Radjaïdjah Blog

vendredi 14 avril 2017

Les codeurs de l'ombre

Suite de l'article Robozzle (parlant de LightBot et Robozzle), sur les nouvelles méthodes pour apprendre à coder.

Publiée en français aux éditions 404, la série Les codeurs de l'ombre (VO : Secret Coders) (T1 T2 T3) raconte les aventures d'une élève arrivant dans une nouvelle école. C'est une série initiatique sur l'apprentissage de certains concepts de programmation (binaire, variables, fonctions).

Secret Coders Characters

Les éditions 404 ont également publié des variations littéraires des escape games, des escape books, sortes de livres-jeux dont le but est de s'echapper du livre. Par exemple : Prisonnier des Morts.

Tynker est également une approche ludique intéressante pour apprendre à coder.

Enfin, pour s'initier à la logique sous pression, signalons Keep Talking and Nobody Explodes (KTaNE pour les intimes), un jeu coopératif dont le but est de désamorcer des bombes en équipe. Le manuel de déminage a été traduit en français.

Tout cela est très prometteur, si vous connaissez des initiatives francophones similaires n'hésitez pas à les signaler en commentaire.

lundi 10 avril 2017

Lepainoutai

En 1993 Haruki Murakami publiait L'éléphant s'évapore, un recueil de nouvelles incluant deux récits étranges sur deux attaques de boulangeries. Ces deux nouvelles seront rééditées en 2012 dans le livre Les attaques de la boulangerie.

Vingt-quatre ans plus tard, voici... lepainoutai, chanson inspirée de Stromae.

Le Radjaïdjah Blog vous souhaite une bonne sortie d'Égypte !

lundi 6 juillet 2015

Printing booklets

For the record, here is the page order to print a brochure (A5 booklet) from a A4/letter documents (2 pages per sheet, landscape orientation, with short-edge border if in duplex mode). It might be applied to staroffice/openoffice/libreoffice, ms-word, and PDF documents.

  • 1-4 pages

single: 4,1 / 2,3
reverse: 4,1 / 2,3
duplex: 4,1,2,3

  • 5-8 pages

single: 8,1,6,3 / 2,7,4,5
reverse: 8,1,6,3 / 4,5,2,7
duplex: 8,1,2,7,6,3,4,5

  • 9-12 pages

single: 12,1,10,3,8,5 / 2,11,4,9,6,7
reverse: 12,1,10,3,8,5 / 6,7,4,9,2,11
duplex: 12,1,2,11,10,3,4,9,8,5,6,7

  • 13-16 pages

single: 16,1,14,3,12,5,10,7 / 2,15,4,13,6,11,8,9
reverse: 16,1,14,3,12,5,10,7 / 8,9,6,11,4,13,2,15
duplex: 16,1,2,15,14,3,4,13,12,5,6,11,10,7,8,9

  • 17-20 pages

single: 20,1,18,3,16,5,14,7,12,9 / 2,19,4,17,6,15,8,13,10,11
reverse: 20,1,18,3,16,5,14,7,12,9 / 10,11,8,13,6,15,4,17,2,19
duplex: 20,1,2,19,18,3,4,17,16,5,6,15,14,7,8,13,12,9,10,11

  • 21-24 pages

single: 24,1,22,3,20,5,18,7,16,9,14,11 / 2,23,4,21,6,19,8,17,10,15,12,13
reverse: 24,1,22,3,20,5,18,7,16,9,14,11 / 12,13,10,15,8,17,6,19,4,21,2,23
duplex: 24,1,2,23,22,3,4,21,20,5,6,19,18,7,8,17,16,9,10,15,14,11,12,13

  • 25-28 pages

single: 28,1,26,3,24,5,22,7,20,9,18,11,16,13 / 2,27,4,25,6,23,8,21,10,19,12,17,14,15
reverse: 28,1,26,3,24,5,22,7,20,9,18,11,16,13 / 14,15,12,17,10,19,8,21,6,23,4,25,2,27
duplex: 28,1,2,27,26,3,4,25,24,5,6,23,22,7,8,21,20,9,10,19,18,11,12,17,16,13,14,15

  • 29-32 pages

single: 32,1,30,3,28,5,26,7,24,9,22,11,20,13,18,15 / 2,31,4,29,6,27,8,25,10,23,12,21,14,19,16,17
reverse: 32,1,30,3,28,5,26,7,24,9,22,11,20,13,18,15 / 16,17,14,19,12,21,10,23,8,25,6,27,4,29,2,31
duplex: 32,1,2,31,30,3,4,29,28,5,6,27,26,7,8,25,24,9,10,23,22,11,12,21,20,13,14,19,18,15,16,17

jeudi 14 mai 2015

5x5 premières phrases

Le saviez-vous : on n'a qu'une seule fois l'occasion de faire une bonne première impression. C'est peut-être pourquoi Jerry Weissman mentionne l'importance des premières secondes lors d'une présentation (cf l'article sur l'art des présentations), qu'il illustre par la suite à l'aide de gambits d'ouverture[1].

