Radjaïdjah Blog

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lundi 6 décembre 2021

5 philosophical short stories for xmas

Time for a humble present, here are five philosophical short stories.

Isaac Asimov's The Last Question describes the world as a computer, or does it.

Daniel Dennett's Where am I takes Putnam's brain in a vat thought experiment to the next level.

Ursulas Le Guin's The Ones Who Walk Away from Omelas is a tale of a city and its inhabitants.

Jorge Luis Borges' Tlön, Uqbar, Orbis Tertius is a literary labyrinth with broken paths.

Howard P. Lovecraft's Ex Oblivione is a mellow experience.

mercredi 11 avril 2018

The dark side of technology II

After the dark side of chocolate and the dark side of intelligence, here is the second part of The dark side of technology, aka Charlie Brooker's third season of the mini-series Black Mirror.

  • 3x01 - Nosedive - A funny trip to a high-class wedding, or a dive inside a world where your personal online score is a real-life access key. Themes: social media, peer pressure, virtual life, online scores.

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  • 3x02 ★ - Playtest - An American traveler short on cash signs up to test a new gaming system using a revolutionary implant. Themes: VR, entertainment, game, experiments, memory, fear.

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  • 3x03 ★ - Shut Up and Dance - Kenny's fun suddenly turns into a blackmail situation involving allying with a strange individual. Themes: privacy, blackmail.

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  • 3x04 - San Junipero - A transcendental connection between two girls. Themes: bonding, party, VR.

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  • 3x05 - Men Against Fire - Some soldiers, some mutants, a war. Themes: eugenics, perception, brain.

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  • 3x06 ★ - Hated in the Nations - In near-future London, police detective Karin Parke, and her tech-savvy sidekick Blue, investigate a string of mysterious deaths with a sinister link to social media. Themes: democracy, death, social media, drones.

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Best episodes are starred.

jeudi 29 juin 2017

5 nuances de complexité

Oui, c'est vrai, certains articles sur le blog sont assez incompréhensibles, allez, disons pour être charitable, peu clairs.

Peut-être le blog devrait-il avoir recours à une forme de pédagogie stratifiée, qui consiste à présenter le même sujet cinq fois à destination de cinq audiences différentes, à expertise croissante (en théorie).

  • enfant de 5 ans (ELI5 pour Reddit)
  • ado de 13 ans
  • étudiant
  • thésard
  • spécialiste

Illustrations (apportées par le magazine américain Wired) :

Un neuroscientifique explique le "Connectome" 5 fois consécutives

Un biologiste explique CRISPR 5 fois consécutives

Cela pourrait aider à clarifier et vulgariser certains articles, à envisager.

mercredi 26 avril 2017

Uncaptcha me

Celles et ceux qui ont déjà posté un commentaire sur le Radjaïdjah Blog ont remarqué qu'ils avaient dû résoudre un petit problème de maths afin de valider l'envoi de leur message.

Ceci afin d'éviter le spam des commentaires par des robots. En effet, le serveur du blog compare le résultat entré par l'utilisateur avec la solution du problème mathématique, et en cas de discordance envoie le commentaire dans un vortex du cyberespace (/dev/null pour les intimes).

En vérité cette protection élémentaire contre le spam est assez facile à contourner.

La plupart des sites voulant s'assurer que l'utilisateur est humain ont recours à des CAPTCHAs (Completely Automated Program to Tell Computers from Humans Apart).

Toute personne dotée de l'esprit d'un programmeur a un jour voulu passer un CAPTCHA de façon automatisée.

Un entraînement à cela est offert via CAPTCHA me if you can, un défi où il s'agit de se poser les bonnes questions (et trouver les bonnes réponses) afin de coder la validation automatique d'un CAPTCHA élémentaire, comme par exemple :

Uncaptcha Me

Plus généralement, root-me propose de nombreux défis ayant trait à la sécurité informatique, répartis dans diverses catégories :

  • App - Script
  • App - Système
  • Cracking
  • Cryptanalyse
  • Forensic
  • Programmation
  • Réaliste
  • Réseau
  • Stéganographie
  • Web - Client
  • Web - Serveur

Entre analyser des ELF, décoder le traffic réseau, identifier des antécédents de hashs, utiliser parcimonieusement la mémoire pour insérer des overflows, trouver rapidement un terme lointain d'une suite récurrente, retrouver une image XORée, et bien plus encore, le site root-me, une plateforme d'apprentissage dédiée au hacking et à la sécurité de l'information propose une large palette d'exercices qui ravira petits et grands.

Un test de Turing est une catégorisation de comportement parmi deux groupes : humains et ordinateurs. Un CAPTCHA est ainsi suppposé être à même de valider la preuve d'un travail humain. Ce qui s'oppose à la preuve de travail informatique (proof of work) sous-jacente à la validation des blocs au sein du protocole Bitcoin, qui est basée sur l'idée du Hashcash, originalement conçu pour... la lutte anti-spam pour les e-mails.

vendredi 13 janvier 2017

L'interprêtation des rêves

La récente lecture de l'histoire de Joseph (paracha Vayechev) est l'occasion de rappeler une phrase du Talmud :

חלמא דלא מפשר כאגרתא דלא מקריא

Tout rêve non interprêté est comme une lettre non lue.

Le premier rêve qui apparaît dans la Torah est le songe de Jacob sur le Mont Moriah : l'Échelle de Jacob :

« Jacob quitta Beer-Sheva, et s'en alla vers Haran. Il arriva en ce lieu et y resta pour la nuit car le soleil s'était couché. Prenant une des pierres de l'endroit, il la mit sous sa tête et s'allongea pour dormir. Et il rêva qu'il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l'autre extrémité atteignait le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient ! Et il vit Dieu (...) »

Chagall - L'Échelle de Jacob

Marc Chagall, L'Échelle de Jacob, 1973

Symbole du pont entre le ciel et la terre que matérialise cette échelle, en hébreu, le mot échelle (סלם) a la même valeur numérique que סיני (Sinaï), le lieu du don de la Torah. C'est également la valeur numérique du mot araméen signifiant argent (ממן, Mammon). KabbalaToons dirait que c'est un signe que l'argent peut mener à des sommets, mais qu'il est important de garder les pieds sur Terre.

Néanmoins, il semble que pour le judaïsme, rêver est important, puisque la guemara affirme : Celui qui dort sept jours sans rêver est appelé mauvais. Le rêve transcende la réalité, ce qu'on peut comparer avec par exemple... le chabbat. Six jours dans la semaine sont matériels, on travaille pour manger, alors que le chabbat c'est le contraire, on ne travaille pas, pour très bien manger.

Les rêves suivants dans la Torah concernent Joseph, un des douze fils de Jacob, à propos de gerbes de blé, puis d'astres (Genèse, 37).

05 Joseph eut un songe et le raconta à ses frères qui l’en détestèrent d’autant plus.
06 « Écoutez donc, leur dit-il, le songe que j’ai eu.
07 Nous étions en train de lier des gerbes au milieu des champs, et voici que ma gerbe se dressa et resta debout. Alors vos gerbes l’ont entourée et se sont prosternées devant ma gerbe. »
08 Ses frères lui répliquèrent : « Voudrais-tu donc régner sur nous ? nous dominer ? » Ils le détestèrent encore plus, à cause de ses songes et de ses paroles.
09 Il eut encore un autre songe et le raconta à ses frères. Il leur dit : « Écoutez, j’ai encore eu un songe : voici que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. »
10 Il le raconta également à son père qui le réprimanda et lui dit : « Qu’est-ce que c’est que ce songe que tu as eu ? Nous faudra-t-il venir, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner jusqu’à terre devant toi ? »

Ce passage est commenté entre autres dans le Talmud (guemara Berakhot 55a).

ואמר רב חסדא לא חלמא טבא מקיים כוליה ולא חלמא בישא מקיים כוליה

Rav Hisda dit : Ni un bon ni un mauvais rêve n'est réalisé dans tous ses détails.

אלא אמר ר’ יוחנן משום ר’ שמעון בן יוחי כשם שאי אפשר לבר בלא תבן כך אי אפשר לחלום בלא דברים בטלים

Mais dit Rav Yohanan au nom de Rav Simeon ben Yohai :

Comme on ne peut avoir de blé sans épi, de même il est impossible pour un rêve d'être sans quelque chose de vain.

אמר ר’ ברכיה חלום אף על פי שמקצתו מתקיים כולו אינו מתקיים מנא לן מיוסף דכתיב (בראשית לז, ט) והנה השמש והירח וגו

Berekiah dit :

Un rêve, bien qu'il puisse être accompli partiellement, n'est jamais réalisé totalement. D'où apprenons-nous cela ? De Joseph, puisqu'il est écrit : « Voici que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » (Gen. 37:9).

