Radjaïdjah Blog

lundi 14 décembre 2015

Living life backwards

In my next life I want to live my life backwards.

You start out dead and get that out of the way.

Then you wake up in an old people’s home feeling better every day. You get kicked out for being too healthy, go collect your pension, and then when you start work, you get a gold watch and a party on your first day.

You work for 40 years until you’re young enough to enjoy your retirement. You party, drink alcohol, and are generally promiscuous, then you are ready for high school.

You then go to primary school, you become a kid, you play. You have no responsibilities, you become a baby until you are born.

And then you spend your last 9 months floating in luxurious spa-like conditions with central heating and room service on tap, larger quarters every day and then Voila! You finish off as an orgasm!

(Woody Allen)

mardi 29 novembre 2011

Désir & violence : René Girard

La revue Philosophie Magazine a publié ce mois-ci un numéro hors-série consacré à René Girard, le penseur du désir et de la violence. L'occasion de rappeler l'essence de la pensée girardienne.

À la base, l'idée[1] de désir triangulaire : nos désirs prennent source dans le désirs des autres, qui jouent le rôle de tiers médiateurs. Sujet, médiateur, et objet forment ainsi les sommets du triangle du désir, qui est donc désir par mimétisme, ou désir mimétique, avec deux idées sous-jacentes :

  1. Au fond, peu importe qui a initié le mouvement ; le sujet et l'intermédiaire, qui désirent tous les deux le même objet, sont interchangeables, il y a effet de convergence.
  2. L'objet du désir n'a lui-même finalement non plus pas d'importance, et seuls vont compter les moyens d'y accéder : le médiateur devient rival.

De la convergence des désirs peut ainsi naître le conflit. La violence éclôt alors de cette confrontation des désirs ; et de plus, tout comme le désir, la violence est mimétique, c'est-à-dire contagieuse. Au delà d'une certaine masse critique de violence, émerge une cible commune (la victime innocente, qui passait "au mauvais endroit au mauvais moment"), dont la destruction ramène à la paix ; la victime est systématiquement mise à mort à travers une ritualisation de son sacrifice. C'est le deuxième point clef chez René Girard : la création du bouc émissaire, mécanisme sociétal salvateur pour éviter l'explosion générale de la violence.

De là se construit un mythe : la victime était la source du mal, mais comme c'est sa destruction qui mène systématiquement à la paix, la victime est aussi source du bien en résultant. En conséquence la société lui attribue des dons divins, en tant que source du bien et du mal. C'est ainsi que dans une troisième étape, la divulgation de l'innocence du bouc émissaire (où Girard voit l'avènement du christianisme) conduit à une "crise mimétique" qui régénère la violence, jusqu'à l'apocalypse.

C'est dans cette esprit triptyque qu'est présenté le hors-série 12H de philosophie magazine : le désir et le mimétisme, le bouc émissaire, la révélation, avec ses multiples illustrations dans la vie réelle : la littérature, la mode, la guerre, l'amour, la famille, la politique, la publicité, les réseaux sociaux, l'école, etc. Tout ça pour le prix d'une pinte à la Guinness Tavern de Châtelet.

Notes

[1] Sven Ortoli, co-auteur du cantique des quantique et auteur de l'éditorial de la revue, parle à ce sujet d'idée de taille mythologique.