Dans un livre c'est un peu la même chose (et dans les articles de blogs aussi d'ailleurs), le premier contact entre l'écrivain et le lecteur, au-delà de la couverture, est la première phrase. Un exemple fameux est l'essai Tristes Tropiques du voyageur et ethnologue Claude Lévi-Strauss, qui débute par le constat : Je hais les voyages et les explorateurs (cf L'art de voyager)

On s'en serait douté, il existe des livres dédiés aux premières phrases des romans, tels que Premières phrases des romans célèbres (2004) de Léon Mazella, ou Les 1000 premières phrases de romans célèbres (2009) de Philippe Loffredo, dont la quatrième de couverture annonce :

Plus que la simple amorce d’un texte, la première phrase est la clé qui ouvre la porte de l’imaginaire de l’auteur, provoquant un « appel d’imagination » comme une porte ouverte crée un appel d’air. Elle est le cordon ombilical qui relie l’âme de l’auteur à son roman balbutiant, et qu’il va immédiatement couper pour que celui-ci, comme un enfant, fasse ses premiers pas, avance doucement, puis se mette à courir et s’invente au fil des pages. Elle n’est pas forcément belle, ni originale. Mais elle est toujours précieuse, toujours émouvante, car elle symbolise le seuil du livre, le point de passage entre deux mondes, la main tendue de l’auteur au lecteur. Cet ouvrage n’a d’autre prétention que celle d’éveiller la curiosité, d’évoquer des souvenirs, d’émouvoir, de distraire et même d’amuser, bref d’emmener le lecteur dans un drôle de voyage en littérature, à travers toutes les époques et tous les pays.

Pour les livres scientifiques, c'est différent. Si le traité Mécanique quantique de Claude Cohen-Tannoudji, Bernard Diu, et Franck Laloë débute par un classique Il n'est pas nécessaire d'insister sur l'importance de la mécanique quantique en physique et en chimie modernes, ou que l'ouvrage Théorie des groupes : une approche intuitive de R. Mirman commence avec Le changement est l'essence de la vie, et de la physique, d'autres auteurs ont des entrées plus romanesques.

Donc, voilà un Jeu littéraire pour le lecteur : trouver les 25 romans + 2 intrus (livres scientifiques) dont les incipits sont donnés ci-dessous.

Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.

(solution) (solution)

Albert Camus, L'Étranger

Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.

(solution) (solution)

Leon Tolstoï, Anna Karénine

Au XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables.

(solution) (solution)

Patrick Süskind, Le Parfum

Lorsque Gregor Samsa se réveilla un matin après des rêves agités, il se trouva métamorphosé dans son lit en un monstrueux insecte.

(solution) (solution)

Franz Kafka, La Métamorphose

Am-tep était l'artiste en chef du roi, un artiste d'un talent achevé.

(solution) (solution)

intrus ! -> Roger Penrose, À la découverte des lois de l'univers

« C'est le moment de croire que j'entends des pas dans le corridor », se dit Bernard.

(solution) (solution)

André Gide, Les Faux-Monnayeurs

Je marmeladais un toast avec panache et je pense n'avoir jamais été aussi prêt de chanter « Tra-la-la » qu'à ce moment, car je me sentais dans une forme printanière ce matin-là.

(solution) (solution)

Pelgram G. Wodehouse, Gardez le sourire, Jeeves!

Lorsque j'avais six ans j'ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s'appelait 'Histoires Vécues'.

(solution) (solution)

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

Appelez-moi Ismaël.

(solution) (solution)

Herman Melville, Moby Dick

Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace.

(solution) (solution)

Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude

Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins.

(solution) (solution)

Vladimir Nabokov, Lolita

Une casquette de chasse verte enserrait le sommet ju ballon charnu d'une tête.

(solution) (solution)

John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles

Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame-de-la Garde signala le trois-mâts le Pharaon, venant de Smyrne, Tieste et Naples.

(solution) (solution)

Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.

Je n'ai jusqu'à présent livré au lecteur qu'un seul épisode du journal d'oncle Oswald.

(solution) (solution)

Roald Dahl, Chienne

« Eh oui ! il y a Dieu... mais il y a vos parents aussi, malgré tout, mon enfant !  »

(solution) (solution)

Henry de Montherlant, Port-Royal

Il était monté dans mon taxi boulevard Haussmann, un très vieux monsieur avec une belle moustache et une barbe blanche qu'il s'est rasées après, quand on s'est mieux connus.

(solution) (solution)

Romain Gary, L'angoisse du roi Salomon

Je rêve souvent de l'hôtel du Dauphin.

(solution) (solution)

Haruki Murakami, Danse, danse, danse

L'univers (que d'autre appellent la Bibliothèque) se compose d'un nombre indéfini, et peut-être infini, de galeries hexagonales, avec au centre de vastes puits d'aération bordés par des balustrades très basses.

