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mardi 10 novembre 2020

L'art des maths

Le colloque Wright pour la science 2020 était consacré cette année à l'art des mathématiques. À distance, C19 oblige.

Au programme :

Le chaos: imprévisible mais compréhensible (Etienne Ghys)

Il est inhabituel qu’une idée mathématique se diffuse dans la société. C’est pourtant le cas avec la théorie du chaos, popularisée grâce à l’effet papillon, imaginé par le météorologue américain Edward Lorenz qui, en 1972, a posé la fameuse question: «Le battement des ailes d’un papillon au Brésil déclenche-t-il une tornade au Texas?». L’idée dans cette image est qu’une cause minime peut avoir de grandes conséquences. Mais peut-on résumer la théorie du chaos d’une manière aussi simpliste? Une théorie scientifique peut-elle se contenter d’énoncés négatifs? Les mathématiciennes et les mathématiciens sont-ils responsables de la transmission inadéquate de cette théorie? Cette conférence s’appliquera à traiter de ces questions et, en particulier, à décrire le côté positif de la théorie. Car il y en a. En effet, il arrive que le chaos engendre une espèce d’ordre. Les systèmes chaotiques sont peut-être imprévisibles mais ils sont loin d’être incompréhensibles.

Le désordre, le hasard et les grands nombres (Laure Saint-Raymond)

Le désordre augmente de manière irréversible. Cette affirmation ne concerne pas forcément la chambre d’un enfant ni la marche du monde. Elle est l’énoncé du second principe de la thermodynamique, exprimé par le physicien Sadi Carnot en 1824. C’est un principe que l’on peut expérimenter tous les jours. Lorsqu’on verse du lait dans de l’eau, par exemple, les deux liquides se mélangent et ne restent pas séparés l’un de l’autre. Les billes à jouer contenues dans un sac ne vont pas s’aligner spontanément selon leur couleur mais se mêler de manière aléatoire. S’il est facile de mélanger deux gaz, il est quasi impossible de les séparer une fois réunis. Cet exposé propose d’étudier un modèle mathématique simple qui explique pourquoi nous pouvons observer un mélange spontané mais pas le phénomène inverse. Spoiler alert: la clé pour comprendre cette irréversibilité temporelle se trouve dans la théorie des probabilités et plus précisément dans la loi des grands nombre.

Un voyage mathématique De l’infiniment petit à l’infiniment grand (Martin Hairer)

Le monde minuscule des particules et des atomes et celui gigantesque de l’univers tout entier sont séparés par environ une quarantaine d’échelles de grandeur différentes. En passant de l’une à l’autre, les lois de la nature peuvent parfois se comporter de manière drastiquement différente, obéissant tantôt à la physique quantique, à la relativité générale, ou encore à la mécanique classique de Newton, sans parler des autres théories intermédiaires. Comprendre les transformations qui s’opèrent d’une échelle à l’autre est une des grandes questions classiques en mathématiques et en physique théorique. Cet exposé a pour objectif d’explorer comment ces questions informent et motivent encore des problèmes intéressants en théorie des probabilités et pourquoi des «toy models», malgré leur caractère superficiellement ludique, peuvent parfois conduire à certaines prédictions quantitatives.

La musique des formes (Alain Connes)

La physique quantique, en particulier la mécanique des matrices, a exercé une profonde influence sur les notions mathématiques d’espace géométrique. Cette conférence expliquera ce lien en traitant, entre autres, de «spectres» et de la «musique des formes». En effet, si les caractéristiques géométriques d’un instrument, par exemple, déterminent les sons qu’il peut produire, inversement la connaissance de la gamme et des accords produits par un objet suffisent à reconstruire sa forme. Cette propriété permet de caractériser les formes géométriques à partir d’invariants qui ne font pas référence à un système de coordonnées. La nouvelle géométrie qui en découle, illustrant le lien mathématique entre perception visuelle et auditive, est riche d’applications en physique, en particulier pour la gravitation et la physique quantique. Ce sera d’ailleurs aussi l’occasion de discuter de la signification des notions de variabilité et de l’émergence du temps.

Les mathématiques : art ou science ? (Stanislas Smirnov)

Les mathématiques sont une science étonnante et mystérieuse. Depuis l’époque de Platon, les philosophes se demandent si les objets mathématiques sont imaginaires ou réels, tandis que les mathématiciens et mathématiciennes démontrent des théorèmes, souvent sans s’interroger sur leur rapport à la réalité. En même temps, des pharaons d’Egypte et des rois de Babylone avaient déjà saisi l’importance pratique des mathématiques, sans parler des progrès technologiques recents reposant en grande partie sur des applications de notre science.

D’où viennent les mathématiques ? Comment les scientifiques choisissent-ils des problèmes à résoudre et pourquoi trouvent-ils les mathématiques si fascinantes ? Pourquoi la science « imaginaire » est si utile dans le monde réel ? Cet exposé ne parviendra pas à répondre à ces questions, mais essaiera de jeter un peu de lumière sur la recherche en mathématiques.

Bonus : une présentation par l'auteur du Radjaïdjah Blog sur le mathématicien Benoît Mandelbrot.

Enfin, ceux qui s'interrogent sur la finalité des maths pourront lire À quoi servent les maths ? (2015).

mercredi 24 mai 2017

radjaidjah.eth est né

Bonne nouvelle, vous pouvez maintenant faire un généreux don via Ethereum au Rajaïdjah Blog.

Il suffit d'envoyer vos précieux ethers à l'adresse :

Ethereum Pubkey radjaidjah.eth

0xfe9e82f7b8C5B8f51550b8BF3d7391a0f0Ec2A4a

Mieux que ça, grace à l'ENS (qui n'est pas l'École Normale Supérieure mais l'Ethereum Name Service), vous pouvez adresser votre valeureuse donation à radjaidjah.eth . ENS est un smart contract sur la blockchain Ethereum qui joue le rôle de résolveur d'adresse. C'est ainsi un DNS décentralisé, et constitue un exemple de dapp (decentralized app). Ethereum a beaucoup beaucoup beaucoup d'autres applications, comme l'exposent les intervenants de Consensus 2017, une conférence sur les blockchains qui a lieu en ce moment-même à New York[1].

C'est un petit exercice d'acquérir et de transférer des ethers. Mais essayez, ça vous servira peut-être un jour !

Note

[1] La conférence est organisée par ConsenSys, le consortium évoqué dans l'article Mental Poker.

mercredi 18 mai 2016

Au-delà des devises nationales

Une très bonne présentation en 18 minutes de Bitcoin par Andreas Antonopoulos, lors de la conférence Fintech 2016 à Zurich.

Résumé en une minute :

  1. Bitcoin permet d'avoir une banque suisse dans la poche, une solution pour les milliards d'individus sans compte bancaire.
  2. Le pseudonymat de ce "cash numérique" offre des garanties de confidentialité qui devraient être le standard.
  3. Bitcoin, ce n'est pas le futur, c'est déjà le présent.


Bonus

lundi 21 mars 2016

Insomni'Hack

Le week-end précédent avait lieu Insomni'hack 2016, avec ses conférences, ses ateliers, et son concours nocturne, avec pour partenaire, entre autres, la revue MISC.

Insomnihack 2016

Les défis du concours couvraient diverses thématiques : analyse de binaires, failles web, escalade de privilèges, etc. L'objectif pour chaque défi était de trouver un flag.

Un des défis les plus intéressants fut Smart Cat 3, un simple formulaire de ping en ligne où il était possible d'injecter du code en shell, mais avec des filtres de caractères côté serveur.

Bravo à l'équipe gagnante, Dragon Sector, de Pologne.

mardi 9 février 2016

Lift 2016

This week will take place the Lift16 conference in Geneva (see also last years' entries: Lift15, Lift 14).

Selected sessions:

Blockchain Technology Beyond Bitcoin - From art to science, law, politics and innovation, what unexpected and disruptive opportunities does the blockchain technology open? Since its open-source release in 2009, the blockchain has expanded from a public ledger recording money transactions for Bitcoin into an accountability system with features for performance, anonymity, storage and smart contracts. What lies beyond the distributed and trusted protocol that runs the most used decentralized cryptocurrency in the world? This session will explore the realm of possibility for the blockchain, beyond Bitcoin.

Enter the Anti-Disciplinary Space - Our world is complex. How are we to tackle problems that only get harder? Complex questions require the know-how from different fields, cultures and perspectives. We need to collaborate and experiment in-between and beyond set boundaries until new ideas emerge. Putting designers, artists, technologists, and researchers together in a ‘free space’ is a great start. Though, we need people who do not fit in any box - strange animals if you will - who are able to change the way we look at things. Who are these adventurers who challenge our concepts of creation and what can we learn from them?

Selected breakouts:

Deep Dive into the Blockchain - During this two-hour hype-free workshop, experts will take you through the pros and cons of the blockchain, and demystify how this technology actually works, before digging into how smart contracts will eventually be enforced in the physical world. Keeping the techno-jargon to a minimum, Clement Epie and Stephan Tual will take you through the advantages of Blockchain over existing technologies, what could potentially be replaced by blockchains, its future prospects and market impact as well as which industries could be disrupted first. Following up will be Christoph and Simon Jentzsch going into how exactly the Blockchain functions, how to write smart contracts, as well as give you an overview of the various tools available today to build on top of Blockchain technology. We will keep a pragmatic approach, covering for example how you could use the Blockchain to directly rent your apartment or office space, without third parties. Finally we'll have an extensive Q&A exploring the pros and cons of this new technology, where it makes sense to use blockchain, where it doesn't, and touch on questions of standardisation, regulations and what could bring blockchain to the mainstream.

Sustainable By Design: implementing new performance metrics for innovative projects and enterprises? - How to reorient corporate activity and innovation towards sustainability? Can we natively measure financial performance together with environmental performance? What new, accessible and common indicators, accounting methods and tools, and reporting mechanisms can we design to help in that process? This workshop, co-designed by the Transitions2 network and the MIT Climate CoLab, invites participants who believe that environmental and economic performance should now be measured simultaneously and given a similar importance - and are interested in discussing how this could be achieved in real life. Its concrete outcome could be the launch of one of the Climate CoLab's "contests", harnessing the collective intelligence of thousands of people from all around the world to create, analyze, and select detailed proposals to make innovation "sustainable by design".

The Creative Power of IMPROV-Theatre! - IMPROV-Theatre is a fun way to boost your creativity by making full use of your body, voice, mind, soul and your emotions. IMPROV enables you to reach new levels of Out-of–the-Box ideas AND experiences by one simple rule: radical acceptance! There is no “NO”! EVERYTHING is allowed and expandable!. This workshop gives IMPROV-Newbies a chance to learn a whole set of practical techniques and exercises which provide for exciting and creative trips into a world of instantaneous new stories, amazing plots and pure playful joy. And also experienced IMPROV players might learn a few new tricks. Enjoy a fresh unobstructed view on multiple realities. Fun guaranteed!