Un peu plus tard, alors que Joseph est en prison , il a l'occasion d'interprêter les rêves de l'échanson et du panetier (Genèse, 40) :

05 Une même nuit, l’échanson et le panetier du roi d’Égypte firent tous deux un songe, alors qu’ils étaient prisonniers dans la prison. Et chacun des songes avait sa propre signification.
06 Au matin, quand Joseph entra chez eux, il vit qu’ils avaient la mine défaite.
07 Il demanda donc aux dignitaires de Pharaon qui étaient avec lui au poste de garde, dans la maison de son maître : « Pourquoi vos visages sont-ils si sombres aujourd’hui ? »
08 Ils lui répondirent : « Nous avons eu un songe, et il n’y a personne pour l’interpréter. » Joseph leur dit : « N’est-ce pas à Dieu qu’il appartient d’interpréter ? Racontez-moi donc ! »
09 Le grand échanson raconta à Joseph le songe qu’il avait fait : « J’ai rêvé qu’une vigne était devant moi.
10 Elle portait trois sarments. Elle bourgeonnait, fleurissait, puis ses grappes donnaient des raisins mûrs.
11 J’avais entre les mains la coupe de Pharaon. Je saisissais les grappes, je les pressais au-dessus de la coupe de Pharaon et je lui remettais la coupe entre les mains. »
12 Joseph lui dit : « Voici l’interprétation : les trois sarments représentent trois jours.
13 Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, il te rétablira dans ta charge, et tu placeras la coupe entre ses mains, comme tu avais coutume de le faire précédemment quand tu étais son échanson.
14 Mais quand tout ira bien pour toi, pour autant que tu te souviennes d’avoir été avec moi, montre ta faveur à mon égard : rappelle-moi au souvenir de Pharaon et fais-moi sortir de cette maison !
15 En effet, j’ai été enlevé au pays des Hébreux, et là non plus je n’avais rien fait pour qu’on me jette dans la citerne. »
16 Voyant que Joseph avait fait une interprétation favorable, le grand panetier lui dit : « Moi, j’ai rêvé que je portais sur la tête trois corbeilles de gâteaux.
17 Et dans la corbeille d’au-dessus, il y avait tous les aliments que le panetier fabrique pour la nourriture de Pharaon, et les oiseaux picoraient dans la corbeille au-dessus de ma tête. »
18 Joseph répondit : « Voici l’interprétation : les trois corbeilles représentent trois jours.
19 Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, il te pendra à un arbre, et les oiseaux picoreront ta chair. »
20 Le troisième jour, jour anniversaire de Pharaon, celui-ci fit un festin pour tous ses serviteurs. Il éleva la tête du grand échanson et celle du grand panetier en présence de ses serviteurs :
21 il rétablit dans sa charge le grand échanson, et celui-ci plaça la coupe entre les mains de Pharaon ; 22 mais le grand panetier, il le pendit, comme l’avait annoncé Joseph.
23 Toutefois le grand échanson ne se souvint pas de Joseph ; il l’oublia.

Puis (Genèse, 41) :

01 Deux ans plus tard, Pharaon eut un songe. Il se tenait debout près du Nil,
02 et voici que montaient du Nil sept vaches, belles et bien grasses, qui broutaient dans les roseaux.
03 Puis, derrière elles, montaient du Nil sept autres vaches, laides et très maigres. Elles se tenaient à côté des premières, sur la rive du Nil.
04 Et les vaches laides et très maigres mangeaient les sept vaches belles et bien grasses. Alors Pharaon s’éveilla.
05 Il se rendormit et fit encore un songe : sept épis montaient sur une seule tige ; ils étaient gros et beaux.
06 Puis, après eux, germaient sept épis maigres et desséchés par le vent d’est.
07 Et les épis maigres avalaient les sept épis gros et pleins. Alors Pharaon s’éveilla : c’était un songe !
08 Mais le matin, son esprit était troublé ; il fit convoquer tous les magiciens et tous les sages d’Égypte. Pharaon leur raconta les songes, mais personne ne pouvait les interpréter.
09 Alors le grand échanson parla à Pharaon en ces termes : « Aujourd’hui, je me rappelle mes fautes.
10 Pharaon s’était irrité contre ses serviteurs et il m’avait mis au poste de garde, dans la maison du grand intendant, et avec moi, le grand panetier.
11 Une même nuit, nous avons fait un songe, moi et lui. Et chacun des songes avait sa propre signification.
12 Il y avait là, avec nous, un jeune Hébreu, serviteur du grand intendant. Nous lui avons raconté nos songes et il a donné à chacun l’interprétation du songe qu’il avait fait.
13 Et ses interprétations s’avérèrent exactes : moi, on m’a rétabli dans ma charge, et l’autre, on l’a pendu. »
14 Pharaon fit appeler Joseph. En toute hâte, on le tira de son cachot. Il se rasa, changea de vêtements et se rendit chez Pharaon.
15 Pharaon dit à Joseph : « J’ai fait un songe et personne ne peut l’interpréter. Mais j’ai entendu dire de toi, qu’il te suffit d’entendre raconter un songe pour en donner l’interprétation. »
16 Joseph répondit à Pharaon : « Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui donnera à Pharaon la réponse qui lui rendra la paix. »
17 Alors, Pharaon dit à Joseph : « Dans le songe, j’étais debout au bord du Nil,
18 et voici que montaient du Nil sept vaches, bien grasses et de belle allure, qui broutaient dans les roseaux.
19 Puis, derrière elles, montaient sept autres vaches, chétives, très laides et décharnées. Je n’en avais jamais vu d’une telle laideur dans tout le pays d’Égypte.
20 Les vaches décharnées et laides mangeaient les premières vaches, les grasses,
21 qui entraient dans leur panse. Mais on ne s’apercevait pas que les grasses étaient entrées dans leur panse : elles restaient aussi laides qu’avant. Alors je me suis réveillé.
22 Mais j’ai encore vu, en songe, sept épis qui montaient sur une seule tige ; ils étaient pleins et beaux.
23 Puis, après eux, germaient sept épis durcis, maigres et desséchés par le vent d’est.
24 Et les épis maigres avalaient les sept beaux épis. J’en ai parlé aux magiciens, mais personne n’a pu me fournir d’explication. »
25 Joseph répondit à Pharaon : « Pharaon n’a eu qu’un seul et même songe. Ce que Dieu va faire, il l’a indiqué à Pharaon.
26 Les sept belles vaches représentent sept années, et les sept beaux épis, sept années : c’est un seul et même songe !
27 Les sept vaches décharnées et laides qui montaient derrière les autres représentent sept années ; de même, les sept épis vides et desséchés par le vent d’est. Ce seront sept années de famine.
28 C’est bien ce que j’ai dit à Pharaon : ce que Dieu va faire, il l’a montré à Pharaon.

La saga de Joseph a été analysée par de nombreux sages, rabbins, et commentateurs juifs et d'autres religions ; ceux qui apprécieraient une approche plus académique pourront se tourner vers le cours du professeur Thomas Römer donné au Collège de France : « L’Égypte et la Bible : l’histoire de Joseph (Genèse 37-50) », dont le pitch est : L’histoire de Joseph, un des douze fils du patriarche d’Israël Jacob, est l’une des plus fameuses success story de la Bible. Après avoir été vendu par ses frères qui le jalousaient, le jeune homme se retrouve à la cour de pharaon où il fait fortune et monte au plus haut sommet de la hiérarchie égyptienne. A travers ce roman biblique, c’est toute une réflexion sur le rôle de la diaspora, qui conclut la saga nationale des Patriarches d’Israël, à la fin du Livre de la Genèse.

La mystique juive nous raconte trois choses sur les rêves :

  • Pendant que l'on dort, un soixantième de l'âme quitte le corps recharger ses batteries dans le monde spirituel, pour ne revenir qu'au moment du réveil.
  • La plupart des rêves sont futiles, et seuls les rêves du matin peuvent être importants.
  • L'interprêtation d'un rêve dépend du sens que l'on lui donne.

Enfin, comme dans le Yi King taoïste, ou comme chez Freud, il existe de nombreux symboles oniriques ; ainsi une marmite, une colombe, ou un fleuve représentent la paix.

En souhaitant de beaux rêves aux lecteurs.

Crédit : l'essentiel de cet article est à mettre au crédit de R. Sabbag.

mercredi 19 octobre 2016

VR Porn

Le titre ? Simplement pour appâter le chaland, vous croyiez quoi ?

Le monde de la réalité virtuelle grand public se divise en deux catégories :

  1. les systèmes dédiés : des casques intégrant tout le hardware VR (type Oculus Rift)
  2. les systèmes modulaires : des casques servant de boîtier à un smartphone

Cet article n'évoquera que la deuxième catégorie, les systèmes modulaires. popularisés grâce à la généralisation des smartphones comportant écran et capteur d'angles.

Il y a tout d'abord la version cheap : le boîtier en carton où se glisse un smartphone, dont le précurseur est le Google Cardboard (un projet imaginé par deux Français pendant leur temps libre).

Il y a ensuite la version sophistiquée, casque avec sangle, vision périphérique couverte, distance focale réglable, gamepad bluetooth, etc, dont de nombreuses variétés peuvent être trouvées sur AliExpress.

Quelques applications VR :

Prometteur !

lundi 16 mars 2015

Semaine du cerveau 2015 - Le geste dans la tête

Organisée chaque année, la Semaine du cerveau a pour but desensibiliser l’opinion à la recherche sur le cerveau. Coordonnée par l’Alliance européenne pour le cerveau et la Dana Alliance for Brain Initiatives aux Etats-Unis, elle constitue aujourd’hui un événement d’envergure internationale.