(solution) (solution)

Jose Luis Borges, La Bibliothèque de Babel

Frédéric le Grand, roi de Prusse, arriva au pouvoir en 1740.

(solution) (solution)

intrus ! -> Douglas Hofstadter, Gödel, Escher, Bach

Alice Della Rocca détestait l'école de ski.

(solution) (solution)

Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers

Pour moi, dans cette causerie millésienne, je veux te présenter une suite variées, et caresser ton oreille bienveillante d'un aimable murmure, si toutefois tu ne dédaignes pas de jeter les yeux sur un papyrus égyptien revêtu d'écriture par la finesse d'un roseau du Nil ; tu verras avec émerveillement des êtres humains quitter leur figure et leur condition pour prendre une autre forme, puis réciproquement par un ordre inverse, se rechanger en eux-mêmes.

(solution) (solution)

Apulée, L'âne d'or ou les métamorphoses

À onze ans, j'ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes.

(solution) (solution)

Éric-Emmanuel Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

Bonne chance !

Vous pouvez laisser d'autres premières phrases de romans en commentaire.

Note

[1] Ces gambits d'ouverture (opening gambits) sont au nombre de sept, respectivement : une question, un factoïde, une rétrospective/perspective, une anecdote, une citation, un aphorisme, une analogie.

mardi 5 février 2013

Dieu placebo

Le pouvoir de l'imagination

Souvenons-nous de ce récit extrait de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu de la trilogie des fourmis de Bernard Werber :

Dans les années 50, un bateau container anglais transportant des bouteilles de Madère en provenance du Portugal débarque en Ecosse pour livrer sa marchandise. Un marin s'introduit dans le container de réfrigération pour vérifier s'il ne reste plus rien à livrer. Nul ne sait qu'il est entré et on referme la porte du container alors que l'homme est encore à l'intérieur. Il tambourine sur les cloisons, mais personne ne l'entend et le bateau repart pour le Portugal.

Le marin trouve de la nourriture dans ce lieu mais il sait qu'il ne pourra pas survivre très longtemps dans cette chambre froide. Il a pourtant la force de saisir un morceau de métal et il grave heure après heure jour après jour, le récit de son terrible martyre. Il énonce avec une précision scientifique son agonie. Comment le froid l'engourdit, comment ses doigts et ses orteils gélent. Comment son nez se transforme en pierre insensible. La morsure de l'air réfrigéré devient une véritable brûlure, son corps qui peu à peu devient un gros glaçon.

Lorsque le bateau jette l'encre à Lisbonne, on ouvre le container et on découvre l'homme mort de froid. On lit son histoire gravée sur les murs. Toutes les étapes de son calvaire y sont décrites avec force détails. Mais le plus extraordinaire n'est pas là. Le capitaine examine le thermomètre du container frigorifique. Il indique 20°C. En fait, le système de réfrigération n'avait pas été activé pendant tout le trajet du retour.

L'homme est mort de froid parce qu'il croyait que le système de réfrigération fonctionnait et qu'il s'imaginait avoir froid. Ce n'était que son imagination qui l'avait tué.

Récit fictif, néanmoins vraisemblable. La puissance de la suggestion et en particulier de l'auto-suggestion est à tel point reconnu par la science de nos jours[1] que les essais cliniques des médicaments se déroulent en aveugle[2] (la moitié de l'échantillon-test, le groupe expérimental, reçoit le médicament et l'autre moitié, le groupe contrôle un traitement ineffectif, et les participants ne savent pas ce qu'ils reçoivent) afin de filtrer l'effet placebo.

Qu'est-ce que l'effet placebo ?

Historiquement, l'effet placebo est le nom du mécanisme à l'origine de l'efficacité clinique d'une substance inerte chez un malade qui croit prendre un médicament pour sa guérison. Une situation de ce genre sur une échelle collective est rapportée par Patrick Lemoine dans son livre Le mystère du placebo :

Il est d’autres situations de recherche où le placebo a été utilisé à l’insu de presque tout le monde, à l’exception d’un ou deux protagonistes. C’est ainsi que Serge Follin, psychiatre français, a pu mettre en place un essai historique sur le Largactil, difficile à concevoir à l’heure actuelle sous le sourcilleux regard des comités d’éthique. La chlorpromazine (Largactil) a obtenu son autorisation de mise sur le marché en 1952 et a rapidement transformé la vie des institutions psychiatriques, permettant la sortie de plusieurs milliers d’aliénés jusque-là réputés incurables.

