to financial institutions - to build extremely efficient money transfer systems using the Ripple protocol, and, in the end, a world in which exchanging value is as frictionless, free and fast as exchanging information.

Selected workshops:

Mapping the Most Powerful Companies in the World with Open Data - Company information is often not available and when it is, it is buried under hard-to-use websites and PDFs. Fortunately, the work of the open data and transparency community has brought a tide of change. OpenCorporates is the world’s largest open database of companies. We have information on over 70 million companies in 80 jurisdictions worldwide. With a million data points added every week, we have a great opportunity to use this open data to map corporate networks. We have launched a tool, aptly named Octopus, to allow crowdsourcing of corporate networks. Already, OpenOil has mapped the incredibly complex network of BP and Global Witness, TED Prize winner have used it to investigate Anonymous Companies. The results are surprising.

Crowdfunding Science - Everybody loves new science and technology. But why can only scientists and engineers be part of the fun of discovering or inventing new stuff? Because science is difficult, dangerous and expensive. Or is it really? Could crowdfunding be a new way of supporting exceptional people who have an idea and need some money to test it? Science and innovation do not always require big investments. They require solutions and people who communicate them to society. Crowdfunding Science will give you the opportunity to explore and design a platform to support future citizen driven discoveries.

Designing Alternative Currency Systems: How, for What Purpose and How to set the Rules? - A short round table discussion with examples of global, local and crypto-backed alternative currency systems followed by the opportunity to design your own for-purpose currency. It is strongly recommended that you look into the history of money before you attend the session by watching at least the 7 minute video “The essence of money".

New techniques in science storytelling - Ever wonder how storytelling can be applied to “non-narrative” concepts, especially those of technical or scientific nature? Join us for a special Masterclass that reveals novel narrative techniques in science communication, from dark matter to climate change, and even the scientific concept of emergence.

See you there!

lundi 10 mars 2014

Semaine du cerveau 2014 - Peur amie, peur ennemie

Cette semaine a lieu la semaine du cerveau 2014, avec pour thème : la peur.

Au programme à Genève :

Lundi : Les dessous de la peur - Comment la peur se déclenche-t-elle et comment la mesure-t-on? Quels sont les circuits cérébraux qui la contrôlent et l'entretiennent?
Intervenants : Alexandre Dayer (Université de Genève), David Sander (Université de Genève), Patrik Vuilleumier (Université de Genève)

Mardi : Le stress sous la loupe (Table ronde) - Le stress nous accompagne tous à différents degrés et agit sur notre mémoire et notre état physique et mental.
Intervenants : Jean-Michel Aubry (Hôpitaux Universitaires de Genève), Ulrike Rimmele (Université de Genève)
Modérateur : Pierre-Yves Frei

Mercredi : La peur plaisir - Impulsivité et recherche de sensations fortes caractérisent souvent la période de l’adolescence. Quels sont les facteurs biologiques et environnementaux qui sous-tendent ces comportements?
Intervenants : Martin Debbané (UNIGE), Nader Perroud (HUG)

Jeudi : Les phobies : mieux les connaître, mieux les combattre - La simple phobie ou la phobie sociale peuvent constituer un véritable handicap de vie. Si les causes sont encore peu élucidées, la compréhension des mécanismes et les thérapies ont fait des progrès notables.
Intervenant : Antoine Pelissolo (Hôpital Henri-Mondor et Université Paris Est Créteil)

Vendredi : Les troubles anxieux: diagnostics et traitements (Table ronde) - Qu'est-ce qui caractérise les troubles anxieux et quels liens tissent-ils avec la dépression? Comment la psychothérapie et la pharmacologie s'unissent-elles pour une meilleure efficacité thérapeutique?
Intervenants : Guido Bondolfi (Hôpitaux Universitaires de Genève), Lucio Bizzini (Ass. Suisse de Psychothérapie Cognitive), Christian Bryois (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois)
Modérateur : Pierre-Yves Frei

Un programme qui fait peur.

lundi 3 février 2014

Lift 2014

This week will take place the Lift14 conference in Geneva.

Selected sessions:

The Futures of Work - They say: immigrants are taking our jobs! And the Chinese. And soon: the robots! But do we still want what we call work these days, with all the burnouts and heart attacks? What will change as our workforce gets both smaller and older? How is work going to look like in the years and decades to come, and where, how and why will we do it?

The Sharing Economy Backlash - Houses, cars, wifi or music: we share, rent and borrow it all: the new status symbol isn’t what you own - it’s what you’re smart enough not to own. During a financial crisis, cheap and easy access trumps burdensome ownership for sure. Patterns of collaborative consumption made simple and scalable by technology can now be spotted everywhere, and the companies that enable this fast, efficient allocation of resources previously underutilized are doing well indeed. Increasingly though, there’s a backlash: incumbents are awaking and regulators take a closer look while we all try to get used to new modes of ownership and control.

Algorithmic culture: new forms of expression - What does it mean when algorithms play an increasing role in cultural production? How does the discreet role of computer code change the way music, texts or videos are created? Does it lead to new cultural forms beyond video-games? Can Twitterbots be actually funny? This session will focus on how algorithms shape, frame and remediate culture.