Bringing Narrative into Science Education with Virtual Reality - Dive deep into the field of Science Storytelling with Neal Hartman and several participants of the Storytelling Science VR Hackathon, recently organized by CineGlobe in partnership with Festival Tous Ecrans and supported by the Lift. Behind all good communication, and therefore education, lies good storytelling; this workshop will show how this rule applies to science as well, and give examples of great science storytelling projects. Hear from participants of the VR Hackathon how they approached the challenge of bringing narrative into education of a scientific nature, and then brainstorm your own science-education narratives in groups guided by the creators. The workshop will also discuss some of the ins and outs of making VR projects for immersive headsets like the Oculus Rift.

See you there!

vendredi 1 mai 2015

À quoi servent les maths ?

La légende raconte qu'à un congrès de physique un quidam interpella le mathématicien Henri Poincaré en ces termes :

"Mais enfin Monsieur Poincaré, vos mathématiques, là, à quoi servent-elles ?"

Question à laquelle le mathématicien avait répondu par :

"Et vous, Monsieur, à quoi servez-vous ?"

un peu dans l'esprit de ce commentaire.

Alors, de même qu'on peut se demander à quoi sert l'humour, on peut également poser la question : à quoi servent les mathématiques ?

Après tout, qui a après le lycée réutilisé dans sa vie un compas ?

Comme le note Neal Koblitz dans son essai sur la relation compliquée entre mathématiques et cryptographie, le grand Hardy n'écrivait-il pas en 1940[1] :

« À la fois Gauss et de moindres mathématiciens peuvent se réjouir qu'il y ait une science [la théorie des nombres] qui de toutes façons, et selon eux, devrait rester éloignée des activités humaines ordinaires, et rester noble et propre. »

La cryptographie est par la suite venue remettre en question l'inutilité présupposée de la théorie des nombres.

Lors de la dernière Saint-Patrick (17 mars) avait lieu en Suisse une conférence sur le thème de l'utilité des mathématiques. Vaughan Jones (médaille Fields 1990) a parlé de noeuds, tresses, groupes, et kitesurf. Stanislav Smirnov (médaille Fields 2010) a parlé d'ordre, d'irrégularité, de fractales, et de percolation. Martin Hairer (médaille Fields 2014) a parlé des cours de la bourse et de Tétris. Pour ceux qui ont raté ça, la conférence est disponible en ligne.

Pour finir, il est intéressant de mentionner le TEDx talk de Eduardo Sáenz de Cabezón : Math is forever.

En conclusion, les maths sont moins inutiles que ce que l'on pourrait croire, et lorsqu'elles sont inutiles, elles sont belles.

Note

[1] C'est une citation souvent tronquée, et Hardy voulait plutôt dire le contraire, il écrivait en effet : But here I must deal with a misconception. It is sometimes suggested that pure mathematicians glory in the uselessness of their work, and make it a boast that it has no practical applications. The imputation is usually based on an incautious saying attributed to Gauss, to the effect that, if mathematics is the queen of the sciences, then the theory of numbers is, because of its supreme uselessness, the queen of mathematics—I have never been able to find an exact quotation. I am sure that Gauss’s saying (if indeed it be his) has been rather crudely misinterpreted. If the theory of numbers could be employed for any practical and obviously honourable purpose, if it could be turned directly to the furtherance of human happiness or the relief of human suffering, as physiology and even chemistry can, then surely neither Gauss nor any other mathematician would have been so foolish as to decry or regret such applications. But science works for evil as well as for good (and particularly, of course, in time of war); and both Gauss and less mathematicians may be justified in rejoicing that there is one science at any rate, and that their own, whose very remoteness from ordinary human activities should keep it gentle and clean. Godfrey H. Hardy, A Mathematician Apology (1940), p. 33.

lundi 16 mars 2015

Semaine du cerveau 2015 - Le geste dans la tête

Organisée chaque année, la Semaine du cerveau a pour but desensibiliser l’opinion à la recherche sur le cerveau. Coordonnée par l’Alliance européenne pour le cerveau et la Dana Alliance for Brain Initiatives aux Etats-Unis, elle constitue aujourd’hui un événement d’envergure internationale.

Programme à Genève de la semaine du cerveau 2015 (liens : 2008, 2009, 2014) organisée par la Ligue Suisse pour le Cerveau (Schweizerische Hirnliga) du lundi 16 au vendredi 20 mars, sur le thème Le geste dans la tête :

Le rythme est présent partout dans notre corps grâce à des horloges biologiques internes. La cadence que bat les neurones impacte notre comportement et nos émotions.

Intervenants:
Didier Grandjean (Université de Genève)
Ulrich Schibler (Université de Genève)
Mehdi Tafti (Université de Lausanne)

Comment le cerveau contrôle-t-il le mouvement et comment celui-ci diffère-t-il entre les novices et les experts ? Dans quelle mesure la pratique mentale peut-elle améliorer la performance motrice ?

Intervenants:
Ursula Debarnot (Université de Genève)
Daniel Huber (Université de Genève)
Alexandre Pouget (Université de Genève)

La maladie de Parkinson, les tics, la main qui bouge toute seule ; toutes ces pathologies nous offrent un éclairage sur les mécanismes cérébraux du mouvement.

Intervenants:
Frédéric Assal (Hôpitaux Universitaires de Genève)
Luc Mallet (Hôpitaux Universitaires de Genève, Université Paris-Est Créteil)
Pierre Pollak (Hôpitaux Universitaires de Genève)

La compréhension des mécanismes de la conscience du mouvement a ouvert des nouvelles voies thérapeutiques, que ce soit du côté des douleurs fantômes ou de la transplantation des membres amputés.

Intervenant:
Angela Sirigu (Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, CNRS, Lyon)

Favorisant un lien entre mouvement et musique, la rythmique semble promouvoir le développement des capacités à se situer dans l'espace et prévenir le déclin de la mobilité chez les personnes âgées.

Intervenants:
Silvia Del Bianco (Institut Jacques-Dalcroze)
Didier Grandjean (Université de Genève)
Andrea Trombetti (Hôpitaux Universitaires de Genève)



Bonne semaine du cerveau à tous.

lundi 9 mars 2015

10 funny TED talks

Great TED Talks illuminate an idea. Sometimes, they do it while making you laugh. These talks will bring a smile to your face. Please note: Vigorous debate ensued among our staff about which talks to include. So we hope you’ll find something for every sense of humor.

Here are the funniest TED talks!

lundi 2 février 2015

Lift 2015

This week will take place the Lift15 conference in Geneva (see also last year's entry: Lift14).

Selected talks:

Frederic Jacobs - The internet is insecure. Our phones are insecure. Pretty much anything we use to communicate is, after all, insecure, to some degree. And every time engineers try to make things more secure, they get amazingly complex and hard to use rather soon. But there are exceptions, and some of the most important such exceptions of the last years are TextSecure, Signal and RedPhone, mobile apps for free secure phone calls and text messages - all developed by Frederic and the team around him. After a huge wave of media attention and the recommendation of his apps by Edward Snowden himself, Frederic is currently working on his next big thing.

Stefan Thomas - Stefan Thomas wants to live in a world where currency moves as frictionlessly as information. As CTO of Ripple Labs, backed by Andreessen Horowitz and Google Venture, Stefan Thomas is helping to build an Internet protocol that does just that. Prior to Ripple Labs, he developed vast experience in digital currencies, being both the founder of, WeUseCoins.com, the largest website for novice Bitcoin users,and the creator of BitcoinJS, a software package used by a wide range of Bitcoin businesses all over the world. Now, at Ripple Labs, his overarching motivation is to weave a global value web by making it easy for developers - from individual entrepreneurs to financial institutions - to build extremely efficient money transfer systems using the Ripple protocol, and, in the end, a world in which exchanging value is as frictionless, free and fast as exchanging information.

Selected workshops:

Mapping the Most Powerful Companies in the World with Open Data - Company information is often not available and when it is, it is buried under hard-to-use websites and PDFs. Fortunately, the work of the open data and transparency community has brought a tide of change. OpenCorporates is the world’s largest open database of companies. We have information on over 70 million companies in 80 jurisdictions worldwide. With a million data points added every week, we have a great opportunity to use this open data to map corporate networks. We have launched a tool, aptly named Octopus, to allow crowdsourcing of corporate networks. Already, OpenOil has mapped the incredibly complex network of BP and Global Witness, TED Prize winner have used it to investigate Anonymous Companies. The results are surprising.

Crowdfunding Science - Everybody loves new science and technology. But why can only scientists and engineers be part of the fun of discovering or inventing new stuff? Because science is difficult, dangerous and expensive. Or is it really? Could crowdfunding be a new way of supporting exceptional people who have an idea and need some money to test it? Science and innovation do not always require big investments. They require solutions and people who communicate them to society. Crowdfunding Science will give you the opportunity to explore and design a platform to support future citizen driven discoveries.

Designing Alternative Currency Systems: How, for What Purpose and How to set the Rules? - A short round table discussion with examples of global, local and crypto-backed alternative currency systems followed by the opportunity to design your own for-purpose currency. It is strongly recommended that you look into the history of money before you attend the session by watching at least the 7 minute video “The essence of money".

New techniques in science storytelling - Ever wonder how storytelling can be applied to “non-narrative” concepts, especially those of technical or scientific nature? Join us for a special Masterclass that reveals novel narrative techniques in science communication, from dark matter to climate change, and even the scientific concept of emergence.

See you there!

mardi 11 novembre 2014

Soirée pour la défense des libertés sur Internet

Ce mercredi a lieu à Parie une Soirée pour la pérennité de la défense des libertés sur Internet, organisée par la Quadrature du Net (l'organisation évoquée dans l'article sur la neutralité du Net).

Occasion rare : La Quadrature du Net rassemble sa nébuleuse et ses amis le mercredi 12 novembre 2014 pour discuter du présent et du futur de la défense des libertés sur Internet et présenter les activités de l'association. Profitant du lancement de sa campagne de financement, La Quadrature du Net invite tous ses sympathisants à NUMA (39, rue du Caire à Paris) à 19 heures. Pour les non-parisiens, l'événement sera diffusé en streaming.

Cette soirée sera l'occasion de partager nos visions sur l'avenir des droits fondamentaux sur Internet et de leur défense citoyenne, en France, en Europe et au delà. Que ce soit pour lutter contre la censure privatisée au nom du droit d'auteur ou du « droit à l'oubli », de la surveillance de masse ; qu'il s'agisse de la neutralité du Net, de la protection des données, de la maîtrise de l'infrastructure au travers des services décentralisés, de l'ouverture des fréquences hertziennes ou de la réforme du droit d'auteur, il est plus que jamais important de continuer un travail de fond afin de protéger nos libertés.