Cependant, le progrès qu’il représenta eut aussi un effet pervers. Se reposant uniquement sur leurs lauriers pharmacologiques, certains services abandonnèrent toute réflexion institutionnelle et toute tentative psycho-sociologique de désaliénation, paraphrasant le terrible jugement de Tite-Live sur la pax romaina : Ubi solitudinem, pacem appellant[3]. Finies les activités collectives, sorties, fêtes, bals, veillées, et tout ce qui transformait les services ouverts en communautés parfois assez chaleureuses. Une chape morne semblait s’être abattue sur l’asile. Et l’on vit se pérenniser sur les cahiers de pharmacie des prescriptions interminables que les patients un peu trop bien calmés avalaient immuablement, années après années.

Partant de ce constat, Follin tenta une expérience audacieuse. Il jeta son dévolu sur un pavillon ouvert, peuplé de malades chroniques. À l’insu de tout le personnel et, bien entendu des aliénés eux-mêmes, il remplaça subrepticement les gouttes de Largactil par un placebo identique dans sa présentation. Seuls trois médecins et un interne avaient été mis au courant. Ce service vétuste n’accueillait pas de nouveaux malades et formait une communauté chronique et stable de malades réputés difficiles mais généralement calmes. Les doses quotidiennes de Largactil allaient de 150 à 700 mg, la durée de traitement s’échelonnant entre 200 et 900 jours.

L’expérience a duré en tout neuf mois, du premier mai 1959 au premier février 1960. Sur les soixante-huit malades qui ont participé à l’étude, trente-neuf seulement ont été retenus pouir l’analyse ; vingt-neuf en ont été exclus : soit ils ont changé de pavillon, soit ils ont reçu des traitements associés. Il est évident qu’une des grandes faiblesses de cette publication réside dans l’absence de tout renseignement sur ces vingt-neuf exclus. Les résultats de cet essai n’en demeurent pas moins étonnants. La vie pavillonnaire resta inchangée et personne ne se douta une seconde de la « supercherie ». Les incidents ne furent ni plus ni moins nombreux qu’auparavant. De nombreuses modifications de traitements, avec augmentation ou réduction des dosages de placebo, furent effectuées par les internes du service ou de garde, tout ceci à la satisfaction générale. L’été venu, une délégation de malades demanda à retarder l’heure de la distribution du Largactil pour pouvoir profiter plus longuement des soirées ! Leur demande fut acceptée. Quelques patients insomniaques retrouvèrent le sommeil lorsque la dose fut augmentée ; d’autres qui somnolaient s’animèrent lorsque la posologie fut réduite. L’auteur put vérifier que l’élimination du « Largactil vrai » était lente puisque des érythèmes solaires se produisirent comme tous les ans, en début d’été, deux mois après mise sous placebo.

Au bout de neuf mois, on fit les comptes. Pas de changement clinique chez quinze patients dont neuf schizophrènes, deux « déséquilibrés thymiques », un éthylique, deux déments et un patient souffrant d’un syndrome atypique. Des aggravations furent notées chez un schizophrène et un dément chez qui la réapparition de l’agitation ne put être calmée que par des injections de Largactil « vrai ». Certaines améliorations furent telles qu'elles permirent la sortie de onze malades dont quatre schizophrènes, six « déséquilibrés thymiques » et un épileptique. Dans onze autres cas, les progrès furent nets mais insuffisants pour l’autoriser : six schizophrènes, un « déséquilibré thymique », un confus, un arriéré, deux patients jugés « atypiques » étaient concernés. Le total de l’expérience montrait donc vingt-deux améliorations, dix-sept « échecs » dont deux aggravations. Sur vingt schizophrènes, on comptabilisa dix améliorations dont quatre sorties et dix échecs dont une aggravation. Chez les « déséquilibrés thymiques », le succès fut global et manifeste : on y comptait sept améliorations dont six sorties et seulement une aggravation.

La neuroscience cherche à mieux comprendre l'effet placebo à l'aide de l'imagerie cérébrale ; ainsi la tomographie par émission de positrons (PET) a pu montrer que des patients atteints de la maladie de Parkinson augmentaient leur production de dopamine après la prise d'un placebo, soit le même mécanisme biochimique que celui déclenché par le traitement usuel (source).

L'importance conceptuelle et les implications de l'effet placebo sont probablement sous-estimées par la médecine et par la science en général. Les processus de guérison basés sur l'autosuggestion, comme l'autohypnose ou la méthode Coué (qui, d'un point de vue New-Age, suggèrent une domination de l'esprit sur la matière) sont bien connus mais scientifiquement peu documentés.

Une variante chère aux entraîneurs sportifs et coaches personnels est la pensée positive : se concentrer sur son but, le visualiser, l'imaginer accompli, aide à l'atteindre (cela entre plus ou moins consciemment en jeu lors de la mise en place d'objectifs). Évidemment, ce n'est pas la panacée ; si un coach demande à chacun des coureurs du marathon de Paris de remporter la victoire grâce à la pensée positive, alors il est certain que la méthode échouera dans 100% des cas[4], ce qui n'est pas très spectaculaire en termes d'efficacité.