Programme à Genève de la semaine du cerveau 2015 (liens : 2008, 2009, 2014) organisée par la Ligue Suisse pour le Cerveau (Schweizerische Hirnliga) du lundi 16 au vendredi 20 mars, sur le thème Le geste dans la tête :

Le rythme est présent partout dans notre corps grâce à des horloges biologiques internes. La cadence que bat les neurones impacte notre comportement et nos émotions.

Intervenants:
Didier Grandjean (Université de Genève)
Ulrich Schibler (Université de Genève)
Mehdi Tafti (Université de Lausanne)

Comment le cerveau contrôle-t-il le mouvement et comment celui-ci diffère-t-il entre les novices et les experts ? Dans quelle mesure la pratique mentale peut-elle améliorer la performance motrice ?

Intervenants:
Ursula Debarnot (Université de Genève)
Daniel Huber (Université de Genève)
Alexandre Pouget (Université de Genève)

La maladie de Parkinson, les tics, la main qui bouge toute seule ; toutes ces pathologies nous offrent un éclairage sur les mécanismes cérébraux du mouvement.

Intervenants:
Frédéric Assal (Hôpitaux Universitaires de Genève)
Luc Mallet (Hôpitaux Universitaires de Genève, Université Paris-Est Créteil)
Pierre Pollak (Hôpitaux Universitaires de Genève)

La compréhension des mécanismes de la conscience du mouvement a ouvert des nouvelles voies thérapeutiques, que ce soit du côté des douleurs fantômes ou de la transplantation des membres amputés.

Intervenant:
Angela Sirigu (Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, CNRS, Lyon)

Favorisant un lien entre mouvement et musique, la rythmique semble promouvoir le développement des capacités à se situer dans l'espace et prévenir le déclin de la mobilité chez les personnes âgées.

Intervenants:
Silvia Del Bianco (Institut Jacques-Dalcroze)
Didier Grandjean (Université de Genève)
Andrea Trombetti (Hôpitaux Universitaires de Genève)



Bonne semaine du cerveau à tous.

lundi 10 mars 2014

Semaine du cerveau 2014 - Peur amie, peur ennemie

Cette semaine a lieu la semaine du cerveau 2014, avec pour thème : la peur.

Au programme à Genève :

Lundi : Les dessous de la peur - Comment la peur se déclenche-t-elle et comment la mesure-t-on? Quels sont les circuits cérébraux qui la contrôlent et l'entretiennent?
Intervenants : Alexandre Dayer (Université de Genève), David Sander (Université de Genève), Patrik Vuilleumier (Université de Genève)

Mardi : Le stress sous la loupe (Table ronde) - Le stress nous accompagne tous à différents degrés et agit sur notre mémoire et notre état physique et mental.
Intervenants : Jean-Michel Aubry (Hôpitaux Universitaires de Genève), Ulrike Rimmele (Université de Genève)
Modérateur : Pierre-Yves Frei

Mercredi : La peur plaisir - Impulsivité et recherche de sensations fortes caractérisent souvent la période de l’adolescence. Quels sont les facteurs biologiques et environnementaux qui sous-tendent ces comportements?
Intervenants : Martin Debbané (UNIGE), Nader Perroud (HUG)

Jeudi : Les phobies : mieux les connaître, mieux les combattre - La simple phobie ou la phobie sociale peuvent constituer un véritable handicap de vie. Si les causes sont encore peu élucidées, la compréhension des mécanismes et les thérapies ont fait des progrès notables.
Intervenant : Antoine Pelissolo (Hôpital Henri-Mondor et Université Paris Est Créteil)

Vendredi : Les troubles anxieux: diagnostics et traitements (Table ronde) - Qu'est-ce qui caractérise les troubles anxieux et quels liens tissent-ils avec la dépression? Comment la psychothérapie et la pharmacologie s'unissent-elles pour une meilleure efficacité thérapeutique?
Intervenants : Guido Bondolfi (Hôpitaux Universitaires de Genève), Lucio Bizzini (Ass. Suisse de Psychothérapie Cognitive), Christian Bryois (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois)
Modérateur : Pierre-Yves Frei

Un programme qui fait peur.

vendredi 28 février 2014

Life as a video game

Sometimes it's good to do a little bit of introspection or extraspection. In the former case, you see yourself from an internal point of view. In the latter, you see yourself from an external point of view, like in a video game. After all, isn't life role playing?

Seeing yourself as a character of a videogame that you control remotely offers some insights for personal development, as the video game programmer Steve Pavlina noticed in his podcast on reality.

Now it took me over a year to figure this out, but I think I finally understand it in a way that makes sense, and that seems internally congruent. So here's how I currently see the nature of reality.

I see that physical reality is the program, consciousness is the programmer, and the Law of Attraction is the interface between them. Or physical reality is a simulation, or a projection, of consciousness. There's only one consciousness, and that's what my identity is centered on, this one consciousness. Now, the consciousness is not my physical body, my physical body is part of my consciousness, just as equally as everything else experience, I experience.

So while, the physical body I control gives me perspective, it gives me a way of interacting and communicating with the simulation. But it's no more me, it's no more my real identity, than if I were, say, playing a video game? And I'm controlling a character on the screen. See, my physical body is just the character I control on the screen. But really, when I'm playing the video game, the game is the entire simulation. And my real being is outside that simulation.

Well, in this case, I'm saying that my real being is consciousness itself, and that the entire simulation of reality is taking place within that consciousness. I am that consciousness, but I have control over a part of the simulation, direct control, over my physical body. That's the part I can control the best. However, through the Law of Attraction, I also have control over every other part of the simulation as well. But there are some limitations on that.

See, the thoughts are the instructions, to the simulation. My thoughts. The thoughts of consciousness itself. But _every_ thought is an instruction. Or, in the language of the Law of Attraction, you would say, every thought is an intention. And physical reality is the sum total of every instruction or of every intention.

Now let's talk about some of the limitations on this, and some of the mechanisms by which this works. First of all, perception is also thought, which means it's also intention, which means it's also creative. See, there's no perception without creation. This answers the question, why does reality seem persistent? Why can't you just think of a thought that's totally incongruent with the reality you're experiencing, and have an immediate shift? And the reason is that you're always perceiving the reality you're getting. And so you can't have that immediate shift because your observations are also your thoughts, your observations are new instructions that are feeding back into the simulation. So the simulation has this persistence to it because the very act of perceiving it perpetuates it. Does that make sense?

So by observing the simulation, you're actually instructing it. Your observations about the simulations are in fact instructions to continue perpetuating what you're getting. This is why your life tends to be somewhat consistent from day to day to day - because your thoughts are persistent, because you keep observing the same things, you live in the same place, you keep observing the same location. If you changed your observations about reality, however, in a massive way, then reality itself, the simulation would be reprogrammed, and would shift in a massive way as well. And in fact, this is exactly what happens, but it happens in such a way that you don't even think about it.

In practice, it is possible to feel this body-mind dualism! Outer Body Labs, a "technologically induced out-of-body-experience game studio" who was present at Lift14, and whose pitch is see yourself seeing your self, offers such an experience. Imagine wearing a helmet or goggles (think Google Glass ou Oculus Rift) inside which you see what an external bluetooth camera pointed to you broadcasts. Or, imagine yourself wearing these electronic glasses, and carrying some big antenna with a camera mounted at the top directed downwards and feeding the glasses, in such a way that you would see yourself from an external eye.

See and control yourself from a third person perspective as you compete or collaborate in various physical tasks, games, activities and puzzles.

This is not virtual reality! At OuterBody Labs we move your eyesight, and your sense of self, into a video camera that is aimed at your body. This mind-hack has unique and wonderful dissociative effects. Will you be able to put your subjectivity into perspective?

So, what you see in the glasses is yourself, from the point of view of the camera (which can be fixed or mobile). On the screen, it appears as a character in a video game, that you can act upon remotely using your body as the controller, like real-life Sims. It offers a new perspective to your life!

The Machine to be Another project also goes in this direction. It "is an Open Source Art investigation on the relation of Identity and Empathy that has been developed on a basis of low budget experiments of Embodiment and Virtual Body Extension".

This interactive performance-installation is built in 2 identical spaces: one for the user and another for the performer.

Through immersive goggles (head mounted displays), the user sees a video with the eyes’ perspective of a different person (the performer), who follows the former’s movements. So, it all happens in a way in which the user kind of ‘controls’ the performer‘s movements.

The user can move and interact with objects inside a room, while listening to the performer‘s thoughts through a set of headphones. That generates the perception of someone speaking inside their mind.

The video transmitted to the user’s goggles is generated by a camera attached to the perfomer, that records his/her point of view in real time. The performer also wears a microphone used to tell a short story about his/her existence. This non lineal narrative is connected to the objects in the room (a photo of someone, a childhood toy, a pack of cigarettes, a mirror, etc), making them interactive: when the user interact with one object, the performer starts to speak about his experience and memories related to this object.

In general terms, the system merges technology with other variables: the performance, an interactive narrative (related to objects disposed at the same position in two identical spaces), the experiment’s assistants (with whom they can explore the touch sense), as well as sensorial/motor/physical stimuli disposed in the space, with which the user can interact. As for the objects, we always make use of mirrors and other different things that the user can either throw or feel (like a glass of water or a bunch of flowers).