Même soir même heure, de l'autre côté de la rue à la Maison du Bitcoin a lieu une rencontre sur le thème de la régulation des crypto-devises.

Dans le quartier se trouve un beau mur végétal que connaissent les adeptes du geocaching puisque s'y trouve une cache nommée l'Oasis d'Aboukir.

lundi 10 mars 2014

Semaine du cerveau 2014 - Peur amie, peur ennemie

Cette semaine a lieu la semaine du cerveau 2014, avec pour thème : la peur.

Au programme à Genève :

Lundi : Les dessous de la peur - Comment la peur se déclenche-t-elle et comment la mesure-t-on? Quels sont les circuits cérébraux qui la contrôlent et l'entretiennent?
Intervenants : Alexandre Dayer (Université de Genève), David Sander (Université de Genève), Patrik Vuilleumier (Université de Genève)

Mardi : Le stress sous la loupe (Table ronde) - Le stress nous accompagne tous à différents degrés et agit sur notre mémoire et notre état physique et mental.
Intervenants : Jean-Michel Aubry (Hôpitaux Universitaires de Genève), Ulrike Rimmele (Université de Genève)
Modérateur : Pierre-Yves Frei

Mercredi : La peur plaisir - Impulsivité et recherche de sensations fortes caractérisent souvent la période de l’adolescence. Quels sont les facteurs biologiques et environnementaux qui sous-tendent ces comportements?
Intervenants : Martin Debbané (UNIGE), Nader Perroud (HUG)

Jeudi : Les phobies : mieux les connaître, mieux les combattre - La simple phobie ou la phobie sociale peuvent constituer un véritable handicap de vie. Si les causes sont encore peu élucidées, la compréhension des mécanismes et les thérapies ont fait des progrès notables.
Intervenant : Antoine Pelissolo (Hôpital Henri-Mondor et Université Paris Est Créteil)

Vendredi : Les troubles anxieux: diagnostics et traitements (Table ronde) - Qu'est-ce qui caractérise les troubles anxieux et quels liens tissent-ils avec la dépression? Comment la psychothérapie et la pharmacologie s'unissent-elles pour une meilleure efficacité thérapeutique?
Intervenants : Guido Bondolfi (Hôpitaux Universitaires de Genève), Lucio Bizzini (Ass. Suisse de Psychothérapie Cognitive), Christian Bryois (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois)
Modérateur : Pierre-Yves Frei

Un programme qui fait peur.

lundi 3 février 2014

Lift 2014

This week will take place the Lift14 conference in Geneva.

Selected sessions:

The Futures of Work - They say: immigrants are taking our jobs! And the Chinese. And soon: the robots! But do we still want what we call work these days, with all the burnouts and heart attacks? What will change as our workforce gets both smaller and older? How is work going to look like in the years and decades to come, and where, how and why will we do it?

The Sharing Economy Backlash - Houses, cars, wifi or music: we share, rent and borrow it all: the new status symbol isn’t what you own - it’s what you’re smart enough not to own. During a financial crisis, cheap and easy access trumps burdensome ownership for sure. Patterns of collaborative consumption made simple and scalable by technology can now be spotted everywhere, and the companies that enable this fast, efficient allocation of resources previously underutilized are doing well indeed. Increasingly though, there’s a backlash: incumbents are awaking and regulators take a closer look while we all try to get used to new modes of ownership and control.

Algorithmic culture: new forms of expression - What does it mean when algorithms play an increasing role in cultural production? How does the discreet role of computer code change the way music, texts or videos are created? Does it lead to new cultural forms beyond video-games? Can Twitterbots be actually funny? This session will focus on how algorithms shape, frame and remediate culture.

Selected workshops:

Liquid Democracy as a Service (cf the entry Démocratie et populisme) - Liquid Democracy is increasingly emerging as an opportunity and alternative to the increasing problems facing our participative environments. Also known as delegative democracy, the advantages of such approaches lies in the ability to instrument through ICT dynamic management and delegation mechanisms instead of traditional static representative models. The goal of this workshop is to launch a challenge to be initiated within the Lift14 conference time and followed up afterwards on an "as a Service" model. Ultimately, the plan is to launch a new service : Liquid Democracy as a Service (LDaaS) for everyone.

Playing with Rules - Sink your teeth into social issue game design by just doing it. Playing with Rules is a hands-on workshop for beginners and more advanced levels. We'll provide you with a well-known boardgame and lots of materials to work with. You pick a concern, and in a group you iteratively modify the game's rules to address it. Any issue goes and all kinds of modifications are fine. With guidance from Hubbub's principals, you'll get a practical start in one of the most important activities in game design.

Privacy & Data Protection conversations : how might we reinstate trust in a global digital society? (cf the entry The dark side of intelligence)- Privacy and Data Protection aren’t pure theoretical or cold legal concepts found in books and laws; they have become evolving shared issues and values. These issues have become multi-stakeholder wicked problems that must be addressed also outside specialist groups and closed doors. This will impact how we live, work, consume, socialize, and ultimately shape our future democracies. In a post Snowden era where new regulations are discussed all over the world in a piecemeal way, we are facing a growing mistrust in intermediaries. This can be seen as an unprecedented breach of trust and has sparked legitimate questions about what to protect, how to protect, who overlooks, etc. We would like to invite you to take a moment to discuss with us what may be the key elements of the future of privacy and data protection.]__

The Power of Narrativium! How Memes, Stories, Movies, Theatre and Arts connect Minds (cf the entry Storytelling) - Nothing can connect and unite people more powerfully than the mutual and collective experience of a shared adventure. Like waking up on time for an early morning workshop! Our brains are hungrily looking for plots, creating narrative connections whenever possible and it is mutually shared stories that keep cultures and societies alive - thus determining our future. Rituals, storytelling and theatrical performances were among the first bond-forming rituals mankind has developed. So get a couple of kicks for you brain as TeeKay guides you from the origins of theatre at the prehistoric fireplace until our culture of sharing info in social networks and remodeling our world on all levels: culture, commerce and a globalized way of life.

See you there!

vendredi 31 janvier 2014

L'âge du monde, le retour

Après Ron Chaya, Gary Cohen, un rabbin et chercheur en mathématiques appliquées à l'Inria, s'intéresse aussi au thème de l'âge du monde et des contradictions entre ce que suppose la science (l'univers est âgé de 13,8 milliards d'années) et ce que permet de déduire la torah (l'univers a moins de 6000 ans). Contrairement à Ron Chaya, M. Cohen est un scientifique.

Lien vers la conférence

Lire la suite...

lundi 16 septembre 2013

Open Knowledge conference

The open knowledge conference 2013 (OKcon) holds from Monday to Wednesday in Geneva.

A lot of openness in the covered topics:

lundi 10 juin 2013

À quoi sert l'humour ?

Question difficile s'il en est.

Évidemment la première réponse qui vient à l'esprit est : l'humour sert à passer le test de Turing.

Mais le judaïsme s'intéresse aussi à l'humour.

La preuve, l'année dernière Marc-Alain Ouaknin, co-auteur du petit livre "La bible de l'humour juif" était invité à donner une conférence ambitieuse : Le Rire dans la Tora.

Ambitieuse, car le nouveau testament ce n'est pas très drôle, comme le remarque d'ailleurs la Super Theory Of Super Everything de Gogol Bordello :

First time I had read the Bible,
it had stroke me as unwitty
I think it may started rumor
that the Lord ain't got no humor

Le danger d'analyser l'humour, c'est que c'est comme disséquer une grenouille : ça n'intéresse pas grand monde, et à la fin la grenouille meurt.

Tout est ici question de sens. Selon Boris Cyrulnik : en se rendant à Chartres, Péguy voit sur le bord de la route un homme qui casse des cailloux à grands coups de maillets. Son visage exprime le malheur et ses gestes la rage. Peguy s’arrête demande : « Monsieur, que faites-vous ? » « Vous voyez bien, lui répond l’homme, je n’ai trouvé que ce métier stupide et douloureux. » Un peu plus loin, Péguy aperçoit un autre homme qui, lui aussi, casse des cailloux, mais son visage est calme et ses gestes harmonieux. « Que faites-vous, monsieur ? », lui demande Péguy. « Eh bien, je gagne ma vie grâce à ce métier fatigant, mais qui a l’avantage d’être en plein air », lui répond-il. Plus loin, un troisième casseur de cailloux irradie de bonheur. Il sourit en abattant la masse et regarde avec plaisir les éclats de pierre. « Que faites-vous ? », lui demande Péguy. « Moi, répond cet homme, je bâtis une cathédrale ! »

En tout état de cause (et en simplifiant un peu), à partir de la bible M. Ouaknin (Nous n'avons qu'un Dieu et nous n'y croyons pas) s'interroge sur le rôle de l'humour dans la vie et en trouve environ trois :

  1. L'humour permet de contourner la censure (politique, sociale, théologique) : en considérant l'histoire d'Abram et Saraï (et une question de jouissance féminine (Eden)[1] qui serait traduite par « règles »[2] pour occulter la féminité de Saraï), la conclusion est que l'humour n'est qu'un prétexte pour parler de ce qui est tabou, de ce qui doit être tû. Sous couvert d'humour, en disant quelque chose on en affirme une autre. Et dans cet ordre d'idée la célèbre mère juive et ses traits typiques ne serait qu'une idée pour occulter l'orgasme féminin[3]. Bon.
  2. Les considérations freudiennes (L'inconscient et ses rapports avec le mot d'esprit) mettent en avant un mécanisme central de l'humour, l'amphibologie. Le fait qu'un mot ait plusieurs sens s'exploite selon deux processus inverses : la réduction polysémique (la signification d'un mot est déduite de son contexte, qui réduit les sens à l'un des sens) et l'amphibologie (le mot est par la suite utilisé dans l'un de ses sens orthogonaux)[4], ce qu'on peut illustrer avec une histoire quasi-rapportée par Rachi, le maître de Troie. Voilà pour l'essence de l'indécence. En octroyant une multiplicité sémantique, à un unique texte ou à une unique expression, l'humour a un rôle dégénérateur.
  3. Enfin, l'humour permet de se sortir de situations tragiques en refusant la fatalité et l'oppression. C'est donc une forme d'expression du libre-arbitre face au déterminisme de ce qui est écrit (par opposition à la pensée grecque et au destin inéluctable d'Oedipe annoncé par l'oracle, ou au fatalisme musulman du voyage à Samarkand[5]). Au-delà de ce que les textes disent, ils peuvent être transcendés par ce qu'ils peuvent vouloir dire, et c'est la diversité de ses interprétations qui constitue sa richesse - de même dans la vie refuser la voie ou le destin nous réduit pour bifurquer dans l'arborescence des sentiers alternatifs constitue une sorte d'amphibologie situationnelle, la base de la liberté[6].

