Le 29 novembre 2009, les Suisses étaient appelés à voter sur une initiative populaire demandant l'interdiction de construire de nouveaux minarets. À cette occasion, quelques temps avant la votation fut organisé sur la télévision nationale un débat entre Oskar Freysinger, représentant valaisan de l'Union Démocratique du Centre (UDC), et Tariq Ramadan, professeur d'islamologie à Oxford.
"Faut-il interdire les minarets en Suisse ?", tel était le titre de l'émission.
À mon humble avis, Oskar Freysinger a beau parler fort et agiter les mains, il perd ce débat. En résumé, il évoque le fait que pour respecter l'État de droit, il n'est pas question d'aménager les lois civiles pour faire plaisir aux musulmans, ce qui serait le pied dans la porte vers des modifications de plus en plus radicales. Mais d'une part ça n'a rien à voir avec les minarets, d'autre part les exemples qu'il donne ne sont pas pertinents et Tariq Ramadan répète que le Coran stipule que les musulmans résidant dans un pays à majorité non musulmane doivent se soumettre aux lois locales, comme le montre l'échange partie 4 2:26-3:40 avec un autre membre de l'UDC.
À la lumière de ces déclarations, ce que Freysinger et consorts pourraient à la limite dénoncer est le complot diabolique suivant :
- Des musulmans commencent à s'installer en Europe. Ils respectent l'islam en étant soumis aux lois civiles du pays où ils résident, prioritaires sur les lois internes religieuses.
- Grâce à l'immigration et à la démographie (indice de fécondité supérieur), les musulmans deviennent la majorité de la population.
- Par le biais de la démocratie (tyrannie de la majorité), les musulmans changent les lois civiles du pays en celles de la charia.
- L'Europe est ainsi progressivement et démocratiquement islamisée, elle est "down by law".
À mon humble avis également, ce n'est pas un débat de très haute qualité, car les participants n'arrêtent pas de s'interrompre mutuellement, la modératrice n'arrête pas de changer de sujet, la régie n'arrête pas d'afficher des petites illustrations pendant que les intervenants parlent.
Au final, 57,5% des votants helvétiques ont approuvé l’interdiction de construire de nouveaux minarets, qui est donc rentrée en vigueur. C'est la démocratie.
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