Dieu comme placebo

Sur le plan matériel l'effet placebo est mesurable grâce aux indicateurs de santé que fournissent les analyses médicales. Mais si le monde matériel n'est qu'un reflet d'un monde spirituel plus abstrait, où les états sont moins facilement mesurables, tout porte à croire qu'il y a un analogue spirituel à l'effet placebo dont le mécanisme est basé sur la croyance : la religion.

Les systèmes de croyances sont en effet tellement puissants que la religion peut apporter des bénéfices réels pour la condition physique et la santé mentale (Johns Hopkins Medical Newsletter, Nov 1998). De nombreuses études soulignent en effet que les croyants vivent plus longtemps et en meilleure santé que les sceptiques, même en tenant compte du fait qu'ils ont la plupart du temps une vie plus sobre du fait de leur foi. D'un point de vue évolutionnaire, la bonne tenue des croyants malgré l'évolution de la science provient peut-être de leurs capacité à tisser de puissantes structures sociales et communautaires à travers les rites, cérémonies, fêtes, et traditions[5], qui créent et maintiennent de profonds liens de solidarité (source).

Où est le mal ?

Alors, si l'effet placebo des religions est réel et rend plus heureux, il paraît inutile et vain de s'attaquer à des croyances inoffensives autour de l'âge du monde, de la préscience colorimétrique de la bible, ou du pouvoir des pierres précieuses. Car enfin, où est le mal à nier la réalité des faits et à construire un système de croyances basé sur l'imaginaire collectif ?

Je préfère l'illusion au désespoir.[6]

Nelson Muntz

Mais bien sûr ce n'est pas si simple, car au-delà du fanatisme et des guerres de religions, les croyances religieuses peuvent causer du tort à des innocents, comme le note le site What's the harm[7] en recensant de nombreux cas de fondamentalistes qui pensent guérir leur enfant par le pouvoir de la prière au lieu de l'emmener chez un médecin, entraînant parfois sa mort. Il y a donc un équilibre à trouver entre assistance à personne en danger et respect des libertés individuelles[8].

Quant au judaïsme, qui n'aime pas trop la magie, il refuse d'utiliser la torah pour la guérison et demande de vivre dans une ville qui où se trouve au moins un médecin (source). Le judaïsme récuse la foi-placebo, intéressée, au profit d'une foi et surtout d'actes authentiques[9].

Ressources (en anglais) :

Notes

[1] Toutefois certaines études dans un contexte purement scientifique viennent contrebalancer ce point, sans pour autant remettre en cause l'existence de l'effet placebo dans le contexte médical (Hróbjartsson & Gøtzsche, Is the Placebo Powerless? An Analysis of Clinical Trials Comparing Placebo with No Treatment, 2001), cf aussi Skepdic.

[2] Afin de limiter l'influence de l'expérimentateur ou du comité de supervision, la démarche scientifique a également défini des protocoles en double aveugle et même en triple aveugle.

[3] « Là où ils font la solitude, ils l'appellent paix. »

[4] Disclaimer : chiffre arrondi au centième de point près.

[5] D'ailleurs, on peut penser que plus les rites communs sont absurdes, plus les liens sont renforcés grâce à l'unicité de l'expérience. C'est pour cela que lors des séminaires de teambuilding d'entreprises, les participants ne sont pas incités à aller au cinéma tous ensemble mais plutôt à marcher sur des braises ou à danser la macarena.

[6] VO : Some of us prefer illusion to despair.

[7] Le site parle également des conséquences de la négation de l'autisme et des scams 419. Dans le même style, l'homéopathie peut être dangereuse quand elle incite les malades à ne pas prendre de médicaments qui marchent, sans parler de ses coûts pour la Sécurité Sociale qui suscitent des interrogations à l'Académie Nationale de Médecine.

[8] Un peu comme en droit international l'équilibre entre devoir d'ingérence et respect de la souveraineté nationale est souvent délicat.

[9] Extrait : La sagesse juive authentique affirme qu'être en bonne santé est à la fois la condition et la conséquence d'une bonne vie, mais ce ne doit pas pour autant en être l'objectif. La religion juive authentique nous dit : Oui, prolonge ta vie, mais pour quoi faire ? Oui, deviens plus mince et plus souple, mais pour quoi faire ? Oui, recherche le plaisir, mais pour quoi faire ? Contempler cette question, « pour quoi faire ? » est le commencement de la sagesse spirituelle.

jeudi 27 décembre 2012

Peut-on reprogrammer le cerveau ?

Avant une réponse scientifique à cette question, que dit l'art sur le sujet ?

Les livres The Bourne Identity (Peter Ludlum) et L'Empire des Loups (Jean-Christophe Grangé) ainsi que les films The Manchurian Candidate et Cypher viennent entrenir les fantasmes des adeptes des théories du complot à ce sujet.

D'autres films comme Le Créateur ou Limitless se penchent sur la question : peut-on doper le cerveau ?