Notes

[1] Cf aussi Elisabeth Lloyd, Stephen Jay Gould, et Shere Hite.

[2] Dans ce cas évidemment Dieu aurait pu écrire directement "règles" dans la Bible ç'aurait été plus simple que de passer par une censure au stade de la traduction.

[3] Comment savoir qu'une femme a eu un orgasme ?

Réponse : Réponse :

Quelle importance ?

[4] Roland Barthes : Il faut garder au mot ses deux sens comme si l'un d'eux clignait de l'oeil à l'autre, et que le sens du mot fût dans ce clin d'oeil, qui fait qu'un même mot, dans une même phrase, veut dire en même temps deux choses différentes.

[5] Un jour, au marché de Boukhara, le ministre du vizir aperçoit la Mort et la voit faire un geste en sa direction. Terrifié à l'idée d'être emmené par elle, il quitte précipitamment la ville et chevauche toute la nuit jusqu'à Samarkand pour mettre entre lui et la mort une distance infranchissable. Entre-temps, le vizir apprend le départ de son ministre. Après enquête, il fait venir la Mort en son palais : «On m'a dit que mon ministre est parti après t'avoir aperçue au marché. Pourquoi lui as-tu ainsi fait peur ? Tu voulais l'emmener avec toi ?» «Non pas, répond la Mort. J'ai seulement été surprise de le voir tantôt au marché de Boukhara alors que nous avons rendez-vous demain à Samarkand.»

[6] Tout cela ne répond cependant pas à la vraie question : qui invente les blagues ?

lundi 11 mars 2013

Semaine du cerveau 2009 - Les neurosciences de demain

Le centre interfacultaire de neuroscience de l'Université de Genève organise à partir d'aujourd'hui a lieu la semaine du cerveau 2013 sur le thème "Les neurones dans le plat", avec plusieurs conférences : Faute de goût, Sommes-nous tous nez égaux, De la gourmandis à l'addiction, Le cerveau au cœur de l'obésité, Inévitables apprentissages: empreintes olfactives du début de vie sous le haut patronage du secrétaire d’Etat à l'éducation et à la recherche et sous les auspices de la Société suisse de neurosciences et de la European Dana Alliance for the brain.

En 2008, le thème était Cerveau et réalités.

Il y a quatre ans, la semaine du cerveau 2009 avait pour thème Les neurosciences de demain. Résumé :

Semaine du cerveau 2009

Les défis des neurosciences sont à l'honneur de la douzième édition de la Semaine du cerveau. Organisée par le Centre de neurosciences de l'Université de Genève (UNIGE), cette édition permettra d'apporter un éclairage nouveau sur les enjeux des neurosciences et les défis auxquels elles font face. Du 16 au 21 mars prochain, tables rondes, conférences, ateliers et démonstrations seront autant d'occasions d'aborder des thèmes comme le décodage de la pensée, le dopage de nos performances cognitives ou les thérapies du futur. Cette année, la semaine du cerveau s'inscrit dans le cadre du 450e anniversaire de l'UNIGE. Pour célébrer cet événement, la semaine se terminera par une grande foire du cerveau durant laquelle de nombreuses démonstrations, ateliers et conférences seront proposés à un public de tous les âges.

L'accélération de la recherche en neurosciences au cours de cette dernière décennie a permis de mettre en évidence les mécanismes cérébraux qui sous-tendent la mémoire, la pensée, les émotions ou le comportement. Il existe maintenant diverses possibilités d’intervention sur le système nerveux, que ce soit avec des molécules chimiques ou des méthodes plus ou moins invasives telles que l’imagerie cérébrale, les implants ou les neuroprothèses. Les neurosciences modernes répondent à une exigence de progrès motivé par de réels besoins thérapeutiques, mais aussi par un désir de performance, de maîtrise de son corps ou de ses émotions et de celles d’autrui.

Sera-t-il bientôt possible de manipuler les cerveaux et les comportements par des drogues, par des implants cérébraux ou des greffes de cellules? Risque-t-on de modifier l’humain ou de promouvoir le «surhumain»? Comment ces avancées vont-elles modifier notre société? Cette nouvelle édition de la Semaine du cerveau traitera des recherches qui suscitent espoirs de guérison et aussi craintes de manipulation et de mise à mal du libre-arbitre.

L’ère du Surhomme : comment doper le cerveau ? - La médecine nous permet actuellement d'effacer les imperfections de notre corps. En sera-t-il bientôt de même pour notre cerveau? Qui n'a pas rêvé d'avoir une mémoire sans faille, d'augmenter sa capacité de concentration ou d'être moins sujet à la fatigue? La science nous permettra-t-elle de dépasser nos limites cognitives? Ces questions seront le point de départ de la table ronde du lundi 16 mars. Le prof. Dominique Müller nous expliquera les bénéfices et les inconvénients des nouvelles substances visant à renforcer les mécanismes de la mémoire, tandis que le prof. Medhi Tafti s'exprimera sur le développement de stimulants qui permettent de prolonger l'état de veille. L'efficacité et la pertinence des interventions psychologiques visant à améliorer nos capacités cognitives, ainsi que les différentes questions éthiques soulevées, seront discutées par le prof. Martial Van Der Linden.

Homo sapiens : être et ne pas être un singe - Des milliers et des milliers d'années d'évolution ont façonné notre corps et notre cerveau. Nous en avons gardé une très forte ressemblance physiologique avec les grands singes ; pourrait-il en être différemment de nos cerveaux? Que partageons-nous avec nos plus proches cousins et qu'est-ce qui nous en distingue? A l'occasion du bicentenaire de la naissance de Darwin, Alain Prochiantz, neurobiologiste et écrivain, s'interrogera, le mardi 17 mars, sur l'émergence de l'homo sapiens et sur la frontière qui le sépare du reste du monde vivant. Cette frontière anatomique, mais aussi culturelle, nous fournit de nombreux privilèges: le privilège de ne plus être entièrement soumis aux lois de la sélection naturelle grâce à la science et aux prouesses technologiques que notre cerveau a développées ; le privilège de comprendre qui l'on est et d'où l'on vient ; le privilège - mais est-ce vraiment un privilège? - d'être acteur de notre destinée, une destinée à la fois technique et tragique.

Lire dans les pensées[1] - Lire dans les pensées: un concept à la fois fascinant et effrayant. Cela pourrait pourtant bientôt faire partie du possible. L’intériorité mentale, considérée comme le dernier refuge de la liberté de pensée, inviolable même dans le pire des régimes totalitaires, est-elle en train de livrer sa dernière bataille? À l'occasion de la table ronde du mercredi 18, des chercheurs viendront discuter des perspectives et des limitations techniques et éthiques de cette voie. Le neurologue Patrik Vuilleumier expliquera comment les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale permettent d'associer les activités neuronales à diverses fonctions mentales et comment leur mesure pourrait jouer un rôle dans le décodage de la pensée. La télépathie quitte le monde du paranormal pour s'installer dans les laboratoires sous le nom d'interface cerveau-ordinateur. Des électrodes placées à la surface du crâne permettent en effet d'interagir avec des engins mécaniques ou des ordinateurs. Sara Gonzalez, physicienne au HUG, montrera comment cette recherche offre un véritable espoir aux personnes paralysées en leur permettant de contrôler leur chaise roulante par la pensée. Progrès thérapeutique et scientifique, le décodage de la pensée suscite l'interrogation de l'éthicien Alex Mauron, quant à son impact sur notre société. Une telle percée est-elle conciliable avec notre idéal de liberté et de protection de la vie privée?

Décider : entre raison et émotion - Les théories économiques ont longtemps supposé que l'homme était un décideur rationnel, les émotions étant perçues comme des événements irrationnels qui altèrent le jugement et obscurcissent le raisonnement. L'imagerie cérébrale permet aujourd'hui d'identifier le rôle des différentes parties du cerveau dans la prise de décision, montrant que les émotions en font partie intégrante. Les déficits d'émotion suite à un accident cérébral entraînent souvent chez le patient de la difficulté à prendre des décisions. Dans la conférence du jeudi 19, le neurobiologiste Alain Berthoz, professeur au Collège de France, expliquera comment les émotions interviennent dans les choix que nous faisons et évoquera les nouveaux champs d'application de ces études tels que la neuroéconomie.

Les nouvelles technologies thérapeutiques - La soirée de vendredi sera dédiée aux thérapies du futur. Les progrès des nouvelles technologies laissent entrevoir de nouveaux espoirs de guérison. Toutes les pathologies graves du cerveau, telles que la maladie d’Alzheimer ou l'accident vasculaire cérébral, impliquent la perte progressive ou brutale de neurones. Le neurobiologiste Jozsef Kiss s'exprimera sur les espoirs de la thérapie cellulaire, une thérapie qui permettra peut-être un jour le réapprovisionnement du cerveau en neurones au moyen de cellules souches. Redonner la vue aux aveugles n'est plus aujourd'hui du domaine du miracle. Le chirurgien et ophtalmologue Jöel Salzmann se penchera sur les nouvelles technologies redonnant espoir à certains aveugles. Enfin, le chirurgien Claudio Pollo interviendra au sujet de la stimulation cérébrale, méthode qui consiste à délivrer, au moyen d’une électrode, du courant électrique dans un endroit choisi du cerveau. Ce traitement chirurgical a pour objectif de rétablir, au niveau de circuits de neurones, un fonctionnement altéré par la maladie.

Notes

[1] Question à 81:27.

lundi 4 février 2013

Bioéthique 2013

Les débats sociétaux autour de la bioéthique, du transhumanisme, du mariage homo, des mères porteuses, de la vie, deviennent de plus en plus d'actualité. Or, cette semaine avait lieu le Forum Européen de Bioéthique 2013 à Strasbourg, avec un vaste programme. Au-delà des aspects artistiques précédemment évoqués, les thèmes étaient :

Avec les progrès de la médecine et de la biologie de synthèse, l’Homme va-t-il pour la première fois prendre la main sur l’évolution et l’équilibre des espèces vivantes ?

De l’Homme réparé à l’Homme augmenté : en route vers le post-humain ? L’Homme augmenté est doté de techniques qui permettent d’accroitre ses capacités naturelles. Personnage favori de la science-fiction, il se dessine progressivement dans notre réalité. Quelles conséquences pour l’humanité ?