Selected workshops:

Liquid Democracy as a Service (cf the entry Démocratie et populisme) - Liquid Democracy is increasingly emerging as an opportunity and alternative to the increasing problems facing our participative environments. Also known as delegative democracy, the advantages of such approaches lies in the ability to instrument through ICT dynamic management and delegation mechanisms instead of traditional static representative models. The goal of this workshop is to launch a challenge to be initiated within the Lift14 conference time and followed up afterwards on an "as a Service" model. Ultimately, the plan is to launch a new service : Liquid Democracy as a Service (LDaaS) for everyone.

Playing with Rules - Sink your teeth into social issue game design by just doing it. Playing with Rules is a hands-on workshop for beginners and more advanced levels. We'll provide you with a well-known boardgame and lots of materials to work with. You pick a concern, and in a group you iteratively modify the game's rules to address it. Any issue goes and all kinds of modifications are fine. With guidance from Hubbub's principals, you'll get a practical start in one of the most important activities in game design.

Privacy & Data Protection conversations : how might we reinstate trust in a global digital society? (cf the entry The dark side of intelligence)- Privacy and Data Protection aren’t pure theoretical or cold legal concepts found in books and laws; they have become evolving shared issues and values. These issues have become multi-stakeholder wicked problems that must be addressed also outside specialist groups and closed doors. This will impact how we live, work, consume, socialize, and ultimately shape our future democracies. In a post Snowden era where new regulations are discussed all over the world in a piecemeal way, we are facing a growing mistrust in intermediaries. This can be seen as an unprecedented breach of trust and has sparked legitimate questions about what to protect, how to protect, who overlooks, etc. We would like to invite you to take a moment to discuss with us what may be the key elements of the future of privacy and data protection.]__

The Power of Narrativium! How Memes, Stories, Movies, Theatre and Arts connect Minds (cf the entry Storytelling) - Nothing can connect and unite people more powerfully than the mutual and collective experience of a shared adventure. Like waking up on time for an early morning workshop! Our brains are hungrily looking for plots, creating narrative connections whenever possible and it is mutually shared stories that keep cultures and societies alive - thus determining our future. Rituals, storytelling and theatrical performances were among the first bond-forming rituals mankind has developed. So get a couple of kicks for you brain as TeeKay guides you from the origins of theatre at the prehistoric fireplace until our culture of sharing info in social networks and remodeling our world on all levels: culture, commerce and a globalized way of life.

See you there!

lundi 16 septembre 2013

Open Knowledge conference

The open knowledge conference 2013 (OKcon) holds from Monday to Wednesday in Geneva.

A lot of openness in the covered topics:

lundi 11 mars 2013

Semaine du cerveau 2009 - Les neurosciences de demain

Le centre interfacultaire de neuroscience de l'Université de Genève organise à partir d'aujourd'hui a lieu la semaine du cerveau 2013 sur le thème "Les neurones dans le plat", avec plusieurs conférences : Faute de goût, Sommes-nous tous nez égaux, De la gourmandis à l'addiction, Le cerveau au cœur de l'obésité, Inévitables apprentissages: empreintes olfactives du début de vie sous le haut patronage du secrétaire d’Etat à l'éducation et à la recherche et sous les auspices de la Société suisse de neurosciences et de la European Dana Alliance for the brain.

En 2008, le thème était Cerveau et réalités.

Il y a quatre ans, la semaine du cerveau 2009 avait pour thème Les neurosciences de demain. Résumé :

Semaine du cerveau 2009

Les défis des neurosciences sont à l'honneur de la douzième édition de la Semaine du cerveau. Organisée par le Centre de neurosciences de l'Université de Genève (UNIGE), cette édition permettra d'apporter un éclairage nouveau sur les enjeux des neurosciences et les défis auxquels elles font face. Du 16 au 21 mars prochain, tables rondes, conférences, ateliers et démonstrations seront autant d'occasions d'aborder des thèmes comme le décodage de la pensée, le dopage de nos performances cognitives ou les thérapies du futur. Cette année, la semaine du cerveau s'inscrit dans le cadre du 450e anniversaire de l'UNIGE. Pour célébrer cet événement, la semaine se terminera par une grande foire du cerveau durant laquelle de nombreuses démonstrations, ateliers et conférences seront proposés à un public de tous les âges.

L'accélération de la recherche en neurosciences au cours de cette dernière décennie a permis de mettre en évidence les mécanismes cérébraux qui sous-tendent la mémoire, la pensée, les émotions ou le comportement. Il existe maintenant diverses possibilités d’intervention sur le système nerveux, que ce soit avec des molécules chimiques ou des méthodes plus ou moins invasives telles que l’imagerie cérébrale, les implants ou les neuroprothèses. Les neurosciences modernes répondent à une exigence de progrès motivé par de réels besoins thérapeutiques, mais aussi par un désir de performance, de maîtrise de son corps ou de ses émotions et de celles d’autrui.

Sera-t-il bientôt possible de manipuler les cerveaux et les comportements par des drogues, par des implants cérébraux ou des greffes de cellules? Risque-t-on de modifier l’humain ou de promouvoir le «surhumain»? Comment ces avancées vont-elles modifier notre société? Cette nouvelle édition de la Semaine du cerveau traitera des recherches qui suscitent espoirs de guérison et aussi craintes de manipulation et de mise à mal du libre-arbitre.