Beyond augmented or virtual reality, it has to be kept in mind that such perspective can also be attained with spiritual practices like meditation or mind-altering subtances such as kratom or blue lotus. The movie Enter the void evocates dimethyltryptamine (DMT) as a chemical path to see yourself from the outside.

It can lead to larger, metaphysical considerations such as the universe being a simulation or our brains being a vat.

Much ado about nothing, or new perspectives for life?

lundi 18 mars 2013

Robots (I)

Les musée des arts et métiers organisait cet hiver une exposition sur les robots.

Certaines considérations morales autour des robots et de leurs prérogatives avaient été envisagées il y a bien longtemps par les auteurs de science-fiction, comme l'illustrent les trois lois de la robotique d'Isaac Asimov :

  1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
  2. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première loi.
  3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième loi.

Avec la présence de Nao (présenté dans l'article sur la neutralité du net) et autres consorts, l'histoire des robots se déclinait selon :

  1. Introduction (à la veille d'une révolution ?)
  2. Robot, qui es-tu ?
  3. Robot, d'où viens-tu ? (différence entre robots et automates)
    1. Introduction
    2. De l’Égypte des pharaons aux ingénieurs mécaniciens grecs
    3. La popularisation des automates et la naissance de l’horlogerie
    4. Lorsque l’androïde paraît...
    5. XIXe et XXe siècle : la consécration avant le déclin
    6. Des automates pour tous
  4. Nom de code Robota
    1. La cybernétique, projet de l’après-guerre (oeuvre et leg de Norbert Wiener)
    2. Les robots dans l’industrie (tâches répétitives, pénibles, et dangereuses confiées aux machines, taylorisme, collaboration homme-robot)
    3. Robots et nucléaire : servir et protéger en milieu extrême (remplacer l'homme en milieu hostile en cas de catastrophe nucléaire)
    4. Les robots des abysses (robots téléopérés et sous-marins autonomes dans la pression et l'opacité des milieux sous-marins)
    5. Les robots au coeur de la conquête spatiale (Lunokhod 1, Spirit, Opportunity, Curiosity)
    6. Robots et défense : préserver des vies et des territoires ? (zones de conflit : robots biomimétiques, robots-soldats, robots multifonctions autonomes (ex : drones))
  5. Robots Domesticus
    1. Usables et corvéables (surveillance, nettoyage)
    2. Des robots au foyer (domotique)
  6. Le robot est-il l'avenir de l'homme ? (robots-chirurgiens, prothèses bioniques, exosquelettes, greffes et implants mécatroniques)
  7. Robots entre science et fiction (androïdes, imitations mécaniques d’un homme parfait)

Comme l'art aléatoire, les robots soulèvent de nombreuses questions d'éthique, depuis le golem du maharal de Prague : intelligence artificielle, conscience robotique, droit des robots, etc.

lundi 11 mars 2013

Semaine du cerveau 2009 - Les neurosciences de demain

Le centre interfacultaire de neuroscience de l'Université de Genève organise à partir d'aujourd'hui a lieu la semaine du cerveau 2013 sur le thème "Les neurones dans le plat", avec plusieurs conférences : Faute de goût, Sommes-nous tous nez égaux, De la gourmandis à l'addiction, Le cerveau au cœur de l'obésité, Inévitables apprentissages: empreintes olfactives du début de vie sous le haut patronage du secrétaire d’Etat à l'éducation et à la recherche et sous les auspices de la Société suisse de neurosciences et de la European Dana Alliance for the brain.

En 2008, le thème était Cerveau et réalités.

Il y a quatre ans, la semaine du cerveau 2009 avait pour thème Les neurosciences de demain. Résumé :

Semaine du cerveau 2009

Les défis des neurosciences sont à l'honneur de la douzième édition de la Semaine du cerveau. Organisée par le Centre de neurosciences de l'Université de Genève (UNIGE), cette édition permettra d'apporter un éclairage nouveau sur les enjeux des neurosciences et les défis auxquels elles font face. Du 16 au 21 mars prochain, tables rondes, conférences, ateliers et démonstrations seront autant d'occasions d'aborder des thèmes comme le décodage de la pensée, le dopage de nos performances cognitives ou les thérapies du futur. Cette année, la semaine du cerveau s'inscrit dans le cadre du 450e anniversaire de l'UNIGE. Pour célébrer cet événement, la semaine se terminera par une grande foire du cerveau durant laquelle de nombreuses démonstrations, ateliers et conférences seront proposés à un public de tous les âges.

L'accélération de la recherche en neurosciences au cours de cette dernière décennie a permis de mettre en évidence les mécanismes cérébraux qui sous-tendent la mémoire, la pensée, les émotions ou le comportement. Il existe maintenant diverses possibilités d’intervention sur le système nerveux, que ce soit avec des molécules chimiques ou des méthodes plus ou moins invasives telles que l’imagerie cérébrale, les implants ou les neuroprothèses. Les neurosciences modernes répondent à une exigence de progrès motivé par de réels besoins thérapeutiques, mais aussi par un désir de performance, de maîtrise de son corps ou de ses émotions et de celles d’autrui.

Sera-t-il bientôt possible de manipuler les cerveaux et les comportements par des drogues, par des implants cérébraux ou des greffes de cellules? Risque-t-on de modifier l’humain ou de promouvoir le «surhumain»? Comment ces avancées vont-elles modifier notre société? Cette nouvelle édition de la Semaine du cerveau traitera des recherches qui suscitent espoirs de guérison et aussi craintes de manipulation et de mise à mal du libre-arbitre.

L’ère du Surhomme : comment doper le cerveau ? - La médecine nous permet actuellement d'effacer les imperfections de notre corps. En sera-t-il bientôt de même pour notre cerveau? Qui n'a pas rêvé d'avoir une mémoire sans faille, d'augmenter sa capacité de concentration ou d'être moins sujet à la fatigue? La science nous permettra-t-elle de dépasser nos limites cognitives? Ces questions seront le point de départ de la table ronde du lundi 16 mars. Le prof. Dominique Müller nous expliquera les bénéfices et les inconvénients des nouvelles substances visant à renforcer les mécanismes de la mémoire, tandis que le prof. Medhi Tafti s'exprimera sur le développement de stimulants qui permettent de prolonger l'état de veille. L'efficacité et la pertinence des interventions psychologiques visant à améliorer nos capacités cognitives, ainsi que les différentes questions éthiques soulevées, seront discutées par le prof. Martial Van Der Linden.

Homo sapiens : être et ne pas être un singe - Des milliers et des milliers d'années d'évolution ont façonné notre corps et notre cerveau. Nous en avons gardé une très forte ressemblance physiologique avec les grands singes ; pourrait-il en être différemment de nos cerveaux? Que partageons-nous avec nos plus proches cousins et qu'est-ce qui nous en distingue? A l'occasion du bicentenaire de la naissance de Darwin, Alain Prochiantz, neurobiologiste et écrivain, s'interrogera, le mardi 17 mars, sur l'émergence de l'homo sapiens et sur la frontière qui le sépare du reste du monde vivant. Cette frontière anatomique, mais aussi culturelle, nous fournit de nombreux privilèges: le privilège de ne plus être entièrement soumis aux lois de la sélection naturelle grâce à la science et aux prouesses technologiques que notre cerveau a développées ; le privilège de comprendre qui l'on est et d'où l'on vient ; le privilège - mais est-ce vraiment un privilège? - d'être acteur de notre destinée, une destinée à la fois technique et tragique.

Lire dans les pensées[1] - Lire dans les pensées: un concept à la fois fascinant et effrayant. Cela pourrait pourtant bientôt faire partie du possible. L’intériorité mentale, considérée comme le dernier refuge de la liberté de pensée, inviolable même dans le pire des régimes totalitaires, est-elle en train de livrer sa dernière bataille? À l'occasion de la table ronde du mercredi 18, des chercheurs viendront discuter des perspectives et des limitations techniques et éthiques de cette voie. Le neurologue Patrik Vuilleumier expliquera comment les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale permettent d'associer les activités neuronales à diverses fonctions mentales et comment leur mesure pourrait jouer un rôle dans le décodage de la pensée. La télépathie quitte le monde du paranormal pour s'installer dans les laboratoires sous le nom d'interface cerveau-ordinateur. Des électrodes placées à la surface du crâne permettent en effet d'interagir avec des engins mécaniques ou des ordinateurs. Sara Gonzalez, physicienne au HUG, montrera comment cette recherche offre un véritable espoir aux personnes paralysées en leur permettant de contrôler leur chaise roulante par la pensée. Progrès thérapeutique et scientifique, le décodage de la pensée suscite l'interrogation de l'éthicien Alex Mauron, quant à son impact sur notre société. Une telle percée est-elle conciliable avec notre idéal de liberté et de protection de la vie privée?

Décider : entre raison et émotion - Les théories économiques ont longtemps supposé que l'homme était un décideur rationnel, les émotions étant perçues comme des événements irrationnels qui altèrent le jugement et obscurcissent le raisonnement. L'imagerie cérébrale permet aujourd'hui d'identifier le rôle des différentes parties du cerveau dans la prise de décision, montrant que les émotions en font partie intégrante. Les déficits d'émotion suite à un accident cérébral entraînent souvent chez le patient de la difficulté à prendre des décisions. Dans la conférence du jeudi 19, le neurobiologiste Alain Berthoz, professeur au Collège de France, expliquera comment les émotions interviennent dans les choix que nous faisons et évoquera les nouveaux champs d'application de ces études tels que la neuroéconomie.