Conférence inaugurale à deux voix. Jean-François Mattei. Ancien ministre, président de la Croix-Rouge française, président du conseil scientifique du Forum Européen de Bioéthique en 2010, membre du conseil scientifique du Forum Européen de Bioéthique. Israël Nisand. Professeur de médecine, chef du pôle de gynécologie obstétrique...

Débat très intéréssant qui cristallise la thématique du forum, portant sur les sujets de l'appartenance du corps (a-t-on un corps ? est-on un corps ?), du transhumanisme, de l'avortement, des dons d'organe, de la procréation médicalement assistée, de l'adoption, des mères porteuses, de l'eugénisme, etc.

Greffe de la main, greffe de la peau, greffe du visage… les succès médicaux se confirment. Mais quelles questions éthiques et identitaires posent-elles au sein de notre société et en premier lieu aux personnes concernées ?

Donner et recevoir. Quels sens revêtent ces deux notions, à priori consensuelles ? Car à y regarder de près, les sens divergent, y compris d’un pays à l’autre en Europe. Le débat est éthique, philosophique et juridique. Pas de don sans dette, disait Marcel Mauss.

Le marché des organes humains prospère à l’échelle mondiale. En dépit des lois, des réseaux sont démantelés, des scandales éclatent, et le récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé s’en alarme. Le vol d’organes, la vente d’organes sont juteux et dramatiques pour les personnes et les pays vulnérables.

Rien ne se jette, tout se recycle, y compris les matériaux issus des blocs opératoires. Mais avec quelle information, quel consentement et à quels usages ?

Détaché du corps inerte, la conscience peut néanmoins être active. Etat paradoxal qui pose la question de la subjectivité à la matérialité du corps et interroge le praticien et la société dans ses choix. Même les frontières de la mort s’en trouvent reculées.

Autour du corps comme matière première à modeler selon l'ambiance du moment, les usages et comme support d'expression, y compris dans l'art.

Identifier par l’empreinte, le sang, l’iris, les cheveux… Les outils scientifiques servant à la traçabilité fleurissent et dans leur sillage des questions nombreuses sur la liberté individuelle et les pratiques mercantiles.

De la difficulté à penser le corps, à vivre cette « pesanteur » et sa « chute ». Regards croisés entre les disciplines, les cultures et les époques.

Corps malade, corps tatoué, corps scarifié. Entre les maux, l’ornementation et la sublimation du corps, comment comprendre ces pratiques autour du corps ? Que disent les maux du corps ?

Est-ce une nouvelle façon de vieillir ? LLe moyen de se recréer ? La jeunesse devient aussi un vesteur de l'intégration sociale.

Le droit pose ce postulat : l’indisponibilité du corps humain. Mais entre la note de cadrage et les pratiques, la réalité est beaucoup plus nuancée.

La médecine et la recherche sont en train de franchir un cap important concernant le remplacement de pièces détachées du corps. Jusqu’où ira la médecine du corps en kit ? A quels usages ?

Quelles pratiques entourent les essais sur le médicament et les techniques chirurgicales ?

Le grand marché des pilules de la surpuissance et du bonheur font écho à la suprématie du culte de la performance.

L’Homme va-t-il pour la première fois prendre la main sur l’évolution et l’équilibre naturel des espèces vivantes ?

Entre les tenants du pour et contre reste cette question : a-t-on vraiment le choix de dire oui ou non à la prostitution.

Démêler les fils entre sexe, genre, identité et orientations sexuelles sur un fond d'évolutions sociétales bouleversantes.

Au final, des sujets biophilosophiques assez liés à l'actualité politique et aux réflexions contemporaines.

mercredi 23 janvier 2013

Neutralité du net

Au cours de sa mini-guerre commerciale contre Google, l'opérateur de téléphonie Free a décidé de filtrer certaines publicités sur le réseau de ses abonnés[1], ce qui va à l'encontre du principe de neutralité du réseau internet. C'est donc le bon moment de rappeler la présentation de Benjamin Bayart sur le sujet lors de l'exposition "le libre en fête" 2011 organisée par Swisslinux (un réunion de geeks, comme makeopendata). Étaient également présents de jolis robots, comme Nao, dont était vanté le très bon WAF (Wife Acceptance Factor).

Nao

Résumé : Benjamin Bayart, expert en télécommunications, président de French Data Network et militant, s'est fait connaître dès 2007, notamment par ses prises de position contre le contrôle d'internet et la loi HADOPI. Sa conférence sur la neutralité[2] du net lui permettra d'insister sur les discriminations qui peuvent exister à diverses étapes de la transmission de l'information à travers Internet, et de proposer des solutions concrètes pour garantir cette neutralité.

Muni de diapositives avec des titres bizarres (du style « Factulés » ou « Les atteintes des chandelles »), Benjamin Bayart a rappelé qu'Internet n'était pas un réseau d'ordinateurs mais un réseau de réseaux, très simple[3], servant de support de diffusion. Coupé en deux, les deux parties survivraient, et en cela Internet est plus proche du corail que d'un humain. Il existe plus de 40 000 opérateurs qui gèrent les adresses en respectant les allocations de l'IANA. Et de même que quand on a inventé la vente par correspondance, on n'a pas changé le service postal, quand on a inventé le web, on n'a pas changé Internet. L'intelligence n'est pas dans le réseau, mais elle est périphérique, le réseau n'est qu'un ectoplasme qui transporte sans se poser de questions, de façon « neutre ».

Sur un plan plus social, Benjamin Bayart a mis en avant la « croissance de l'internaute », qui passe progressivement du statut d'acheteur, de kikoolol, de lecteur et de râleur à celui de commentateur, puis d'auteur, voire d'animateur au sein de réseaux d'auteurs. Internet forme donc des générations de citoyens qui développent leur esprit critique et apprennent à débattre de n'importe quel sujet (il y a peut-être une pointe d'exagération dans ces considérations). Mais en résumé, la communication change la société, et Internet change la communication, donc par transitivité Internet change la société. En suivant une approche un peu évolutionniste, de même qu'il y avait une société préhistorique avant l'écriture, il y a eu une société pré-réseau avant Internet. Et toucher la structure du réseau, c'est toucher la structure sociétale (on peut penser que les hommes préhistoriques n'avaient pas développé un intérêt avancé pour la liberté de la presse par exemple).

Qui a donc des raisons de s'en prendre à la neutralité du réseau ?

D'une part certains opérateurs, qui pour des raisons économiques ou commerciales ont recours à des méthodes de priorisation (« web à deux vitesses »), de filtrage, et d'altération des données[4].

D'autre part certains dirigeants politiques, tenants de l'ordre contre le désordre, contre leur propre peuple, par la censure et le contrôle. L'initiative OpenNet classe ainsi les différents types de censure dans les pays du monde selon leur amplitude, qu'on peut voir comme un indicateur de démocratie. Avec ses listes noires et ses lois sur le copyright la France se situe d'ailleurs dans la catégorie Internet sous surveillance.

Au final, Internet c'est un peu ce qu'on en fait. Il est évident qu'il y a des dérives, mais il est difficile de demander à un fabriquant d'acier que celui-ci serve à faire un couteau qui coupe le pain et pas un couteau pour tuer des gens. Les attaques contre la neutralité du net sont des attaques contre l'économie d'abondance qui y prévaut, mais heureusement, les mentalités évoluent.

Notes

[1] Cela signifie par ailleurs que les fournisseurs d'accès à Internet ont la possibilité technique de filtrer certaines données, ce qu'on pourrait appeler l'école chinoise.

[2] La neutralité est l'essence de la politique extérieure suisse, comme le montre la deuxième partie de cet extrait du Daily Show, consacré à l'interdiction de construire des Minarets.

[3] La complexité est parfois une question d'approche. Ainsi la NASA a mis des années à développer un stylo à bille qui puisse fonctionner en apesanteur pour les missions extra-terrestres, tandis que l'agence spatiale russe donnait à ses cosmonautes des crayons à papier.

[4] Pour s'adonner à l'altération de données sur son propre réseau, voir par exemple Newstweek ou le magnifique Upside-Down-Ternet.

lundi 31 décembre 2012

La croissance de la décroissance

Le mois dernier Paul Ariès était invité à parler de décroissance, par ailleurs un des thèmes du GIMUN de cette année. Sur le fond c'était assez clair, sur la forme il est possible que le « compte-rendu » qui suit paraisse un peu désordonné et confus.

Selon Ariès, la nécessité d'une politique de décroissance (sous-entendu: de l'activité économique) provient des deux considérations suivantes :

  • Si les 7 milliards humains vivaient comme les Européens il faudrait 3 planètes pour les supporter (7 s'ils vivaient comme les Américains).
  • Il est moralement injuste que certaines catégories vivent bien mieux que d'autres[1] (ce qui est bien sûr contesté par les tenants du libéralisme).

Muni de son nouveau livre Le socialisme gourmand, Paul Ariès appelle à rompre avec le capitalisme, système « diablement efficace ». Le capitalisme serait en effet un système à la fois :

  • exploitant le travail et pillant les ressources
  • intrinsèquement productiviste, impensable sans croissance
  • imposant des styles de vie et des modes de vie

Selon le gouvernement socialiste actuel, il n'y a pas de solution aux inégalités sans croissance. Il apparaît ainsi que la gauche est divisée en deux catégories : la gauche productiviste (au pouvoir), et la gauche antiproductiviste (qui résiste au progrès[2]).

Paul Ariès fait partie ce cette dernière, dans la tradition des paysans qui s'opposaient au glânage, des ouvriers qui cassaient les machines, de Lafargue, de Fourier, des milieux libertaires, et de certains syndicalistes, et à l'opposé des pessimistes à l'image de l'école de Francfort, où les milieux populaires étaient perdus car perdus dans le milieu de la consommation.

La décroissance que défend Paul Ariès n'est pas celle du journal La Décroissance, synonyme d'austérité, de « décroissance de droite », malthusienne, mais plutôt d'une décroissance « intelligente ». Il y a de nombreuses directions pour aller dans la direction d'une décroissance raisonnable, telles que la lutte contre obsolescence programmée et contre le gaspillage : (un produit fini représente 4% des ressources mises en oeuvre pour sa fabrication). Surtout, la planète est assez riche pour passer à ce que les Amérindiens appellent le buen vivir. Il faudrait 40 milliards de dollars pour régler le problème de la sous-nutrition dans le monde (comme le souligne d'ailleurs Jean Ziegler dans le film We feed the world) et 60 milliards pour régler celui de la pauvreté, soit moins de 0.2% du PIB mondial. En même temps, le budget annuel mondial de l'armement est de 1000 milliards de dollars, celui de la publicité est de 900 milliards de dollars, et le produit international criminel (PIC) est estimé également à 1000 milliards.