L’ère du Surhomme : comment doper le cerveau ? - La médecine nous permet actuellement d'effacer les imperfections de notre corps. En sera-t-il bientôt de même pour notre cerveau? Qui n'a pas rêvé d'avoir une mémoire sans faille, d'augmenter sa capacité de concentration ou d'être moins sujet à la fatigue? La science nous permettra-t-elle de dépasser nos limites cognitives? Ces questions seront le point de départ de la table ronde du lundi 16 mars. Le prof. Dominique Müller nous expliquera les bénéfices et les inconvénients des nouvelles substances visant à renforcer les mécanismes de la mémoire, tandis que le prof. Medhi Tafti s'exprimera sur le développement de stimulants qui permettent de prolonger l'état de veille. L'efficacité et la pertinence des interventions psychologiques visant à améliorer nos capacités cognitives, ainsi que les différentes questions éthiques soulevées, seront discutées par le prof. Martial Van Der Linden.

Homo sapiens : être et ne pas être un singe - Des milliers et des milliers d'années d'évolution ont façonné notre corps et notre cerveau. Nous en avons gardé une très forte ressemblance physiologique avec les grands singes ; pourrait-il en être différemment de nos cerveaux? Que partageons-nous avec nos plus proches cousins et qu'est-ce qui nous en distingue? A l'occasion du bicentenaire de la naissance de Darwin, Alain Prochiantz, neurobiologiste et écrivain, s'interrogera, le mardi 17 mars, sur l'émergence de l'homo sapiens et sur la frontière qui le sépare du reste du monde vivant. Cette frontière anatomique, mais aussi culturelle, nous fournit de nombreux privilèges: le privilège de ne plus être entièrement soumis aux lois de la sélection naturelle grâce à la science et aux prouesses technologiques que notre cerveau a développées ; le privilège de comprendre qui l'on est et d'où l'on vient ; le privilège - mais est-ce vraiment un privilège? - d'être acteur de notre destinée, une destinée à la fois technique et tragique.

Lire dans les pensées[1] - Lire dans les pensées: un concept à la fois fascinant et effrayant. Cela pourrait pourtant bientôt faire partie du possible. L’intériorité mentale, considérée comme le dernier refuge de la liberté de pensée, inviolable même dans le pire des régimes totalitaires, est-elle en train de livrer sa dernière bataille? À l'occasion de la table ronde du mercredi 18, des chercheurs viendront discuter des perspectives et des limitations techniques et éthiques de cette voie. Le neurologue Patrik Vuilleumier expliquera comment les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale permettent d'associer les activités neuronales à diverses fonctions mentales et comment leur mesure pourrait jouer un rôle dans le décodage de la pensée. La télépathie quitte le monde du paranormal pour s'installer dans les laboratoires sous le nom d'interface cerveau-ordinateur. Des électrodes placées à la surface du crâne permettent en effet d'interagir avec des engins mécaniques ou des ordinateurs. Sara Gonzalez, physicienne au HUG, montrera comment cette recherche offre un véritable espoir aux personnes paralysées en leur permettant de contrôler leur chaise roulante par la pensée. Progrès thérapeutique et scientifique, le décodage de la pensée suscite l'interrogation de l'éthicien Alex Mauron, quant à son impact sur notre société. Une telle percée est-elle conciliable avec notre idéal de liberté et de protection de la vie privée?

Décider : entre raison et émotion - Les théories économiques ont longtemps supposé que l'homme était un décideur rationnel, les émotions étant perçues comme des événements irrationnels qui altèrent le jugement et obscurcissent le raisonnement. L'imagerie cérébrale permet aujourd'hui d'identifier le rôle des différentes parties du cerveau dans la prise de décision, montrant que les émotions en font partie intégrante. Les déficits d'émotion suite à un accident cérébral entraînent souvent chez le patient de la difficulté à prendre des décisions. Dans la conférence du jeudi 19, le neurobiologiste Alain Berthoz, professeur au Collège de France, expliquera comment les émotions interviennent dans les choix que nous faisons et évoquera les nouveaux champs d'application de ces études tels que la neuroéconomie.

Les nouvelles technologies thérapeutiques - La soirée de vendredi sera dédiée aux thérapies du futur. Les progrès des nouvelles technologies laissent entrevoir de nouveaux espoirs de guérison. Toutes les pathologies graves du cerveau, telles que la maladie d’Alzheimer ou l'accident vasculaire cérébral, impliquent la perte progressive ou brutale de neurones. Le neurobiologiste Jozsef Kiss s'exprimera sur les espoirs de la thérapie cellulaire, une thérapie qui permettra peut-être un jour le réapprovisionnement du cerveau en neurones au moyen de cellules souches. Redonner la vue aux aveugles n'est plus aujourd'hui du domaine du miracle. Le chirurgien et ophtalmologue Jöel Salzmann se penchera sur les nouvelles technologies redonnant espoir à certains aveugles. Enfin, le chirurgien Claudio Pollo interviendra au sujet de la stimulation cérébrale, méthode qui consiste à délivrer, au moyen d’une électrode, du courant électrique dans un endroit choisi du cerveau. Ce traitement chirurgical a pour objectif de rétablir, au niveau de circuits de neurones, un fonctionnement altéré par la maladie.

Notes

[1] Question à 81:27.

jeudi 7 mars 2013

5 films sur l'argent

En attendant une potentielle entrée sur les bitcoins (finalement : ici) et alors que Bill Gates a récemment discuté sur reddit, voici pour inaugurer la rubrique économie cinq films sur l'argent et la finance.