Les nouvelles technologies thérapeutiques - La soirée de vendredi sera dédiée aux thérapies du futur. Les progrès des nouvelles technologies laissent entrevoir de nouveaux espoirs de guérison. Toutes les pathologies graves du cerveau, telles que la maladie d’Alzheimer ou l'accident vasculaire cérébral, impliquent la perte progressive ou brutale de neurones. Le neurobiologiste Jozsef Kiss s'exprimera sur les espoirs de la thérapie cellulaire, une thérapie qui permettra peut-être un jour le réapprovisionnement du cerveau en neurones au moyen de cellules souches. Redonner la vue aux aveugles n'est plus aujourd'hui du domaine du miracle. Le chirurgien et ophtalmologue Jöel Salzmann se penchera sur les nouvelles technologies redonnant espoir à certains aveugles. Enfin, le chirurgien Claudio Pollo interviendra au sujet de la stimulation cérébrale, méthode qui consiste à délivrer, au moyen d’une électrode, du courant électrique dans un endroit choisi du cerveau. Ce traitement chirurgical a pour objectif de rétablir, au niveau de circuits de neurones, un fonctionnement altéré par la maladie.

Notes

[1] Question à 81:27.

vendredi 15 février 2013

Parc du prince

Le code source originel du jeu Prince of Persia, mentionné dans l'entrée 5 jeux en flash, a été libéré par son auteur Jordan Mechner.

C’est son père qui, il y a trois semaines, en faisant du rangement, a retrouvé dans un carton trois vieilles disquettes 3.5″, âgées de plus de 20 ans, dans lesquelles se trouvait encore le précieux code source du jeu.

Prince of Persia, de façon très indirecte, a beaucoup influencé le style et le contenu du Radjaïdjah Blog.

Source : Florent Gallaire.

mardi 5 février 2013

Dieu placebo

Le pouvoir de l'imagination

Souvenons-nous de ce récit extrait de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu de la trilogie des fourmis de Bernard Werber :

Dans les années 50, un bateau container anglais transportant des bouteilles de Madère en provenance du Portugal débarque en Ecosse pour livrer sa marchandise. Un marin s'introduit dans le container de réfrigération pour vérifier s'il ne reste plus rien à livrer. Nul ne sait qu'il est entré et on referme la porte du container alors que l'homme est encore à l'intérieur. Il tambourine sur les cloisons, mais personne ne l'entend et le bateau repart pour le Portugal.

Le marin trouve de la nourriture dans ce lieu mais il sait qu'il ne pourra pas survivre très longtemps dans cette chambre froide. Il a pourtant la force de saisir un morceau de métal et il grave heure après heure jour après jour, le récit de son terrible martyre. Il énonce avec une précision scientifique son agonie. Comment le froid l'engourdit, comment ses doigts et ses orteils gélent. Comment son nez se transforme en pierre insensible. La morsure de l'air réfrigéré devient une véritable brûlure, son corps qui peu à peu devient un gros glaçon.

Lorsque le bateau jette l'encre à Lisbonne, on ouvre le container et on découvre l'homme mort de froid. On lit son histoire gravée sur les murs. Toutes les étapes de son calvaire y sont décrites avec force détails. Mais le plus extraordinaire n'est pas là. Le capitaine examine le thermomètre du container frigorifique. Il indique 20°C. En fait, le système de réfrigération n'avait pas été activé pendant tout le trajet du retour.

L'homme est mort de froid parce qu'il croyait que le système de réfrigération fonctionnait et qu'il s'imaginait avoir froid. Ce n'était que son imagination qui l'avait tué.

Récit fictif, néanmoins vraisemblable. La puissance de la suggestion et en particulier de l'auto-suggestion est à tel point reconnu par la science de nos jours[1] que les essais cliniques des médicaments se déroulent en aveugle[2] (la moitié de l'échantillon-test, le groupe expérimental, reçoit le médicament et l'autre moitié, le groupe contrôle un traitement ineffectif, et les participants ne savent pas ce qu'ils reçoivent) afin de filtrer l'effet placebo.

Qu'est-ce que l'effet placebo ?

Historiquement, l'effet placebo est le nom du mécanisme à l'origine de l'efficacité clinique d'une substance inerte chez un malade qui croit prendre un médicament pour sa guérison. Une situation de ce genre sur une échelle collective est rapportée par Patrick Lemoine dans son livre Le mystère du placebo :

Il est d’autres situations de recherche où le placebo a été utilisé à l’insu de presque tout le monde, à l’exception d’un ou deux protagonistes. C’est ainsi que Serge Follin, psychiatre français, a pu mettre en place un essai historique sur le Largactil, difficile à concevoir à l’heure actuelle sous le sourcilleux regard des comités d’éthique. La chlorpromazine (Largactil) a obtenu son autorisation de mise sur le marché en 1952 et a rapidement transformé la vie des institutions psychiatriques, permettant la sortie de plusieurs milliers d’aliénés jusque-là réputés incurables.

Cependant, le progrès qu’il représenta eut aussi un effet pervers. Se reposant uniquement sur leurs lauriers pharmacologiques, certains services abandonnèrent toute réflexion institutionnelle et toute tentative psycho-sociologique de désaliénation, paraphrasant le terrible jugement de Tite-Live sur la pax romaina : Ubi solitudinem, pacem appellant[3]. Finies les activités collectives, sorties, fêtes, bals, veillées, et tout ce qui transformait les services ouverts en communautés parfois assez chaleureuses. Une chape morne semblait s’être abattue sur l’asile. Et l’on vit se pérenniser sur les cahiers de pharmacie des prescriptions interminables que les patients un peu trop bien calmés avalaient immuablement, années après années.

Partant de ce constat, Follin tenta une expérience audacieuse. Il jeta son dévolu sur un pavillon ouvert, peuplé de malades chroniques. À l’insu de tout le personnel et, bien entendu des aliénés eux-mêmes, il remplaça subrepticement les gouttes de Largactil par un placebo identique dans sa présentation. Seuls trois médecins et un interne avaient été mis au courant. Ce service vétuste n’accueillait pas de nouveaux malades et formait une communauté chronique et stable de malades réputés difficiles mais généralement calmes. Les doses quotidiennes de Largactil allaient de 150 à 700 mg, la durée de traitement s’échelonnant entre 200 et 900 jours.

L’expérience a duré en tout neuf mois, du premier mai 1959 au premier février 1960. Sur les soixante-huit malades qui ont participé à l’étude, trente-neuf seulement ont été retenus pouir l’analyse ; vingt-neuf en ont été exclus : soit ils ont changé de pavillon, soit ils ont reçu des traitements associés. Il est évident qu’une des grandes faiblesses de cette publication réside dans l’absence de tout renseignement sur ces vingt-neuf exclus. Les résultats de cet essai n’en demeurent pas moins étonnants. La vie pavillonnaire resta inchangée et personne ne se douta une seconde de la « supercherie ». Les incidents ne furent ni plus ni moins nombreux qu’auparavant. De nombreuses modifications de traitements, avec augmentation ou réduction des dosages de placebo, furent effectuées par les internes du service ou de garde, tout ceci à la satisfaction générale. L’été venu, une délégation de malades demanda à retarder l’heure de la distribution du Largactil pour pouvoir profiter plus longuement des soirées ! Leur demande fut acceptée. Quelques patients insomniaques retrouvèrent le sommeil lorsque la dose fut augmentée ; d’autres qui somnolaient s’animèrent lorsque la posologie fut réduite. L’auteur put vérifier que l’élimination du « Largactil vrai » était lente puisque des érythèmes solaires se produisirent comme tous les ans, en début d’été, deux mois après mise sous placebo.

Au bout de neuf mois, on fit les comptes. Pas de changement clinique chez quinze patients dont neuf schizophrènes, deux « déséquilibrés thymiques », un éthylique, deux déments et un patient souffrant d’un syndrome atypique. Des aggravations furent notées chez un schizophrène et un dément chez qui la réapparition de l’agitation ne put être calmée que par des injections de Largactil « vrai ». Certaines améliorations furent telles qu'elles permirent la sortie de onze malades dont quatre schizophrènes, six « déséquilibrés thymiques » et un épileptique. Dans onze autres cas, les progrès furent nets mais insuffisants pour l’autoriser : six schizophrènes, un « déséquilibré thymique », un confus, un arriéré, deux patients jugés « atypiques » étaient concernés. Le total de l’expérience montrait donc vingt-deux améliorations, dix-sept « échecs » dont deux aggravations. Sur vingt schizophrènes, on comptabilisa dix améliorations dont quatre sorties et dix échecs dont une aggravation. Chez les « déséquilibrés thymiques », le succès fut global et manifeste : on y comptait sept améliorations dont six sorties et seulement une aggravation.

La neuroscience cherche à mieux comprendre l'effet placebo à l'aide de l'imagerie cérébrale ; ainsi la tomographie par émission de positrons (PET) a pu montrer que des patients atteints de la maladie de Parkinson augmentaient leur production de dopamine après la prise d'un placebo, soit le même mécanisme biochimique que celui déclenché par le traitement usuel (source).