Il y a ainsi deux concepts clefs dans la « bonne voie » envisagée : redistribution différente et décroissance intelligente. Et y parvenir demanderait un peu de psychologie, car on ne changera pas le monde en culpabilisant ni en faisant appel aux responsabilités mais en suscitant le désir. Le désir, essentiellement, de trois choses[3] :

  1. Le développement de l'économie sociale et solidaire, qui représente aujourd'hui environ 10% de l'économie en France, et a constitué un des secteurs qui a le mieux résisté à la crise[4].
  2. L'extension de la sphère de la gratuité qui passe par un nécessaire développement d'une culture de la gratuité[5] (un thème cher aux partis pirates).
  3. Le développement de la désobéissance à la croissance. Paul Ariès rêve d'une gauche objectrice de croissance tout en évoquant un forum national de la désobéissance multipliant les appels à la désobéissance civile, professionnelle, et institutionnelle.

Dès lors qu'on considère l'intérêt du plus grand nombre dans le cadre d'une « économie du bonheur », les étudent réfutent l'idée d'une corrélation entre pib et accès au bonheur mais trouvent en revanche un lien entre type de société et accès au bonheur. Ainsi Richard Wilkinson montre les conséquences négatives des inégalités économiques sur les sociétés. De plus, comme le capitalisme multiplie les individus superflus, un remède pour pallier ces inégalités serait le revenu minimum universel, éventuellement sous forme partiellement démonétarisée (eau, électricité).

En conclusion, peut-être qu'on ne pourra pas changer le monde mais rien ne nous interdit d'en construire un autre[6].

Notes

[1] Il y a une distribution des richesses à la Pareto : 20% des humains se partagent 80% des richesses mondiales. Plus précisément, un individu possédant au moins 5000€ de patrimoine serait dans le top 50% des humains en termes de richesse, dans le top 10% avec 37500€, et dans le top 1% avec 340000€. Voir aussi le site Slavery Footprint pour savoir combien d'esclaves travaillent pour vous.

[2] Paul Ariès semble opposé à certaines formes de progrès et considère assez sombrement les perspectives transhumanistes qui verraient passer l'homo sapiens au robot sapiens (Jacques Testard parle d'« humanité augmentée ») ou au soma sapiens (avec les technologues comme Anders Sandberg (à qui Ariès attribue bizarrement un prix Nobel) qui étudient les sentiments artificiels et l'ingénierie émotionnelle, des thèmes qui seront évoqués dans l'entrée à venir sur la reprogrammation du cerveau).

[3] Quatre, en fait, car on peut ajouter une nécessaire volonté de surcroît de démocratie (cf l'article de Georges Gurvitch Le principe démocratique et la démocratie future ainsi que l'entrée Démocratie et populisme).

[4] Ce secteur concerne essentiellement les classes moyennes et pauvres, qui évoluent. Lors du forum mondial sur la pauvreté organisé par Emmaüs, 2 constats se sont dégagés : d'une part, un pauvre n'est pas un riche sans argent, d'autre part, un naufragé ne pourra jamais retourner dans le système (et tant mieux). De plus, si le XXe siècle a en quelque sorte vu l'apparition des classes moyennes, le XXIe siècle serait plutôt sur la voie de la démoyennisation, ce qui est finalement une bonne chose si elle est à l'origine d'une remise en question du système dans son ensemble.

[5] Lors du forum national de la gratuité, ont été mentionnées des expérimentations sur gratuité de l'eau vitale, des transports en commun, des services funéraires. Paul Ariès récuse le principe d'une gratuité uniquement « pour les pauvres » et lui préfère celui de gratuité d'émancipation, telle que celle de l'école publique. Mais qu'en serait-il avec le logement, la santé, ou l'alimentation ? Il existe de facto un droit à l'expérimentation ; selon la constitution française, des villes peuvent expérimenter des politiques en dehors de la loi, et la gauche s'est en général trop refusée à expérimenter.

[6] On peut voir ça comme une variation du célèbre Si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?

jeudi 29 novembre 2012

Begetting Maxwell's demon

The best way to protect the future is to invent it.

Alan Kay

The rules of the Colloque Wright pour la Science, held every two years, are the following. During five evenings, worldfamous scientists present lectures of about 50 minutes followed by a round table discussion of the evening’s subject featuring all five of the week’s lecturers. Questions from the audience are discussed by the speakers and simultaneous translation from English to French and vice versa are provided throughout the program. The conferences are free of charge and open to everyone.

The previous editions were about:

This year's theme was Molecular architecture (Architecture moléculaire). We know that the matter that makes up the world we live in is made of atoms, but this simple statement is of limited use – it is like describing architecture by saying that buildings are made of stones. We would like to know how the atoms are arranged and put together, and how this can explain the astonishing variety of substances which we encounter and use in everyday life, including inside our own bodies.

In a presentation entitled The magic of molecular machines, David Leigh used entertaining magic tricks to explain how scientists use nature's nanotechnology to do creative synthetic chemistry. By developing controlled translational motion (catenane) and controlled rotational motion (rotaxane), researchers are able to manufacture molecular switches, building blocks for a molecular information ratchet (paper) that employs a mechanism reminiscent of Maxwell's demon. It is however powered by an external source (light) hence does not challenge the second law of thermodynamics.

Illustration by Peter Macdonald – Edmonds UK. From catenane.net .

Maxwell's demon is a fundamental Gedankenexperiment in science, where a demon uses information to split lukewarm water into hot and cold water. After a seminal letter from James Clark Maxwell to Peter Tait (1867), subsequent analysis by several generations of scientists revealed a fundamental link between entropy and information, significantly influencing the development of statistical and quantum physics and chemistry, information theory and computer science.

Leigh's final consideration: Chemistry is a bit like love, there is a special one for every one of us. But sometimes, anything will do.

Maxwell's equations have had a greater impact on human history than any ten presidents.

Carl Sagan

jeudi 15 novembre 2012

Can one grow intuition?

This is the 100th entry on the blog! Cheers!

After the 2012 US elections, statistician Nate Silver has known his fifteen minutes of fame when it appeared that his predictions regarding the results had been fulfilled despite the strong opposition by a good number of opponents.

Now, the same Nate Silver had previously authored The Signal and the Noise - Why so many predictions fail, but some don't, where he reports an anecdote about the 1997 Kasparov vs Deep Blue match (mentioned in the entry about the future of information science).

Nevertheless, there were some bugs in Deep Blue’s inventory: not many, but a few. Toward the end of my interview with him, [Murray] Campbell somewhat mischievously referred to an incident that had occurred toward the end of the first game in their 1997 match with Kasparov. “A bug occurred in the game and it may have made Kasparov misunderstand the capabilities of Deep Blue,” Campbell told me. “He didn’t come up with the theory that the move it played was a bug.” The bug had arisen on the forty-fourth move of their first game against Kasparov; unable to select a move, the program had defaulted to a last-resort fail-safe in which it picked a play completely at random. (...) Kasparov had concluded that the counterintuitive play must be a sign of superior intelligence. He had never considered that it was simply a bug.

Years later, at a authors@google talk interesting to have a look at in its entirety, Garry Kasparov (whose famous game against Topalov can be seen here) is asked if he relies on intuition to make decisions in chess[1]. His answer:

It's the most valuable quality of a human being in my view. Yeah, it's probably... we live at a time when we just want to touch something before we can make our opinion about the subject. I believe that intuition is like any other muscle. So, like people know that if you go to the gym you improve your physical conditions, they know that for training memory, there're also exercises, but intuition is the same. So you have to learn how to trust your intuition. My view is that we similarly undermine the importance of intuition because intuition means taking too much risk. And we, whether we like it or not, we live in a risk adverse culture. And intuitive decision very often cannot be explained into terms that should be required by corporate cullture or by your other family members. So, in my view, by adding this quality of intuition to the decision-making process, we can dramatically improve the results.

"Can intuition be developed?" is half-counter-intuitive, so to say, in the sense that people who have good intuition will say "yes", and people who have a bad intuition will say "no". Still, anyone can observe that a common quality shared by the chess player Bobby Fischer (evoked in the movie Searching for Bobby Fischer), and the poker player Stu Ungar[2] (whose life is narrated in High Roller: The Stu Ungar Story) is that both had a very powerful intuition. Everyone can draw his own conclusions.

Notes

[1] The next question in the talk is about the importance of psychology. From Kasparov's answer: "It could actually work in a very strange way when you're facing the computer because many computers, even today, have their own strengths and own weaknesses. And if you can understand so it may help you to design the game which will be the most unpleasant for certain computer. Because it's actually machine, it might sound very odd, but machine definitely has a "personality" and it very much depends on the people behind the computer. So, some of the machines are playing more aggressive chess; some play less aggressive chess. And again, I don't know whether it's an irony or not, but the Israeli-made computers are more aggressive than the German-made computers."

[2] Stu Ungar, jewish, clever, lover of poker, died of a heart failure due to his excesses.

lundi 29 octobre 2012

Démocratie et populisme

En théorie, la démocratie, ça ne devrait pas marcher. Les classes sociales de catégories les plus basses, en majorité, devraient être à même de profiter de leur surnombre pour écraser la minorité de nantis, ramenant le régime, au final, à une variation du communisme.

90% des participants aiment les tournantes

(et on ne parle pas de ping-pong)

Cet argument contre la démocratie directe est simple : avec le vote majoritaire vient la tyrannie de la majorité et donc l'oppression des minorités, ce qui est injuste (cf l'entrée sur les minarets en Suisse). Cet argument est également anti-utilitariste (cf aussi l'entrée Pétanque, Chariots, et Mandarins).

Avec cela, la Maison de l'histoire de l'université de Genève invitait ce mois-ci Pierre Rosanvallon, auteur de « La société des égaux », à présenter un exposé intitulé Populisme et démocratie.

Le populisme comme pathologie de la démocratie

Le populisme, selon Pierre Rosanvallon, est un phénomène politique émergeant des difficultés intrinsèques de la démocratie et en constituant une pathologie, à travers quatre axes.

1) Le populisme prétend via la sacralisation du referendum symboliser la « vérité définitive de la démocratie », au-delà des limitations de la représentation.

2) Le populisme se méfie des contre-pouvoirs et des autorités indépendantes, qui sont cependant concurrentes et complémentaires à l'expression électorale.

3) Le populisme, en faisant appel à l'instinct grégaire, veut faire croire à une certaine homogénéité des désirs du peuple, en réalité illusoire.

4) Le populisme est un terreau de l'anti-intellectualisme en mettant en avant le bon sens populaire face aux raisonnements méticuleusement argumentés.