Le Sucre - Sur les conseils d'un courtier, un petit épargnant se lance dans la spéculation sur le sucre. Le tandem Depardieu-Carmet (Buffet Froid) voguera ainsi dans le petit monde haut en couleurs de la finance, où tout est manipulé, et où au final, « le libéralisme extravagant, ça se paie ».

Wall Street - Un jeune employé ambitieux incarné par Charlie Sheen (The West Wing) gravit les échelons d'une compagnie financière dirigée par son mentor Michael Douglas (Falling Down) dont la devise est greed is good.

Erreur de la banque en votre faveur - Un maître d'hôtel (Gérard Lanvin) se rend compte un beau jour par inadvertance qu'il est à même d'écouter les conversations privées de ses riches employeurs (dont le patron est le commissaire de Grégoire Moulin contre l'humanité). Ceux-ci, adeptes des délits d'initiés, lui fournissent sans le vouloir des tuyaux en or pour gagner à la bourse. Le film rappelle par certains côtés Le Gentleman d'Epsom.

Boiler Room - Un film sur les firmes pratiquant la stratégie de "pump & dump"[1] sur les marchés secondaires pour s'enrichir au détriments d'investisseurs naïfs.

American Psycho - Tiré du roman de Bret Easton Ellis mais bien plus édulcoré que ce dernier, l'histoire d'un trader qui perd progressivement contact avec la réalité. À rapprocher de la série Profit.

Ont failli intégrer la liste : Le Capital, The Pursuit of Happyness.

Notes

[1] Résumé du procédé en quatre mots : buy, lie, sell high.

mercredi 23 janvier 2013

Neutralité du net

Au cours de sa mini-guerre commerciale contre Google, l'opérateur de téléphonie Free a décidé de filtrer certaines publicités sur le réseau de ses abonnés[1], ce qui va à l'encontre du principe de neutralité du réseau internet. C'est donc le bon moment de rappeler la présentation de Benjamin Bayart sur le sujet lors de l'exposition "le libre en fête" 2011 organisée par Swisslinux (un réunion de geeks, comme makeopendata). Étaient également présents de jolis robots, comme Nao, dont était vanté le très bon WAF (Wife Acceptance Factor).

Nao

Résumé : Benjamin Bayart, expert en télécommunications, président de French Data Network et militant, s'est fait connaître dès 2007, notamment par ses prises de position contre le contrôle d'internet et la loi HADOPI. Sa conférence sur la neutralité[2] du net lui permettra d'insister sur les discriminations qui peuvent exister à diverses étapes de la transmission de l'information à travers Internet, et de proposer des solutions concrètes pour garantir cette neutralité.

Muni de diapositives avec des titres bizarres (du style « Factulés » ou « Les atteintes des chandelles »), Benjamin Bayart a rappelé qu'Internet n'était pas un réseau d'ordinateurs mais un réseau de réseaux, très simple[3], servant de support de diffusion. Coupé en deux, les deux parties survivraient, et en cela Internet est plus proche du corail que d'un humain. Il existe plus de 40 000 opérateurs qui gèrent les adresses en respectant les allocations de l'IANA. Et de même que quand on a inventé la vente par correspondance, on n'a pas changé le service postal, quand on a inventé le web, on n'a pas changé Internet. L'intelligence n'est pas dans le réseau, mais elle est périphérique, le réseau n'est qu'un ectoplasme qui transporte sans se poser de questions, de façon « neutre ».

Sur un plan plus social, Benjamin Bayart a mis en avant la « croissance de l'internaute », qui passe progressivement du statut d'acheteur, de kikoolol, de lecteur et de râleur à celui de commentateur, puis d'auteur, voire d'animateur au sein de réseaux d'auteurs. Internet forme donc des générations de citoyens qui développent leur esprit critique et apprennent à débattre de n'importe quel sujet (il y a peut-être une pointe d'exagération dans ces considérations). Mais en résumé, la communication change la société, et Internet change la communication, donc par transitivité Internet change la société. En suivant une approche un peu évolutionniste, de même qu'il y avait une société préhistorique avant l'écriture, il y a eu une société pré-réseau avant Internet. Et toucher la structure du réseau, c'est toucher la structure sociétale (on peut penser que les hommes préhistoriques n'avaient pas développé un intérêt avancé pour la liberté de la presse par exemple).

Qui a donc des raisons de s'en prendre à la neutralité du réseau ?

D'une part certains opérateurs, qui pour des raisons économiques ou commerciales ont recours à des méthodes de priorisation (« web à deux vitesses »), de filtrage, et d'altération des données[4].

D'autre part certains dirigeants politiques, tenants de l'ordre contre le désordre, contre leur propre peuple, par la censure et le contrôle. L'initiative OpenNet classe ainsi les différents types de censure dans les pays du monde selon leur amplitude, qu'on peut voir comme un indicateur de démocratie. Avec ses listes noires et ses lois sur le copyright la France se situe d'ailleurs dans la catégorie Internet sous surveillance.

Au final, Internet c'est un peu ce qu'on en fait. Il est évident qu'il y a des dérives, mais il est difficile de demander à un fabriquant d'acier que celui-ci serve à faire un couteau qui coupe le pain et pas un couteau pour tuer des gens. Les attaques contre la neutralité du net sont des attaques contre l'économie d'abondance qui y prévaut, mais heureusement, les mentalités évoluent.