L'importance conceptuelle et les implications de l'effet placebo sont probablement sous-estimées par la médecine et par la science en général. Les processus de guérison basés sur l'autosuggestion, comme l'autohypnose ou la méthode Coué (qui, d'un point de vue New-Age, suggèrent une domination de l'esprit sur la matière) sont bien connus mais scientifiquement peu documentés.

Une variante chère aux entraîneurs sportifs et coaches personnels est la pensée positive : se concentrer sur son but, le visualiser, l'imaginer accompli, aide à l'atteindre (cela entre plus ou moins consciemment en jeu lors de la mise en place d'objectifs). Évidemment, ce n'est pas la panacée ; si un coach demande à chacun des coureurs du marathon de Paris de remporter la victoire grâce à la pensée positive, alors il est certain que la méthode échouera dans 100% des cas[4], ce qui n'est pas très spectaculaire en termes d'efficacité.

Dieu comme placebo

Sur le plan matériel l'effet placebo est mesurable grâce aux indicateurs de santé que fournissent les analyses médicales. Mais si le monde matériel n'est qu'un reflet d'un monde spirituel plus abstrait, où les états sont moins facilement mesurables, tout porte à croire qu'il y a un analogue spirituel à l'effet placebo dont le mécanisme est basé sur la croyance : la religion.

Les systèmes de croyances sont en effet tellement puissants que la religion peut apporter des bénéfices réels pour la condition physique et la santé mentale (Johns Hopkins Medical Newsletter, Nov 1998). De nombreuses études soulignent en effet que les croyants vivent plus longtemps et en meilleure santé que les sceptiques, même en tenant compte du fait qu'ils ont la plupart du temps une vie plus sobre du fait de leur foi. D'un point de vue évolutionnaire, la bonne tenue des croyants malgré l'évolution de la science provient peut-être de leurs capacité à tisser de puissantes structures sociales et communautaires à travers les rites, cérémonies, fêtes, et traditions[5], qui créent et maintiennent de profonds liens de solidarité (source).

Où est le mal ?

Alors, si l'effet placebo des religions est réel et rend plus heureux, il paraît inutile et vain de s'attaquer à des croyances inoffensives autour de l'âge du monde, de la préscience colorimétrique de la bible, ou du pouvoir des pierres précieuses. Car enfin, où est le mal à nier la réalité des faits et à construire un système de croyances basé sur l'imaginaire collectif ?

Je préfère l'illusion au désespoir.[6]

Nelson Muntz

Mais bien sûr ce n'est pas si simple, car au-delà du fanatisme et des guerres de religions, les croyances religieuses peuvent causer du tort à des innocents, comme le note le site What's the harm[7] en recensant de nombreux cas de fondamentalistes qui pensent guérir leur enfant par le pouvoir de la prière au lieu de l'emmener chez un médecin, entraînant parfois sa mort. Il y a donc un équilibre à trouver entre assistance à personne en danger et respect des libertés individuelles[8].

Quant au judaïsme, qui n'aime pas trop la magie, il refuse d'utiliser la torah pour la guérison et demande de vivre dans une ville qui où se trouve au moins un médecin (source). Le judaïsme récuse la foi-placebo, intéressée, au profit d'une foi et surtout d'actes authentiques[9].

Ressources (en anglais) :

Notes

[1] Toutefois certaines études dans un contexte purement scientifique viennent contrebalancer ce point, sans pour autant remettre en cause l'existence de l'effet placebo dans le contexte médical (Hróbjartsson & Gøtzsche, Is the Placebo Powerless? An Analysis of Clinical Trials Comparing Placebo with No Treatment, 2001), cf aussi Skepdic.

[2] Afin de limiter l'influence de l'expérimentateur ou du comité de supervision, la démarche scientifique a également défini des protocoles en double aveugle et même en triple aveugle.

[3] « Là où ils font la solitude, ils l'appellent paix. »

[4] Disclaimer : chiffre arrondi au centième de point près.

[5] D'ailleurs, on peut penser que plus les rites communs sont absurdes, plus les liens sont renforcés grâce à l'unicité de l'expérience. C'est pour cela que lors des séminaires de teambuilding d'entreprises, les participants ne sont pas incités à aller au cinéma tous ensemble mais plutôt à marcher sur des braises ou à danser la macarena.

[6] VO : Some of us prefer illusion to despair.

[7] Le site parle également des conséquences de la négation de l'autisme et des scams 419. Dans le même style, l'homéopathie peut être dangereuse quand elle incite les malades à ne pas prendre de médicaments qui marchent, sans parler de ses coûts pour la Sécurité Sociale qui suscitent des interrogations à l'Académie Nationale de Médecine.

[8] Un peu comme en droit international l'équilibre entre devoir d'ingérence et respect de la souveraineté nationale est souvent délicat.

[9] Extrait : La sagesse juive authentique affirme qu'être en bonne santé est à la fois la condition et la conséquence d'une bonne vie, mais ce ne doit pas pour autant en être l'objectif. La religion juive authentique nous dit : Oui, prolonge ta vie, mais pour quoi faire ? Oui, deviens plus mince et plus souple, mais pour quoi faire ? Oui, recherche le plaisir, mais pour quoi faire ? Contempler cette question, « pour quoi faire ? » est le commencement de la sagesse spirituelle.

lundi 4 février 2013

Bioéthique 2013

Les débats sociétaux autour de la bioéthique, du transhumanisme, du mariage homo, des mères porteuses, de la vie, deviennent de plus en plus d'actualité. Or, cette semaine avait lieu le Forum Européen de Bioéthique 2013 à Strasbourg, avec un vaste programme. Au-delà des aspects artistiques précédemment évoqués, les thèmes étaient :

Avec les progrès de la médecine et de la biologie de synthèse, l’Homme va-t-il pour la première fois prendre la main sur l’évolution et l’équilibre des espèces vivantes ?

De l’Homme réparé à l’Homme augmenté : en route vers le post-humain ? L’Homme augmenté est doté de techniques qui permettent d’accroitre ses capacités naturelles. Personnage favori de la science-fiction, il se dessine progressivement dans notre réalité. Quelles conséquences pour l’humanité ?

Conférence inaugurale à deux voix. Jean-François Mattei. Ancien ministre, président de la Croix-Rouge française, président du conseil scientifique du Forum Européen de Bioéthique en 2010, membre du conseil scientifique du Forum Européen de Bioéthique. Israël Nisand. Professeur de médecine, chef du pôle de gynécologie obstétrique...

Débat très intéréssant qui cristallise la thématique du forum, portant sur les sujets de l'appartenance du corps (a-t-on un corps ? est-on un corps ?), du transhumanisme, de l'avortement, des dons d'organe, de la procréation médicalement assistée, de l'adoption, des mères porteuses, de l'eugénisme, etc.

Greffe de la main, greffe de la peau, greffe du visage… les succès médicaux se confirment. Mais quelles questions éthiques et identitaires posent-elles au sein de notre société et en premier lieu aux personnes concernées ?

Donner et recevoir. Quels sens revêtent ces deux notions, à priori consensuelles ? Car à y regarder de près, les sens divergent, y compris d’un pays à l’autre en Europe. Le débat est éthique, philosophique et juridique. Pas de don sans dette, disait Marcel Mauss.

Le marché des organes humains prospère à l’échelle mondiale. En dépit des lois, des réseaux sont démantelés, des scandales éclatent, et le récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé s’en alarme. Le vol d’organes, la vente d’organes sont juteux et dramatiques pour les personnes et les pays vulnérables.

Rien ne se jette, tout se recycle, y compris les matériaux issus des blocs opératoires. Mais avec quelle information, quel consentement et à quels usages ?

Détaché du corps inerte, la conscience peut néanmoins être active. Etat paradoxal qui pose la question de la subjectivité à la matérialité du corps et interroge le praticien et la société dans ses choix. Même les frontières de la mort s’en trouvent reculées.

Autour du corps comme matière première à modeler selon l'ambiance du moment, les usages et comme support d'expression, y compris dans l'art.

Identifier par l’empreinte, le sang, l’iris, les cheveux… Les outils scientifiques servant à la traçabilité fleurissent et dans leur sillage des questions nombreuses sur la liberté individuelle et les pratiques mercantiles.

De la difficulté à penser le corps, à vivre cette « pesanteur » et sa « chute ». Regards croisés entre les disciplines, les cultures et les époques.

Corps malade, corps tatoué, corps scarifié. Entre les maux, l’ornementation et la sublimation du corps, comment comprendre ces pratiques autour du corps ? Que disent les maux du corps ?

Est-ce une nouvelle façon de vieillir ? LLe moyen de se recréer ? La jeunesse devient aussi un vesteur de l'intégration sociale.

Le droit pose ce postulat : l’indisponibilité du corps humain. Mais entre la note de cadrage et les pratiques, la réalité est beaucoup plus nuancée.

La médecine et la recherche sont en train de franchir un cap important concernant le remplacement de pièces détachées du corps. Jusqu’où ira la médecine du corps en kit ? A quels usages ?

Quelles pratiques entourent les essais sur le médicament et les techniques chirurgicales ?