Or, pour Pierre Rosanvallon, le peuple n'est pas un « bloc », mais à la fois :

  • un ensemble électoral, qui engendre une vérité arithmétique à la majorité
  • un corps légal via les cours constitutionnelles représentantes de la mémoire de l'intérêt général
  • un tissu social multicolore, enchevêtrement de communautés d'expression

On est donc loin des temps révolutionnaires où le peuple était artistiquement représenté par une statue d'Hercule, ou du XIXe siècle où l'unanimité était requise pour trancher les décisions, les conflits et fractures étaient vus comme anormaux, et quand le peuple ne s'exprimait pas « d'un seul choeur », c'est qu'il devait y avoir un vice interne quelque part.

Cet argument d'uniformité du peuple comme sous-tendant l'identité d'une nation a été retrouvé dans les pays scandinaves, où la perte progressive d'homogénéité était présentée comme une déchéance. Face à cette menace consécutive au démarrage du capitalisme libéral (« première mondialisation »), des réflexes de national-protectionnisme sont apparus à travers la construction d'une solidarité par l'ostracisme via l'expulsion des gens différents et des allogènes (en France, Maurice Barrès avait intitulé son livre « Contre les Étrangers »).

Le populisme comme simplification

Au sens de Rousseau[1], une République est un régime gouverné par des lois. Ces lois peuvent relever d'une constitution ou être fixées par un gouvernement. La première sert à ériger des droits inaliénables, à long terme, tandis que le second permet de s'adapter aux conditions du moment.

Pierre Rosanvallon reproche au populisme d'effacer ces temporalités distinctes lorsque s'opposent les décisions communes instantanées et la volonté collective avec sa dimension historique, perturbant la société dans sa vision à long terme.

D'autre part, le populisme amène une simplification de représentation. Il existe en effet une grande différence entre ce que promettent les campagnes électorales («yes we can») et ce que réalisent les titulaires du permis de gouverner après les élections («no we can't»). C'est cette tension structurale entre figuration et délégation qui est dénoncée ici. Le paradoxe est qu'on ne peut pas envisager un gouvernement qui soit l'incarnation du peuple, et non plus son délégué[2]. Entre Louis XIV « L'État c'est moi » et Staline (« La Société c'est moi »), Pierre Rosanvallon voit comme nécessaire l'apparition d'une théorie démocratique du referendum.

Démocratie complexe

La démocratie est un sujet plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord, d'où un besoin de « définition démocratique de la démocratie ». Ses ennemis sont surtout ceux qui prétendent l'accomplir en la simplifiant et la tronquant (et le continent principal du populisme est l'Europe). Il s'agit d'être lucide sur ses difficultés, sans faire preuve de triomphalisme vain, et sans se poser comme professeur ou exportateur de démocratie, ce qui engendre au bout du compte ressentiment et désillusion.

Au-delà des constats a minima sur la démocratie :

  • Il ne faut pas trop attendre trop de la démocratie, elle sert juste à éviter la tyrannie.
  • La démocratie est le pire régime à l'exception de tous les autres (Churchill).

Il apparaît que le but d'un tel régime politique n'est pas d'accumuler des décisions, mais de construire de façon argumentée un monde commun.

Comment trouver le juste équilibre entre démocratie directe, dont la pathologie est le populisme et un suffrage pas forcément éclairé[3], et démocratie représentative, dont la pathologie est la démocratie souveraine ? Pierre Rosanvallon affirme que le progrès ne viendra pas de la multiplication des élections (un système à 20 referendums par jour serait en fin de compte antidémocratique) mais plutôt de la multiplication des formes de représentation. À ce sujet, certains organismes comme le Piratenpartei allemand prônent l'utilisation d'internet pour faciliter le vote par procuration à un délégué de son choix lors d'un referendum afin d'implémenter une démocratie liquide[4] (cf ces vidéos -en allemand- : courte, longue). Soit, pour reprendre la terminologie de Michel Foucault, une façon que chacun nomme ses propres ministres.

Notes

[1] Les Anglais croient qu'ils sont libres parce qu'ils élisent des représentants tous les cinq ans mais ils ne sont libres qu'un jour tous les cinq ans : le jour de l'élection. (J.-J. Rousseau)

[2] On peut citer Chavez face à son électorat, « Je ne suis pas Chavez, mais votre double », ou Evita Peron et le césarisme. Napoléon se faisait appeler l'homme-peuple.

[3] Pierre Rosanvallon semble aussi s'opposer au suffrage capacitaire : « Heureusement que nous ne sommes pas gouvernés par des savants ».

[4] Au Pakistan, le groupe Structural Deep Democracy a utilisé à ces fins le Pagerank, l'algorithme original de Google, montrant ainsi que les moteurs de recherche développent des algorithmes d'élection potentiellement utiles à la démocratie.

lundi 24 septembre 2012

L'âge du monde : science vs torah

Dans une série de quatre présentations, intitulée « L'âge du monde », le Rav Ron Chaya s'attèle à une tâche à la fois délicate et ambitieuse : comment concilier l'âge du monde estimé par la science (14 milliards d'années) avec celui indiqué par la torah (6000 ans) ? Cela semble a priori tout à fait contradictoire, mais un adage ne dit-il pas qu'« un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène » ?

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jeudi 23 août 2012

Animateurs : quelle idéologie, quel statut ?

La division du travail pousse à la spécialisation dans tous les domaines, et les colonies de vacances, ou séjours en accueils collectifs de mineurs, ne font pas exception.

Ateliers d'experts pour colonies de vacances hyperspécialisées ; aujourd'hui, les encadrants ne sont plus de simples monos. « Ça n'a plus rien à voir avec ce que c'était avant », témoigne Bernard Marciano, un animateur. « Dans l'animation, il y a vraiment une formation très sérieuse, c'est vraiment un métier. C'est vraiment un métier à part, ce qui n'était pas le cas il y a quelques dizaines d'années, on va dire. » Coût du séjour, 1000 € pour deux semaines, pas accessible donc à tous les parents, mais à ce prix-là les neurones n'auront pas chômé avant la rentrée.

Quel est, en pratique, le statut de l'animateur ? En juin dernier, les CÉMÉA (Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active), membre de la confédération de la Jeunesse au Plein Air (JPA) organisait une conférence pour clarifier la situation.

Il y a une centaine d'années, la question ne se posait pas, les encadrants des "colos" (on dit aujourd'hui "séjours de vacances") étaient des militants de l'éducation nationale -instituteurs- ou bien des membres du clergé. À cette époque, il n'existait pas de contrat. Puis, après la 2e guerre mondiale, ont commencé à apparaître des indemnisations (remboursement de certains frais), faisant émerger une progressive professionalisation, jusqu'à l'année charnière 1989 à laquelle fit son entrée la convention collective de l'animation socio-culturelle. Étaient déjà inclues dans lesdites rémunérations certaines cotisations salariales et patronales.

Au cours des années 2000, les attaques pour exploitation auprès des prudhommes dont firent l'objet certains organismes mirent en évidence la nécessité de protéger, à un certain titre, les animateurs.

En 2006 fit son apparition le contrat d'engagement éducatif (CEE), cumulant le statut d'inscrit au code du volontariat et de contrat de travail. Un animateur a alors le droit à un jour de repos par semaine, ce qui est par ailleurs contraire au code du travail (d'où l'appellation de statut "dérogataire").

En octobre 2010, un syndicat (Solidaires Sud Isère) revendiqua l'idée que "rien ne justifie la dérogation de l'emploi d'animateur au code du travail sur le repos compensatoire". Suite à cela, un comité, la commission Nutte, proposa un temps minimum de repos : 11 heures de repos par jour (période de 24 heures) en plus du jour de repos par semaine (directive no 2003/88/CE du 4 novembre 2011 et article 124 de la loi no 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l'allègement des démarches administratives).

En pratique, sur 7 jours, cela ne se passe pas du tout comme ça, en vertu du régime dérogatoire explicité par l'article 432 du décret 2012-5081 du 26 avril 2012 relatif aux conditions de mise en oeuvre du repos compensateur des titulaires d'un contrat d'engagement éducatif. Sur une semaine, un animateur aura droit à un jour de repos plus seize heures à prendre en une (1x16h), deux (2x8h), ou quatre (4x4h) fois. Les cinquante heures manquantes de repos sont reportées à après la fin du séjour (repos compensateur), ce qui par ailleurs empêche de retravailler immédiatement après celle-ci.

Il s'agit d'une loi technique, qui est difficile à mettre en oeuvre (une circulaire ministérielle expliquant les modalités d'application du repos compensateur est d'ailleurs parue), et pose tout un tas de complications aux séjours itinérants et aux séjours de plus de 21 jours, sans parler de la législation concernant le taux d'encadrement de nuit qui reste assez floue. Mais, une conséquence positive est que les animateurs peuvent davantage se reposer, ce qui généralement est bénéfique à la sécurité des groupes. Cela passe souvent par une augmentation du nombre d'animateurs sur les séjours, et les structures avec peu de moyens ont parfois du mal à s'adapter.

De façon assez comique, ce temps de repos obligatoire de 11 heures par jour met implicitement en évidence un temps de travail journalier de 13 heures, alors que l'indemnisation minimale légale des animateurs est à la hauteur de 2.2 fois le smic horaire par jour. Le contrat d'engagement éducatif est en l'état actuel des choses une sorte de contrat hybride régi à la fois par le droit du travail et par le ministère de la jeunesse et des sports (J&S pour les intimes). Surtout dans sa version 2006, il embarque "le pire des deux mondes" pour les animateurs (et en quelque sorte le meilleur des deux mondes pour les entreprises à but lucratif qui peuvent engager des animateurs presque gratuitement tout en leur demandant une charge de travail et une responsabilité plutôt importantes).

Dans ce cadre, la confédération de la Jeunesse au Plein Air considère le statut actuel des animateur comme transitoire, et propose de remplacer le contrat de travail des animateurs par un contrat de volontariat (au centre de l'axe bénévolat-salariat), ce qui implique que le lien de subordination institué par le contrat de travail serait substitué par un lien d'adhésion à un projet éducatif. C'est dans ce sens que s'inscrit la proposition 4133 dite "Juanico" effectuée en décembre dernier. Se pose également la question de l'intégration européenne d'un tel statut.

À lire en complément : l'article "Anim" de colo, un métier presque comme les autres.

lundi 9 juillet 2012

RMLL 2012

Cette semaine ont lieu à Genève les rencontres mondiales du logiciel libre (RMLL), avec plus de 250 conférences, ateliers et tables rondes.

À signaler par exemple :

et bien d'autres... cf le programme complet. Il est également possible de s'inscrire comme bénévole pour aider au bon déroulement des rencontres ou de montrer une présentation éclair de cinq minutes (lightning talk).

lundi 18 juin 2012

Sommes-nous seuls dans l'Univers ?