Notes

[1] Cela signifie par ailleurs que les fournisseurs d'accès à Internet ont la possibilité technique de filtrer certaines données, ce qu'on pourrait appeler l'école chinoise.

[2] La neutralité est l'essence de la politique extérieure suisse, comme le montre la deuxième partie de cet extrait du Daily Show, consacré à l'interdiction de construire des Minarets.

[3] La complexité est parfois une question d'approche. Ainsi la NASA a mis des années à développer un stylo à bille qui puisse fonctionner en apesanteur pour les missions extra-terrestres, tandis que l'agence spatiale russe donnait à ses cosmonautes des crayons à papier.

[4] Pour s'adonner à l'altération de données sur son propre réseau, voir par exemple Newstweek ou le magnifique Upside-Down-Ternet.

jeudi 4 octobre 2012

L'échec de la panarchie

Ce mois-ci avait lieu à Genève une votation sur la transformation d'un quartier en zone piétonne.

En sa faveur, les cyclistes et piétons, en sa défaveur, le lobby des motards et des automobilistes.

Comme attendu par les analystes, ce vote aboutit à un échec : le centre-ville ne deviendrait pas piéton.

Victoire ou défaite, ce genre de décision urbaine démontre l'impossibilité géographique de l'avènement d'une panarchie.

mercredi 3 octobre 2012

5 webradios minimales

Pour l'ambiance ou la détente, cinq webradios minimales :

  • Uzik (Suisse, online)

lundi 9 juillet 2012

RMLL 2012

Cette semaine ont lieu à Genève les rencontres mondiales du logiciel libre (RMLL), avec plus de 250 conférences, ateliers et tables rondes.

À signaler par exemple :

et bien d'autres... cf le programme complet. Il est également possible de s'inscrire comme bénévole pour aider au bon déroulement des rencontres ou de montrer une présentation éclair de cinq minutes (lightning talk).

mercredi 16 mai 2012

Le côté obscur du chocolat

Une autre entrée classée par choix dans la rubrique animation, après celle sur les maillots du PSG. Aujourd'hui : faut-il manger du chocolat ?

Il y a quelques années, la découverte du fait que la production de cacao en Côte d'Ivoire (qui contribue à plus d'un tiers du le marché mondial) était en partie basée sur la mise en esclavage d'enfants a mené à un boycott de Nestlé. Nestlé, dont le siège social est situé à Vevey, dans le charmant canton de Vaud, Suisse, est derrière certaines marques comme Smarties, Cailler, KitKat, Mövenpick, Perrier, San Pellegrino, Vittel, L'Oréal, etc.

Un peu dans l'esprit du commerce équitable, des membres du congrès américain ont par la suite proposé de mettre au point un système de labels certifiant que telle plaque de chocolat a été produite sans faire travailler des enfants. Au coeur de la mondialisation, c'est le consommateur qui a le dernier mot.

Pour en savoir un peu plus, le film The dark side of chocolate (Le côté obscur du chocolat) documente les coulisses du cacao.

Cacao

Pour un aspect plus lumineux du chocolat, voir le site Chocolate Bar Book qui est vraiment chocolate bar.

jeudi 26 avril 2012

Education as a path to citizenship?

With their priviledged status, UN staff sometimes suffer from the stereotyped image of well-dressed penguins hanging around with a concerned face and doing nothing all day long like in Albert Cohen's novels. But sometimes, things are happening. This week-end, the Youth Perspectives pole of the GIMUN (Geneva International Model United Nations, kind of a UN "simulation") will hold a conference entitled Environmental issues in contemporary societies, composed of the following committees:

  1. Modern societies' weaknesses facing environmental catastrophes
  2. Degrowth: a solution to protect the environment?
  3. Protecting biodiversity: issues of urbanism
  4. Future of traditional knowledge: threats and solutions?

It's probably too late to apply, but don't hesitate to give a try if you're interested. It is the second edition of a Youth Perspectives conference; last year for the International Year of Youth the topic was Education in the 21st Century. The committees were at the time:

  1. Education - The Path to Citizenship
  2. Integration through Education
  3. Teachers and the Promotion of Gender Equality
  4. Universal Access to Higher Education

As one easily guesses from the blog, education is a stimulating topic, hence this brief essay and this laconic position paper were written to attend the conference in the first committee. As complements, a talk of Ken Robinson entitled Schools kill creativity, and a link to the Khan Academy.

The results? After some long exchanges on definitions and proposals, some insightful debates on the arcane differences between "informal" and "non-formal", and some subtle considerations regarding where to put commas, the "Education: a path to citizenship" committee produced the following document. Nevertheless it was an inspiring experience, an opportunity to play the devil's advocate and to observe that people who state that the next generation is moronic are just plain wrong.

In the end, after approval by vote (was harder for committee #4), all contributions from different committees were merged and synthesized, and a final statement was addressed to the Economic and Social Council (EcoSoc). Still wondering if the purpose of such meetings is to have real-life consequences or to share a UN-like moment. Probably the latter: it was a first-time experiment, and it worked, what's better than such human adventures?

mardi 6 mars 2012

Métrique politique

À l'aune de votations en Suisse et d'élections présidentielles en France, Internet vient aider les électeurs qui ne savent pas exactement qui propose quoi et voudraient en savoir plus.