Le grand marché des pilules de la surpuissance et du bonheur font écho à la suprématie du culte de la performance.

L’Homme va-t-il pour la première fois prendre la main sur l’évolution et l’équilibre naturel des espèces vivantes ?

Entre les tenants du pour et contre reste cette question : a-t-on vraiment le choix de dire oui ou non à la prostitution.

Démêler les fils entre sexe, genre, identité et orientations sexuelles sur un fond d'évolutions sociétales bouleversantes.

Au final, des sujets biophilosophiques assez liés à l'actualité politique et aux réflexions contemporaines.

jeudi 27 décembre 2012

Peut-on reprogrammer le cerveau ?

Avant une réponse scientifique à cette question, que dit l'art sur le sujet ?

Les livres The Bourne Identity (Peter Ludlum) et L'Empire des Loups (Jean-Christophe Grangé) ainsi que les films The Manchurian Candidate et Cypher viennent entrenir les fantasmes des adeptes des théories du complot à ce sujet.

D'autres films comme Le Créateur ou Limitless se penchent sur la question : peut-on doper le cerveau ?

La programmation neuro-linguistique (PNL) peut sembler assez New-Age. Et pourtant, les chercheurs avancent que l'hypnose et les faux souvenirs sont des phénomènes bien réels.

On verra bientôt ce que dit la science à ce sujet.

jeudi 15 novembre 2012

Can one grow intuition?

This is the 100th entry on the blog! Cheers!

After the 2012 US elections, statistician Nate Silver has known his fifteen minutes of fame when it appeared that his predictions regarding the results had been fulfilled despite the strong opposition by a good number of opponents.

Now, the same Nate Silver had previously authored The Signal and the Noise - Why so many predictions fail, but some don't, where he reports an anecdote about the 1997 Kasparov vs Deep Blue match (mentioned in the entry about the future of information science).

Nevertheless, there were some bugs in Deep Blue’s inventory: not many, but a few. Toward the end of my interview with him, [Murray] Campbell somewhat mischievously referred to an incident that had occurred toward the end of the first game in their 1997 match with Kasparov. “A bug occurred in the game and it may have made Kasparov misunderstand the capabilities of Deep Blue,” Campbell told me. “He didn’t come up with the theory that the move it played was a bug.” The bug had arisen on the forty-fourth move of their first game against Kasparov; unable to select a move, the program had defaulted to a last-resort fail-safe in which it picked a play completely at random. (...) Kasparov had concluded that the counterintuitive play must be a sign of superior intelligence. He had never considered that it was simply a bug.

Years later, at a authors@google talk interesting to have a look at in its entirety, Garry Kasparov (whose famous game against Topalov can be seen here) is asked if he relies on intuition to make decisions in chess[1]. His answer:

It's the most valuable quality of a human being in my view. Yeah, it's probably... we live at a time when we just want to touch something before we can make our opinion about the subject. I believe that intuition is like any other muscle. So, like people know that if you go to the gym you improve your physical conditions, they know that for training memory, there're also exercises, but intuition is the same. So you have to learn how to trust your intuition. My view is that we similarly undermine the importance of intuition because intuition means taking too much risk. And we, whether we like it or not, we live in a risk adverse culture. And intuitive decision very often cannot be explained into terms that should be required by corporate cullture or by your other family members. So, in my view, by adding this quality of intuition to the decision-making process, we can dramatically improve the results.

"Can intuition be developed?" is half-counter-intuitive, so to say, in the sense that people who have good intuition will say "yes", and people who have a bad intuition will say "no". Still, anyone can observe that a common quality shared by the chess player Bobby Fischer (evoked in the movie Searching for Bobby Fischer), and the poker player Stu Ungar[2] (whose life is narrated in High Roller: The Stu Ungar Story) is that both had a very powerful intuition. Everyone can draw his own conclusions.

Notes

[1] The next question in the talk is about the importance of psychology. From Kasparov's answer: "It could actually work in a very strange way when you're facing the computer because many computers, even today, have their own strengths and own weaknesses. And if you can understand so it may help you to design the game which will be the most unpleasant for certain computer. Because it's actually machine, it might sound very odd, but machine definitely has a "personality" and it very much depends on the people behind the computer. So, some of the machines are playing more aggressive chess; some play less aggressive chess. And again, I don't know whether it's an irony or not, but the Israeli-made computers are more aggressive than the German-made computers."

[2] Stu Ungar, jewish, clever, lover of poker, died of a heart failure due to his excesses.

vendredi 21 septembre 2012

La science de l'autisme

Fernand Deligny, auteur du célèbre recueil « Graine de crapule » (1945), était un éducateur qui fut dans les années 70 à l'origine de la création d’un réseau de prise en charge d’enfants autistes. Je dis tout simplement qu'un radeau n'est pas une barricade et qu'il faut de tout pour qu'un monde se refasse., affirmait-il.

L'autisme se manifeste par des comportements simultanés et cumulatifs qui peuvent déstabiliser ceux qui ne sont pas familiers avec cette condition, qualifiée de trouble envahissant du comportement (TED) :

  • des troubles des interactions sociales
  • des troubles de la communication verbale et non-verbale
  • des comportements stéréotypés et répétitifs

On distingue grossièrement trois types d'autisme (avec divers degrés, on parle de spectre autistique) :

  • L'autisme infantile, appelé aussi autisme de la petite enfance (aussi traduit autisme infantile précoce), psychose de la petite enfance, syndrome de Kanner ou trouble autistique. L'appellation autisme sans précision supplémentaire renvoie le plus souvent à cette identification, mais souvent en l'élargissant plus ou moins (comme on l'observe dans les critères utilisés dans les études épidémiologiques censées dénombrer les autistes).
  • Le syndrome d'Asperger, d'abord appelé psychopathie autistique (en 1943), est considéré comme une forme d'autisme. Il est inclus dans les décomptes épidémiologiques de l'autisme, mais les critères diagnostiqués sont très différents de ceux de l'autisme infantile. Il y a très peu de différences entre l'autisme dit de haut niveau et le syndrome d'Asperger. La distinction reposerait sur l'âge où l'enfant commence à parler, les patients ayant le syndrome d'Asperger ne connaissant pas de retard dans ce domaine. Certains ont aussi avancé l'existence de différences dans la comparaison des QI verbal et performance.
  • L'autisme atypique est un critère qui distingue un caractère autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du développement non spécifié, le caractère autistique est clairement indiqué (il pointe l’existence des trois critères de référence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intérêt).

Les New-Agers parlent d'enfants indigo pour désigner les enfants autistes, dylexiques, ou hyperactifs. C'est-à-dire, des humains surdoués mais inadaptés au côté normatif des systèmes éducatifs traditionnels, et auxquels un environnement spécialisé est plus adéquat. Alors certes, c'est très bien de dire que ces enfants recèlent beaucoup de potentiel et qu'avec beaucoup d'efforts ils réaliseront des tas de choses dans la vie. Après amalgamer le tout et conférer aux enfants indigo des pouvoirs paranormaux pour faire plaisir aux parents et en faire un business[1], c'est déjà plus discutable.

L'autisme est le trouble du développement qui se répand actuellement le plus vite sur Terre. Le fait que les populations migrantes soient particulièrement touchées met en lumière une influence possible de l'environnement. Maladie rare il y a cinquante ans (un enfant sur dix mille affecté), la proportion d'enfants atteints est aujourd'hui d'environ 1 pour 150 en Europe, 1 pour 90 aux États-Unis, et même 1 pour 40 en Corée du Sud. En résumé, l'autisme revêt de plus en plus les apparences d'une épidémie.

Des associations comme Autistes sans Frontières et Autisme France insistent sur la nécessité d'un dépistage précoce, qui pourrait être effectué dès 2 ans, pour améliorer l'efficacité de la prise en charge. Malgré l'absence de marqueur biologique connu, certains signes avant-coureurs et signes d'alertes, décrits à partir de la page 15 de la brochure susmentionnée, peuvent conduire à demander une observation clinique et des examens psychologiques effectués par des professionnels.

En présentant l'autisme comme une rupture des capacités à la survie, le chercheur Ami Klin argumente aussi qu'une détection précoce des troubles du spectre autistique est importante afin d'éviter que des enfants atteints ne se retrouvent isolés face à leur environnement. Des équipes ont ainsi récemment mis en évidence que chez les très jeunes, le mouvement des yeux face à un écran de télévision présentait souvent des motifs spécifiques chez les enfants autistes ou hyperactifs (étude).

Se pose également la question de la cause de l'autisme, considéré comme une maladie neurobiologique. Certains suggèrent que des vaccins comme le Measles-Mumps-Rubella (MMR) seraient facteur d'autisme, mais cette théorie s'est vite révélée complètement infondée). Par contre, un documentaire d'Arte intitulé L'énigme de l'autisme - La piste bactérienne fait état de recherches scientifiques liant autisme et métabolisme, via des bactéries intestinales[2]. Ces études orientent les recherches vers des tests de détection complètement différents des tests comportementaux, tels les tests d'urine (étude), et envisagent des traitements basés sur des compléments alimentaires probiotiques.

Ce résultat n'est pas isolé. Une autre maladie cérébrale est de plus en plus perçue comme d'origine métabolique : la maladie d'Alzheimer [3], ainsi que l'illustre la couverture du New Scientist de ce mois.