La programmation neuro-linguistique (PNL) peut sembler assez New-Age. Et pourtant, les chercheurs avancent que l'hypnose et les faux souvenirs sont des phénomènes bien réels.

On verra bientôt ce que dit la science à ce sujet.

mercredi 5 décembre 2012

Le Petit Prince 1998

Note : cet article a été soumis pour l'inscription au site des Cahiers du football, déjà mentionnés dans l'entrée sur l'open data footballistique.

On pourrait croire à première vue que le célèbre livre d'Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince (1943) est un innocent conte pour enfants. Mais une lecture approfondie vient nous révéler que celui-ci contient de puissantes prédictions !

Le petit prince couché dans l'herbe

Lire la suite...

jeudi 15 novembre 2012

Can one grow intuition?

This is the 100th entry on the blog! Cheers!

After the 2012 US elections, statistician Nate Silver has known his fifteen minutes of fame when it appeared that his predictions regarding the results had been fulfilled despite the strong opposition by a good number of opponents.

Now, the same Nate Silver had previously authored The Signal and the Noise - Why so many predictions fail, but some don't, where he reports an anecdote about the 1997 Kasparov vs Deep Blue match (mentioned in the entry about the future of information science).

Nevertheless, there were some bugs in Deep Blue’s inventory: not many, but a few. Toward the end of my interview with him, [Murray] Campbell somewhat mischievously referred to an incident that had occurred toward the end of the first game in their 1997 match with Kasparov. “A bug occurred in the game and it may have made Kasparov misunderstand the capabilities of Deep Blue,” Campbell told me. “He didn’t come up with the theory that the move it played was a bug.” The bug had arisen on the forty-fourth move of their first game against Kasparov; unable to select a move, the program had defaulted to a last-resort fail-safe in which it picked a play completely at random. (...) Kasparov had concluded that the counterintuitive play must be a sign of superior intelligence. He had never considered that it was simply a bug.

Years later, at a authors@google talk interesting to have a look at in its entirety, Garry Kasparov (whose famous game against Topalov can be seen here) is asked if he relies on intuition to make decisions in chess[1]. His answer:

It's the most valuable quality of a human being in my view. Yeah, it's probably... we live at a time when we just want to touch something before we can make our opinion about the subject. I believe that intuition is like any other muscle. So, like people know that if you go to the gym you improve your physical conditions, they know that for training memory, there're also exercises, but intuition is the same. So you have to learn how to trust your intuition. My view is that we similarly undermine the importance of intuition because intuition means taking too much risk. And we, whether we like it or not, we live in a risk adverse culture. And intuitive decision very often cannot be explained into terms that should be required by corporate cullture or by your other family members. So, in my view, by adding this quality of intuition to the decision-making process, we can dramatically improve the results.

"Can intuition be developed?" is half-counter-intuitive, so to say, in the sense that people who have good intuition will say "yes", and people who have a bad intuition will say "no". Still, anyone can observe that a common quality shared by the chess player Bobby Fischer (evoked in the movie Searching for Bobby Fischer), and the poker player Stu Ungar[2] (whose life is narrated in High Roller: The Stu Ungar Story) is that both had a very powerful intuition. Everyone can draw his own conclusions.

Notes

[1] The next question in the talk is about the importance of psychology. From Kasparov's answer: "It could actually work in a very strange way when you're facing the computer because many computers, even today, have their own strengths and own weaknesses. And if you can understand so it may help you to design the game which will be the most unpleasant for certain computer. Because it's actually machine, it might sound very odd, but machine definitely has a "personality" and it very much depends on the people behind the computer. So, some of the machines are playing more aggressive chess; some play less aggressive chess. And again, I don't know whether it's an irony or not, but the Israeli-made computers are more aggressive than the German-made computers."

[2] Stu Ungar, jewish, clever, lover of poker, died of a heart failure due to his excesses.

mercredi 19 septembre 2012

Micro-intro au poker

Historiquement un jeu fermé à cinq cartes par personnes, le poker a énormément gagné en popularité avec la création de variantes ouvertes, c'est-à-dire où des cartes sont mises en commun entre les joueurs.

Au Texas hold'em, chaque joueur possède deux cartes et peut miser. Sont ensuite distribuées les cartes en commun : d'abord trois, le flop, puis une quatrième, la turn, et enfin une cinquième, la rivière.

Au Omaha, le système est le même, mis à part que chaque joueur a au début quatre cartes et doit forcément constituer sa main avec deux cartes personnelles et trois cartes du tableau.

Comment apprendre ?

Un bon livre pour l'initiation à la théorie est Play Poker Like The Pros, de Phil Hellmuth, un ancien champion de poker.

Un bon site francophone et gratuit pour la pratique est o-poker, avec beaucoup de choix (cash games, tournois, hold'em, omaha, heads up, speed games, etc).