En Suisse, smartvote construit une métrique politique et vous indique de quel parti vous êtes le plus proche sur la base de réponses à un questionnaire idéologique. Lors de la réunion makeopendata, quelqu'un avait ainsi présenté les politiciens qui semblent en marge de leur propre parti. Au delà de l'automatisation des votes, les lecteurs de ce blog sauront faire preuve d'esprit critique et se prévaloir contre les comportements trop mécaniques pouvant émaner des balbutiements de l'utilisation de ce type d'outil, tout en sachant apprécier ses avantages.

En France, voxe compare les programmes des candidats sur les thématiques de votre choix, de façon neutre.

Internet a également de permis de financer des campagnes électorales, comme ce fut le cas pour le président américain Barack Obama en 2008.

vendredi 27 janvier 2012

2% des statistiques sont fausses

Grâce aux statistiques, il est possible de se représenter un fait ordinaire comme une coïncidence extraordinaire, peut-être dans l'esprit du miracle des 5 couleurs.

Les statistiques, c'est bien connu, sont comme les bikinis : ce qu'elles révèlent est suggestif, ce qu'elles dissimulent est essentiel.

Exemple très simple (et très classique) : vous passez un test afin de déterminer si vous êtes touché-e par une maladie mortelle qui affecte une personne sur 10 000. Le test est fiable à 99%. Vous êtes positif-ve. Quelle est la probabilité que vous soyez atteint-e par la maladie (réponse dans le Ted Talk ci-dessous) ?

Le fait que les statistiques et probabilités soient parfois difficiles à comprendre et à interpréter a certains avantages (qui ne seront pas détaillés ici) mais peut également être néfaste.

Ainsi, le statisticien Peter Donnelly[1] expose lors d'un Ted Talk le cas d'un procès où non seulement l'expert appelé à témoigner présente des conclusions statistiques erronées en regard des faits, mais en plus un journaliste[2] vient empirer la situation. Et, comme chacun le sait même sans avoir vu Twelve Angry Men, les membre du jury sont potentiellement très influençables par les statistiques qui leur sont fournies.

Sur un autre registre, de nombreux politiciens[3] et leurs communiquants manipulent les chiffres afin de présenter des constats biaisés, avant de proposer leurs programmes. Les livres suivants éclairent un peu le sujet :

  • How to Lie with Statistics (Comment mentir avec des statistiques) de Darrell Huff
  • Fooled by Randomness (Le Hasard sauvage), de Nassim Nicholas Taleb
  • Freakonomics de Steven Levitt

Certaines de ces intoxications statistiques sont parfois plus ou moins bien relevées.

Sans transition aucune, l'Université de Genève organise durant onze mois une exposition ponctuée d'une série d'événements sur les probabilités. Les animateurs du site RTSdécouverte.ch se sont associés à la démarche en réalisant, en collaboration avec des scientifiques de l'Université, un cahier pédagogique pour inviter le public à se frotter aux mathématiques sans perdre le sourire. : les jeux sont faits.

Statistical thinking will one day be as necessary for efficient citizenship as the ability to read and write.

H. G. Wells

Addition (novembre 2012) : comment Fox News désinforme ses téléspectateurs (assez drôle).

Notes

[1] Il explique également pourquoi, lors d'une succession de tirages à pile ou face, les premières séquences pile-face-face et pile-face-pile n'apparaissent pas en même temps en moyenne.

[2] Non, rien.

[3] Peut-être que ce passage justifierait que l'entrée soit dans la catégorie Politique et pas Science.

vendredi 11 novembre 2011

La lumière bleue

Quel est le point commun entre : l'éclairage bleu d'une boîte de nuit, les fenêtres hautes d'une salle, une large avenue à Paris, et un banc public avec accoudoir central ?

Facile : ces designs nous améliorent la vie. Avec un éclairage bleu nous avons l'air plus beaux, les fenêtres hautes optimisent l'ensoleillement d'une salle, dans une avenue large nous pouvons circuler plus fluidement, et un accoudoir central sur un banc permet à davantage de personnes de s'accouder, ce qui est bien plus confortable. C'est bien ça ?

Pas du tout.

Dans les toilettes publiques suisses, comme dans de nombreuses discothèques et bars, et sous certains ponts, la lumière est bleue. Il n'y a pas de but esthétique, l'objectif de l'éclairage bleuté est d'empêcher les toxicomanes de distinguer leurs veines lorsqu'ils essayent de se piquer. Similairement, un éclairage rose est aussi utilisé dans certains endroits pour dissuader les adolescents d'y venir car... la lumière rose met en valeur l'acné[1].

À l'école, les élèves ont tendance à être distraits par les événements extérieurs, et regardent souvent par la fenêtre d'un air rêveur. Qu'à cela ne tienne, disent les architectes, il suffit de placer les fenêtre plus en hauteur, et le problème est résolu.

Georges-Eugène Haussmann fit construire de grands axes à Paris, afin, entres autres, d'empêcher d'éventuels révolutionnaires d'ériger des barricades et de bloquer la ville, ce qui est bien plus simple dans des rues étroites. Il y a donc une idée sous-jacente de contrôle des foules.

Quant à l'accoudoir central des bancs publics, il servent à éviter que des gens s'allongent dessus. Les municipalités font d'ailleurs preuve d'une imagination débordante pour empêcher les SDF de dormir sur les bancs.