Il n'existe aujourd'hui ni de preuve de l'irréversibilité de l'autisme, ni de traitement curatif. Mais une chose est sûre, c'est qu'il y a un gouffre d'incompréhension entre le monde des autistes et le monde des « gens normaux ». Notre vision et nos perspectives souvent limitées ont tendance à ériger une haute barrière de communication dont le difficile franchissement se rapproche, spirituellement, d'un saut en hauteur.

Notes

[1] Extrait d'une publication du GEMPPI :Habituellement une secte fabrique un objet de culte superstitieux (Omitama, Gohonzon etc.) exclusif auquel l'adepte va attribuer des pouvoirs magiques bénéfiques en cas d'obéissance ou maléfiques en cas de rebellion. Les adeptes de la secte Kryeon n'ont d'autres objets de culte et de superstition que leurs enfants "indigo", qui se trouvent revêtus de super-pouvoirs magiques bénéfiques en cas d'obéissance, maléfiques en cas de rejet, dès lors que les guides patentés de l'église kryeoniste les déclarent Indigo. L'avantage pour ceux qui exploitent ce système est que les adeptes ne pourront jamais se débarrasser de l'objet de culte qui les asservit à un enseignement et à la loi d'une entité invisible dont Lee Carroll et ses apôtres ont le monopole de la médiation.

[2] D'après l'enquête, les métabolites de bactéries intestinales telles que l'acide propionique pourraient déclencher l'autisme chez les enfants prédisposés.

[3] Depuis 2005 (étude), la maladie d'Alzheimer est de plus en plus considérée comme un diabète de type 3, une sorte de « diabète du cerveau », conduisant à envisager des traitements basés sur des médicaments appelés glitazones, ou sur l'insuline. Il est toutefois possible que diabète et maladie d'Alzheimer ne soient pas soient liées directement mais par des causes communes telles que des microsaignements au niveau du cerveau.

lundi 14 mai 2012

Multiplication des quotients

Une bonne nouvelle dans le petit monde des ressources humaines : on commence à comprendre que le quotient intellectuel n'est pas une bonne mesure d'intelligence[1]. Ainsi se multiplient les métriques censées évaluer les aptitudes d'un individu (comme au football).

  • le quotient intellectuel (intellectual quotient IQ), est en quelque sorte une mesure d'aptitude à la reconnaissance de motifs, comme les tests de Bongard.
  • le quotient émotionnel (emotional quotient EQ) est lié aux émotions ressenties, personnelles et d'autrui. On parle par exemple de «la capacité émotionnelle d'une cuiller à café».
  • le quotient moral (moral quotient MQ) est une sorte de mesure éthique individuelle, ayant trait à l'intégrité, la probité, et la capacité à pardonner.
  • le quotient corporel (body quotient BQ) calcule le rapport avec le corps. Car le rapport au matériel n'est peut-être qu'une métaphore de considérations plus profondes.
  • le quotient culturel (cultural quotient CQ) évalue la culture générale, ce qui reste quand on a tout oublié.

Se contruisent aussi bien sûr des quotients un peu New Age comme le quotient de curiosité, le quotient passionnel, ou le quotient spirituel.

Après, il convient de distinguer les atouts qui font un bon employé de ceux qui facilitent le succès dans la vie. La différence est considérable.

Notes

[1] Par contre, le quotient intellectuel est une bonne mesure de la capacité à réussir aux tests de quotient intellectuel.

mardi 13 décembre 2011

5 jeux en flash

Quelques jeux pour se détendre (avec certaines dispositions à appliquer).

  • Ax End - Un jeu où il faut s'échapper d'un château. Beaux décors et musique inoubliable.
  • Road of the dead - Une course face à des hélicoptères, des zombies, et un général Sherman.
  • Pixel Purge - Un shoot-em-up dans l'espace, 50 trophées à collecter.
  • Hapland (v2) (v3) - Un jeu de réflexes et de réflexion.
  • Prince of Persia - Une version du mythique Prince of Persia.

Pixel Purge

lundi 7 novembre 2011

Semaine du cerveau 2008 - Cerveau et réalités

Le centre interfacultaire de neuroscience de l'Université de Genève organisait du lundi 10 mars au dimanche 16 mars 2008 la semaine du cerveau 2008, sous l'égide de la Société suisse de neurosciences et de la European Dana Alliance for the brain.

Semaine du cerveau 2008

Le programme était :

Le réel c'est dans la tête ! [1] - Un historien de la philosophie rencontrera deux neurobiologistes. Autour de la table, Bernard Baertschi, Thierry Steimer et Mario Raggenbass échangeront leurs vues: le cerveau d’un mammifère en train de chasser ou d’allaiter s’inscrit-il dans un système ? Quelle est la part de la vision oculaire dans l’élaboration des images mentales ? Quels sont les mécanismes cérébraux garants de nos perceptions contre les illusions sensorielles ? Quelles que soient les réponses apportées, tous partent du constat que le réel trouve sa forme «dans la tête». (Résumé détaillé)

Réalité virtuelle et modification du comportement - Une psychologue, un psychiatre et un informaticien scruteront les métamorphoses de la réalité et leurs impacts sur le cerveau. Si le terme «réalité», en son sens le plus courant, désigne le monde concret, avec les nouvelles technologies informatiques, des réalités dites virtuelles influencent les modes de perception. Modélisations en trois dimensions, simulations, jeux en ligne sur Internet, ces univers qui agitent les écrans des ordinateurs font l’objet des nouvelles explorations du laboratoire de Daniel Thalmann (EPFL), des nouvelles méthodes d’apprentissage développées par l’équipe de Mireille Bétrancourt ou des nouveaux soins de la consultation dirigée par Djamel Benguettat. (Résumé détaillé)

Aux frontières de la conscience : hypnose, coma et faux-souvenirs [2] - Quand psychiatres et médecins neurologues abordent ce qui se produit dans le cerveau entre conscience et inconscience, de très anciens brouillards se déchirent et laissent entrevoir des perspectives de compréhension de phénomènes encore mystérieux. Stefano Colombo, Stephen Perrig et Armin Schnider parleront respectivement d’hypnose, de sommeil et de coma, ainsi que des «faux souvenirs». (Résumé détaillé)

Schizophrénie ou altération de la réalité - Partout, les attentes des neuroscientifiques sont nombreuses, eu égard à certaines pathologies psychiatriques, dont on pense qu’elles sont liées aux mécanismes perceptifs. Ainsi, Nicolas Franck (Université Claude Bernard Lyon-II) définira la schizophrénie comme la marque d’une altération de la réalité. (Résumé détaillé)

Rêver et veiller : les troubles du rêve - Isabelle Arnulf (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) remontera la piste de la détérioration des rêves. (Résumé détaillé)

Notes

[1] Question à 94:43.

[2] Question à 82:08.

lundi 31 octobre 2011

Nous n'utilisons que 10% de notre cerveau

Dans les soirées un peu New Age, on tombe toujours sur quelqu'un qui l'affirme : chacun de nous n'utilise que 10% de son cerveau, qui a donc un potentiel bien supérieur à ce qu'on imagine. Si la seconde partie est probablement vraie, la première est démentie par la science.

Les fMRI (functional Magnetic Resonance Imaging, i.e. Imagerie par Résistance Magnétique fonctionnelle) et PET (Positron Emission Tomography, i.e. Tomographie par Émission de Positrons) mettent en évidence que quasi-toutes les zones du cerveau (qui n'auraient pas été endommagées suite à un accident) sont actives dans toutes les conditions (sommeil, éveil...). Donc, nous utilisons en permanence presque 100% de notre cerveau.

Alors que dire à quelqu'un qui affirme que nous n'utilisons que 10% de notre cerveau ?

  1. Alors quels sont les 90% inutilisés ?
  2. Si tu acceptes une ablation des 90% que tu n'utilises pas, je te donne 1000 €.

L'origine de ce mythe est peu claire. Il fut un temps où des soi-disant personnes aux capacités extra-sensorielles affirmaient qu'elles, contrairement à nous pauvres humains ordinaires réduits à 10%, pouvaient utiliser 100% de leur capacité cérébrale, ce qui leur permettait de justifier leurs pouvoirs extraordinaires. D'autres personnes se basaient sur cet argument pour vendre une alléchante méthode permettant de passer de 10% à 100%...

Source : B.L. Beyerstein, Whence Cometh the Myth that We Only Use 10% of Our Brains? in Mind Myths. Exploring Popular Assumptions about the Mind and Brain edited by S. Della Sala, Chichester: John Wiley and Sons, pages 3-24, 1999.

Cela étant dit, on peut aussi voir cela d'une autre perspective. Si ce genre d'assertions, indépendamment de leur véracité, encourage à utiliser davantage son cerveau pour se rapprocher de son potentiel, de même que les concepts de Père Noël ou de paradis encouragent à être attentionné, alors il devient évident que nous n'utilisons effectivement que 10% de notre cerveau.

We are making use of only a small part of our possible mental and physical resources.

William James, The Energies of Men (1908)

mardi 20 septembre 2011

Comment retenir le code de sa carte bancaire

François Rollin prodigue quelques bons conseils pour mémoriser le code de sa carte bancaire.