Life is like a game of cards. The hand that is delt represents your determinisim, the way you play it is free will

Jawaharal Nehru

mercredi 5 septembre 2012

La contractualisation des progrès

En sport comme dans d'autres domaines de la vie, la fixation d'objectifs s’est avérée l’un des mécanismes de motivation les plus simples et les plus efficaces pour progresser et parvenir à ses fins.

La page 30 du guide des entraîneurs de Special Olympics, un organisme développant la pratique sportive chez les handicapés, explique pourquoi il est important d'avoir des objectifs étant :

  • mesurables et spécifiques
  • difficiles mais réalistes
  • à court et à long terme
  • positifs et négatifs
  • etc.

Christophe Carrio ne dit pas autre chose :

Les objectifs ont une action puissante et directe sur la motivation et l’énergie. Ils agissent également sur l’état émotionnel (baisse de l’anxiété) et la confiance en soi (renforcée). Mal construits ou mal définis, les objectifs peuvent déstabiliser la personne et avoir les effets opposés – la confiance et la motivation peuvent être anéanties.

Les objectifs doivent être précis, datés et mesurables pour maintenir la motivation. Ces trois qualités sont indissociables quel que soit l’objectif, à court, moyen ou long terme. Les baisses de motivation sont souvent liées à des objectifs flous. « Je veux avoir un beau corps » « Je veux être fine » « Je veux me sentir moins molle » ... sont des objectifs trop vagues. En revanche « je veux perdre un tour de taille d’ici 3 mois », « je veux courir plus vite sur tel parcours et me sentir plus tonique sur chacune de mes foulées en 3 mois », « je veux effectuer 10 muscle up, ou 100 pompes dans 3 mois » sont des objectifs beaucoup plus précis.

Vos objectifs doivent être ambitieux, difficiles à atteindre mais raisonnables. Un objectif, pour être efficace, ne doit pas être déstabilisant et doit se situer au bon niveau. Trop bas, il provoque l’ennui, voire la régression et donc une perte de motivation. Trop important, il entraîne déception, frustration, perte de confiance en soi et stress face à l’échec. Il faut donc se méfier des objectifs trop rigides, sans marge d’échec.

Un objectif à long terme se décline d’abord à court et moyen terme. On peut multiplier les objectifs dans tous les secteurs de sa vie, sachant que rien n’est jamais étanche, une joie ou une déconvenue dans un secteur rejaillit sur tous les autres. Plus les objectifs sont bien déclinés à court et moyen terme et plus vous serez concentrés, focalisés et vous aurez l’énergie nécessaire pour les mener à bien en dépit des tracas et de tous les impondérables du quotidien.

Écrire ses objectifs sur papier -où sur octets-, c'est bien, et c'est un euphémisme. Toutefois la psychologie contemporaine vient nous dire que la motivation pour les accomplir peut être démultipliée lorsque ceux-ci prennent une tournure contractuelle.

Le site stickK propose ainsi d'établir des contrats d'engagement (commitment contracts) allant dans cette optique[1]. Le principe sous-tendant l'efficacité des objectifs contractuels est, selon la FAQ (traduction assez libre) :

Nous commençons tous par vouloir atteindre nos objectifs, mais la plupart du temps il n'y a simplement rien qui nous force à nous conformer à notre parole. En signant un contrat d'engagement, ne pas tenir sa promesse devient beaucoup plus difficile.

Sans trop rentrer dans les détails, trois exemples fictifs de tels contrats d'engagements :

  • Si je n'obtiens pas ma ceinture jaune de judo, je devrai donner 100 euros à l'UNICEF.
  • Si je ne cours pas le prochain marathon de Paris en moins de quatre heures, alors tous mes amis seront informés de cet échec et se moqueront de moi.
  • Si je ne perds pas dix kilos d'ici trois mois, je devrai verser un mois de mon précieux salaire au front national (lose it or lose it).

Autrement dit, la méthode consiste à augmenter artificiellement la priorité d'un objectif en corrélant son non-accomplissement à des conséquences bien plus négatives que celles de l'échec seul. Un objectif mineur ou insuffisamment motivant est ainsi transformé en objectif majeur via sa contractualisation[2]. Dès lors que le « pourquoi » devient si important, le « comment » suit.

En résumé, internet et psychologie au service du sport, et de la vie.

Hat man sein warum? des Lebens, so verträgt man sich fast mit jedem wie?[3]

Friedrich Nietzsche, Götzen-Dämmerung

Notes

[1] D'après les créateurs du site, il a été prouvé les contrats d'engagement peuvent tripler les chances de succès. C'est hélas une affirmation tellement floue qu'il est plus simple de la laisser aux marketing guys.