Anaximandre, Leibnitz... de tous temps s'est posée la question de la pluralité des mondes. Et si des gens un peu New Age comme Shimon Bar-Yohaï parlent de mondes spirituels ayant précédé le monde matériel, ce qui préoccupe les astronomes contemporains est surtout l'existence d'autres formes d'intelligence aujourd'hui.

"Que ce soit clair dès le début, je ne répondrai pas à cette question ce soir". Ainsi commença la conférence de Michel Mayor s'étant tenue le mois dernier, intitulée Sommes-nous seuls dans l'univers ?

Alors que nous vivons au sein de la voie lactée, galaxie spirale de 200 milliards d'étoiles, le télescope Hubble continue de photographier des univers lointains, tels que des nuages moléculaires géants servant de lieux de formation stellaire et planétaire, comme la nébuleuse d'Orion. Ce téléscope cherche encore aujourd'hui des étoiles comparables au soleil (par une méthode dite "du transit").

Ich sage euch: man muss noch Chaos in sich haben, um einen tanzenden Stern gebären zu können. Ich sage euch: ihr habt noch Chaos in euch."

- Friedrich Nietzsche

Pour les astronomes, le soleil est un réacteur nucléaire, et la Terre un beau caillou à peine mouillé. Quant aux humains :

It is worth contemplating that the atoms in our body were not forged in the furnace of the Big Bang, but were created within collapsing stars. The temperatures and pressures within dying stars triggered the nuclear reactions that cooked the simple hydrogen and helium into more complex atoms. In the final explosion, as the nuclear fusion reached its climax, these atoms were thrown across the universe and eventually became the iron in our blood and the calcium in our bones. In other words, we are literally stardust. Or, for the less romantically inclined, we are merely nuclear waste.

- Simon Singh

Avant d'invoquer des déités pour compenser ce que Neil de Grasse Tyson appelle ignorance, les scientifiques continuent à chercher.

jeudi 26 avril 2012

Education as a path to citizenship?

With their priviledged status, UN staff sometimes suffer from the stereotyped image of well-dressed penguins hanging around with a concerned face and doing nothing all day long like in Albert Cohen's novels. But sometimes, things are happening. This week-end, the Youth Perspectives pole of the GIMUN (Geneva International Model United Nations, kind of a UN "simulation") will hold a conference entitled Environmental issues in contemporary societies, composed of the following committees:

  1. Modern societies' weaknesses facing environmental catastrophes
  2. Degrowth: a solution to protect the environment?
  3. Protecting biodiversity: issues of urbanism
  4. Future of traditional knowledge: threats and solutions?

It's probably too late to apply, but don't hesitate to give a try if you're interested. It is the second edition of a Youth Perspectives conference; last year for the International Year of Youth the topic was Education in the 21st Century. The committees were at the time:

  1. Education - The Path to Citizenship
  2. Integration through Education
  3. Teachers and the Promotion of Gender Equality
  4. Universal Access to Higher Education

As one easily guesses from the blog, education is a stimulating topic, hence this brief essay and this laconic position paper were written to attend the conference in the first committee. As complements, a talk of Ken Robinson entitled Schools kill creativity, and a link to the Khan Academy.

The results? After some long exchanges on definitions and proposals, some insightful debates on the arcane differences between "informal" and "non-formal", and some subtle considerations regarding where to put commas, the "Education: a path to citizenship" committee produced the following document. Nevertheless it was an inspiring experience, an opportunity to play the devil's advocate and to observe that people who state that the next generation is moronic are just plain wrong.

In the end, after approval by vote (was harder for committee #4), all contributions from different committees were merged and synthesized, and a final statement was addressed to the Economic and Social Council (EcoSoc). Still wondering if the purpose of such meetings is to have real-life consequences or to share a UN-like moment. Probably the latter: it was a first-time experiment, and it worked, what's better than such human adventures?

lundi 7 novembre 2011

Semaine du cerveau 2008 - Cerveau et réalités

Le centre interfacultaire de neuroscience de l'Université de Genève organisait du lundi 10 mars au dimanche 16 mars 2008 la semaine du cerveau 2008, sous l'égide de la Société suisse de neurosciences et de la European Dana Alliance for the brain.

Semaine du cerveau 2008

Le programme était :

Le réel c'est dans la tête ! [1] - Un historien de la philosophie rencontrera deux neurobiologistes. Autour de la table, Bernard Baertschi, Thierry Steimer et Mario Raggenbass échangeront leurs vues: le cerveau d’un mammifère en train de chasser ou d’allaiter s’inscrit-il dans un système ? Quelle est la part de la vision oculaire dans l’élaboration des images mentales ? Quels sont les mécanismes cérébraux garants de nos perceptions contre les illusions sensorielles ? Quelles que soient les réponses apportées, tous partent du constat que le réel trouve sa forme «dans la tête». (Résumé détaillé)

Réalité virtuelle et modification du comportement - Une psychologue, un psychiatre et un informaticien scruteront les métamorphoses de la réalité et leurs impacts sur le cerveau. Si le terme «réalité», en son sens le plus courant, désigne le monde concret, avec les nouvelles technologies informatiques, des réalités dites virtuelles influencent les modes de perception. Modélisations en trois dimensions, simulations, jeux en ligne sur Internet, ces univers qui agitent les écrans des ordinateurs font l’objet des nouvelles explorations du laboratoire de Daniel Thalmann (EPFL), des nouvelles méthodes d’apprentissage développées par l’équipe de Mireille Bétrancourt ou des nouveaux soins de la consultation dirigée par Djamel Benguettat. (Résumé détaillé)

Aux frontières de la conscience : hypnose, coma et faux-souvenirs [2] - Quand psychiatres et médecins neurologues abordent ce qui se produit dans le cerveau entre conscience et inconscience, de très anciens brouillards se déchirent et laissent entrevoir des perspectives de compréhension de phénomènes encore mystérieux. Stefano Colombo, Stephen Perrig et Armin Schnider parleront respectivement d’hypnose, de sommeil et de coma, ainsi que des «faux souvenirs». (Résumé détaillé)

Schizophrénie ou altération de la réalité - Partout, les attentes des neuroscientifiques sont nombreuses, eu égard à certaines pathologies psychiatriques, dont on pense qu’elles sont liées aux mécanismes perceptifs. Ainsi, Nicolas Franck (Université Claude Bernard Lyon-II) définira la schizophrénie comme la marque d’une altération de la réalité. (Résumé détaillé)

Rêver et veiller : les troubles du rêve - Isabelle Arnulf (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) remontera la piste de la détérioration des rêves. (Résumé détaillé)

Notes

[1] Question à 94:43.

[2] Question à 82:08.

mardi 18 octobre 2011

Le web sémantique

Comme annoncé précédemment, voilà une mini-introduction au web sémantique.

Le web sémantique est une belle idée dont l'essence consiste à faire du web un système de connaissances simple à traiter pour les ordinateurs. C'est, dans l'esprit du Word Wide Web Consortium (W3C), le web 2.0. Le moyen : adjoindre aux pages web écrites en langues humaines tout un système de métadonnées, invisible pour l'utilisateur mais compréhensibles par les ordinateurs. Pour reprendre une expression de Pierre Lévy, une page de web sémantique a deux facettes, la face humaine et la face sémantique, qui forment l'avers et le revers d'une même médaille.

Mais comment faire, en pratique ? Comment passer concrètement d'un web de documents à un web de données ?

Lors de makeopendata, Philippe Cudré-Mauroux, professeur à l'université de Fribourg et membre d'eGovTec, a donné une présentation intitulée "Linked Open Data in the Cloud" (dont les slides étaient à peu près ceux-ci). Dans l'esprit de la réunion, il a commencé par rappeler que le développement de l'open data était assez urgent, en vertu de la nécessité d'une part de davantage de transparence gouvernementale, d'autre part de solides infrastructures de données.

Puis il a esquissé une réponse aux questions ci-dessus : la manière la plus prometteuse d'implémenter le web sémantique est basée sur le concept de Linked Open Data, proposé il y a cinq ans par Tim Berners-Lee, et qui est fondé sur 4 principes :

  1. utiliser des URI (Uniform Resource Identifier, soit des chaînes de caractères qui identifient (et adressent) des ressources sur un réseau) pour identifier les choses
  2. utiliser des URI HTTP pour déréférencer les URI
  3. fournir des informations structurées sur les URI en RDF
  4. inclure des liens pour connecter les URI

Le RDF est une sorte de grammaire informatique très générale, dont les phrases sont des triplets d'URI (sujet, verbe, objet). C'est une grammaire décentralisée, car les listes de triplets qui la forment, les "triples stores", peuvent être publiées n'importe où, dans le cloud. Comme dit Philippe Cudré-Mauroux, ''the great thing about unique identifiers is that there are so many to choose from''. L'incorporation du RDF dans les pages HTML est standardisée sous l'appellation RDFa.

En conséquence, en plus du web lisible par les humains, il existera un "web parallèle", le web sémantique, destiné aux ordinateurs.

Linking Open Data cloud diagram, by Richard Cyganiak and Anja Jentzsch. http://lod-cloud.net/

Pour finir, quelque chose dont Philippe Cudré-Mauroux n'a pas du tout parlé, c'est les microformats et les microdonnées, qui sont des approches moins abstraites et plus pragmatiques du web sémantique.

makeopendata

Il y a trois semaines avait lieu la réunion makeopendata suisse, faisant en particulier la promotion de la publication et de l'exploitation de données gouvernementales.

makeopendata 2011 camp

Avoir des données ouvertes n'est pas un but en soi, les exploiter pour les transformer en messages, voire en services, est bien plus intéressant. Des exemples de ce qu'on peut faire dans ce cadre sont présents sur le site visualizing ou sur l'opendata showroom.

L'Open Data Challenge présente également diverses initiatives d'open data. On note parmi les entrées du concours une idée d'European Union Dashboard incluant Open Spending, un service permettant de visualiser les dépenses gouvernementales.

Où trouve-t-on des données ouvertes ? Hé bien, voir ici par exemple. Les données géographiques sont souvent au format esri.

En France, il existe un service des données publiques à Paris. Les données publiques font partie du patrimoine immatériel de l'État. Au sein du gouvernement il existe une mission "chargée de l'ouverture des données publiques et du développement de la plateforme française Open Data" : Etalab, qui annonce la création d'une plateforme pour décembre 2011. En Suisse, pays nativement allergique aux systèmes trop centralisés, il existe des données ouvertes à différentes échelles régionales : données communales, données cantonales, données fédérales...

L'open data démontre que l'informatique peut venir au service d'une plus grande transparence des politiques publiques. Et c'est quelque chose d'inéluctable, car, si vous n'ouvrez pas vos données, quelqu'un d'autre le fera.

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