Banc public Belson

Au final, le point commun est le suivant : le design vise à influer sur le comportement d'une certaine catégorie de la population. Il s'agit d'éléments d'architecture de contrôle.

Notes

[1] Pour éloigner les jeunes, d'autres dispositifs ont été imaginés, tel le mosquito, qui émet des hautes fréquences que les adultes n'entendent pas. Cela a même été implémenté en Suisse !

lundi 7 novembre 2011

Semaine du cerveau 2008 - Cerveau et réalités

Le centre interfacultaire de neuroscience de l'Université de Genève organisait du lundi 10 mars au dimanche 16 mars 2008 la semaine du cerveau 2008, sous l'égide de la Société suisse de neurosciences et de la European Dana Alliance for the brain.

Semaine du cerveau 2008

Le programme était :

Le réel c'est dans la tête ! [1] - Un historien de la philosophie rencontrera deux neurobiologistes. Autour de la table, Bernard Baertschi, Thierry Steimer et Mario Raggenbass échangeront leurs vues: le cerveau d’un mammifère en train de chasser ou d’allaiter s’inscrit-il dans un système ? Quelle est la part de la vision oculaire dans l’élaboration des images mentales ? Quels sont les mécanismes cérébraux garants de nos perceptions contre les illusions sensorielles ? Quelles que soient les réponses apportées, tous partent du constat que le réel trouve sa forme «dans la tête». (Résumé détaillé)

Réalité virtuelle et modification du comportement - Une psychologue, un psychiatre et un informaticien scruteront les métamorphoses de la réalité et leurs impacts sur le cerveau. Si le terme «réalité», en son sens le plus courant, désigne le monde concret, avec les nouvelles technologies informatiques, des réalités dites virtuelles influencent les modes de perception. Modélisations en trois dimensions, simulations, jeux en ligne sur Internet, ces univers qui agitent les écrans des ordinateurs font l’objet des nouvelles explorations du laboratoire de Daniel Thalmann (EPFL), des nouvelles méthodes d’apprentissage développées par l’équipe de Mireille Bétrancourt ou des nouveaux soins de la consultation dirigée par Djamel Benguettat. (Résumé détaillé)

Aux frontières de la conscience : hypnose, coma et faux-souvenirs [2] - Quand psychiatres et médecins neurologues abordent ce qui se produit dans le cerveau entre conscience et inconscience, de très anciens brouillards se déchirent et laissent entrevoir des perspectives de compréhension de phénomènes encore mystérieux. Stefano Colombo, Stephen Perrig et Armin Schnider parleront respectivement d’hypnose, de sommeil et de coma, ainsi que des «faux souvenirs». (Résumé détaillé)

Schizophrénie ou altération de la réalité - Partout, les attentes des neuroscientifiques sont nombreuses, eu égard à certaines pathologies psychiatriques, dont on pense qu’elles sont liées aux mécanismes perceptifs. Ainsi, Nicolas Franck (Université Claude Bernard Lyon-II) définira la schizophrénie comme la marque d’une altération de la réalité. (Résumé détaillé)

Rêver et veiller : les troubles du rêve - Isabelle Arnulf (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) remontera la piste de la détérioration des rêves. (Résumé détaillé)

Notes

[1] Question à 94:43.

[2] Question à 82:08.

mardi 18 octobre 2011

makeopendata

Il y a trois semaines avait lieu la réunion makeopendata suisse, faisant en particulier la promotion de la publication et de l'exploitation de données gouvernementales.

makeopendata 2011 camp

Avoir des données ouvertes n'est pas un but en soi, les exploiter pour les transformer en messages, voire en services, est bien plus intéressant. Des exemples de ce qu'on peut faire dans ce cadre sont présents sur le site visualizing ou sur l'opendata showroom.

L'Open Data Challenge présente également diverses initiatives d'open data. On note parmi les entrées du concours une idée d'European Union Dashboard incluant Open Spending, un service permettant de visualiser les dépenses gouvernementales.

Où trouve-t-on des données ouvertes ? Hé bien, voir ici par exemple. Les données géographiques sont souvent au format esri.

En France, il existe un service des données publiques à Paris. Les données publiques font partie du patrimoine immatériel de l'État. Au sein du gouvernement il existe une mission "chargée de l'ouverture des données publiques et du développement de la plateforme française Open Data" : Etalab, qui annonce la création d'une plateforme pour décembre 2011. En Suisse, pays nativement allergique aux systèmes trop centralisés, il existe des données ouvertes à différentes échelles régionales : données communales, données cantonales, données fédérales...

L'open data démontre que l'informatique peut venir au service d'une plus grande transparence des politiques publiques. Et c'est quelque chose d'inéluctable, car, si vous n'ouvrez pas vos données, quelqu'un d'autre le fera.

jeudi 6 octobre 2011

L'avenir des sciences de l'information

Cette semaine, une célèbre entreprise américaine (3 lettres) fêtait ses cent ans, et organisait à cette occasion une conférence sur l'avenir des sciences de l'information.

L'orateur, Marc Dupaquier, est revenu sur la victoire d'un ordinateur développé par l'entreprise, Watson, face à deux adversaires humains au jeu télévisé Jeopardy. On se souvient qu'en 1997 l'ordinateur Deep Blue avait vaincu le champion du monde d'échecs en titre Garry Kasparov 3½–2½. Le Jeopardy est autrement plus difficile à apprendre pour un ordinateur, car le jeu consiste à deviner les questions menant aux réponses qui sont affichées, et tout cela est basé sur le langage humain. D'après Marc Dupaquier, la chaîne diffusant le Jeopardy a modifié la logique des questions juste avant l'émission, ce qui a eu pour conséquence que Watson a au début de l'émission proposé des réponses complètement erronées, avant de s'adapter à cette nouvelle logique grâce à de subtils mécanismes autocorrecteurs intégrés. Marc Dupaquier n'a pas donné de détails (c'est un marketing guy) mais on peut penser aux mécanismes d'autoapprentissage associés aux réseaux neuronaux. Watson a été par la suite une ressource dans un domaine complètement différent, la recherche médicale : il aurait effectué des diagnostics corrects sur des cas spécifiques en quelques minutes, face à plusieurs semaines pour une équipe de professionnels.

Watson n'est pas connecté à Internet, il embarque son propre système de connaissances, comme Wolfram Alpha. Face à ces deux systèmes "propriétaires", il existe une autre approche d'informatisation et de traitement des connaissances via l'intelligence artificielle : le web sémantique, sur lequel on aura l'occasion de revenir (ici).

Sur le futur, Marc Dupaquier a évoqué diverses approches envisagées pour l'augmentation des capacités de calcul (vers l'exaflop) et la miniaturisation. Un des objectifs est de faire passer le volume de Watson de 10 grands racks à la taille d'une tablette en une dizaine d'année. Les buzzwords associés : passage à la conduction optique, tridimensionnalisation de l'architecture, parallélisation, utilisation de nanotubes de carbone, de graphène, de dérivés polymères, spécialisation des systèmes.

Avec l'évolution de ces technologies devrait apparaître, selon l'orateur, toute une gamme de nouveaux domaines et de nouveaux métiers. Entre autres, tout deviendra smart : les feux rouges, les systèmes de gestion d'eau, les villes, etc. Cela ne viendra pas sans interrogations éthiques et philosophiques. L'infoéthique, ou informatique éthique, devient une problématique de plus en plus importante au fur et à mesure que l'informatique s'immerge dans notre quotidien. Et face aux puissances de calculs surhumaines qui sont développées, se pose la question de la place de l'être humain.

Enfin, devant l'influence croissante des technologies sur notre vie, il serait bienvenu que les personnes qui orientent la société en comprennent bien les divers enjeux. Cela appelle donc à une place plus importante des scientifiques dans la sphère politique.

mercredi 28 septembre 2011

Débat sur les minarets en Suisse (2009)

Le 29 novembre 2009, les Suisses étaient appelés à voter sur une initiative populaire demandant l'interdiction de construire de nouveaux minarets. À cette occasion, quelques temps avant la votation fut organisé sur la télévision nationale un débat entre Oskar Freysinger, représentant valaisan de l'Union Démocratique du Centre (UDC), et Tariq Ramadan, professeur d'islamologie à Oxford.

"Faut-il interdire les minarets en Suisse ?", tel était le titre de l'émission.


À mon humble avis, Oskar Freysinger a beau parler fort et agiter les mains, il perd ce débat. En résumé, il évoque le fait que pour respecter l'État de droit, il n'est pas question d'aménager les lois civiles pour faire plaisir aux musulmans, ce qui serait le pied dans la porte vers des modifications de plus en plus radicales. Mais d'une part ça n'a rien à voir avec les minarets, d'autre part les exemples qu'il donne ne sont pas pertinents et Tariq Ramadan répète que le Coran stipule que les musulmans résidant dans un pays à majorité non musulmane doivent se soumettre aux lois locales, comme le montre l'échange partie 4 2:26-3:40 avec un autre membre de l'UDC.

À la lumière de ces déclarations, ce que Freysinger et consorts pourraient à la limite dénoncer est le complot diabolique suivant :
  1. Des musulmans commencent à s'installer en Europe. Ils respectent l'islam en étant soumis aux lois civiles du pays où ils résident, prioritaires sur les lois internes religieuses.
  2. Grâce à l'immigration et à la démographie (indice de fécondité supérieur), les musulmans deviennent la majorité de la population.
  3. Par le biais de la démocratie (tyrannie de la majorité), les musulmans changent les lois civiles du pays en celles de la charia.
  4. L'Europe est ainsi progressivement et démocratiquement islamisée, elle est "down by law".
Le fait que les musulmans doivent respecter les lois du pays où ils résident est la pierre angulaire de ce scénario, car elle rend possible l'acceptation initiale des musulmans par les autochtones. En effet, une catégorie de personne qui débarquerait et ne respecterait pas les lois civiles sous le prétexte d'une loi divine différente serait stigmatisée et plus ou moins chassée du pays. Cette conformité aux lois civiles est donc le cheval de Troie de l'invasion, et n'est qu'un passage obligé, mais temporaire, vers le nouvel ordre musulman européen.

À mon humble avis également, ce n'est pas un débat de très haute qualité, car les participants n'arrêtent pas de s'interrompre mutuellement, la modératrice n'arrête pas de changer de sujet, la régie n'arrête pas d'afficher des petites illustrations pendant que les intervenants parlent.

Au final, 57,5% des votants helvétiques ont approuvé l’interdiction de construire de nouveaux minarets, qui est donc rentrée en vigueur. C'est la démocratie.