[2] Pour reprendre les mots de Tim Ferriss dans The four-hour body (4HB pour les intimes) : Most people have an insufficient reason for action. The pain isn’t painful enough. It’s a nice-to-have, not a must-have. Le livre défend aussi l'importance de la mesurabilité des objectifs : To eliminate words you shouldn’t use in body redesign, the question to ask is: can I measure it? “I just want to be healthy” is not actionable. “I want to increase my HDL cholesterol and improve my time for a one-mile jog (or walk)” is actionable. “Healthy” is subject to the fads and regime du jour. Useless..

[3] Celui qui a son pourquoi dans la vie peut affronter n'importe quel comment. (Le crépuscule des idoles)

jeudi 9 août 2012

The future of our societies

The world is changing, and it's hard to tell in which direction it evolves. Far from the ancient descriptions of potential ideal societies toward which it could incline, it seems, for unclear reasons, that most of the foretellers' trends are characterized by pessimistic notes. Indeed, what does our best predictor, art, have to say? Various fictitious devastated states of the world have been depicted as direct consequences of human activities. Planet of the Apes shows a return to primary civilizations after a nuclear warfare. Other uncareful and destructive behaviors may lead to climatic disasters according to The Day after Tomorrow and desolating droughts (combined with famine because of ressource consumption) according to Soylent Green. More humorously, intellectual decadence has been addresed in Idiocracy.

A few futuristic movies have envisioned societies where feelings are suppressed and with a high culture for performance. They share a common idea: escaping from a utopian but dehumanized world to conquer freedom. In Gattaca, a transhumanist society, a member of the underclass of humans, the kind employed to do menial jobs,[1] tries to infiltrate the elite to fulfill his dream : travelling to the stars. In Equilibrium rulers use a drug, Prozium, to annihilate feelings, which are illegal. The Island presents a world where people are raised to work until one day where they are elected to go to "the Island", a paradise. In his review of the movie, the most famous film critic, Roger Ebert, notes that (spoiler warning) it was a little eerie, watching "The Island" only a month after reading Kazuo Ishiguro's new novel Never Let Me Go. Both deal with the same subject: raising human clones as a source for replacement parts. The creepy thing about the Ishiguro novel is that the characters understand and even accept their roles as "donors," while only gradually coming to understand their genetic origins. They aren't locked up but are free to move around; some of them drive cars. Why do they agree to the bargain society has made for them? The answer to that question, I think, suggests Ishiguro's message: The real world raises many of its citizens as spare parts; they are used as migratory workers, minimum-wage retail slaves, even suicide bombers.

In the past, some authors have been quite successful at describing the future on Earth. A classical example concerns the duo formed by George Orwell's 1984 and Aldous Huxley's Brave New World. In the foreword of his book Amusing ourselves to death, the media theorist Neil Postman[2] holds that what Orwell feared were those who would ban books. What Huxley feared was that there would be no reason to ban a book, for there would be no one who wanted to read one. Orwell feared those who would deprive us information. Huxley feared those who would give us so much that we would be reduced to passivity and egoism. Orwell feared that the truth would be concealed from us. Huxley feared the truth would be drowned in a sea of irrelevance. Orwell feared we would become a captive culture. Huxley feared we would become a trivial culture, preoccupied with some equivalent of the feelies, the orgy porgy, and the centrifugal bumblepuppy. These remarks are illustrated here and in a different manner there; they show how Orwell's and Huxley's visions match, in some measure, our contemporary world. And everyone of us can do something about it.

Notes

[1] Such inequalities are also depicted in In Time, by the same director, where money is replaced by a lifetime counter, literally revealing that today, not only time is money, but also money is time.

[2] Neil Postman has also insightful views on education and the disappearance of childhood. As he puts, children are the living messages we send to a time we will not see.

mercredi 7 mars 2012

Storytelling

Savoir raconter les histoires n'est pas chose aisée, et que ce soit dans dans le domaine des contes pour enfants, des conférences scientifiques, ou des discours politiques, il y a toujours lieu de s'améliorer.

Évidemment, le contexte est important.

Pour les histoires pour enfants, le conteur choisira peut-être de se mettre dans la peau du Malka des lions de Joann Sfar et relater des récits où s'entremêlent amour et terreur.

Pour les conférences scientifiques, il s'agira de s'adapter au public, montrer de belles images, et suivre les conseils de Valerio Scarani.

Pour les discours politiques, les orateurs s'attèleront à présenter des chiffres convaincants et faire preuve de rhétorique sophistiquée.

Finalement, le storytelling peut être considéré comme un art, comme le montrent Andrew Stanton ou Nancy Duarte (c'est même un thème à TED).

mardi 6 mars 2012

Ce que Fantasia doit aux Français

En 2009 sortait un roman de Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à là nuit, un beau titre pour un livre qui fut par la suite accusé de plagiat sur le roman de Youcef Dris, Les Amants de Padovani.

L'occasion de rappeler que Fantasia, un fameux dessin animé de Walt Disney, dont une deuxième version parut en 1999, doit musicalement beaucoup aux compositeurs français tels que Camille Saint-Saëns (Le Carnaval des Animaux) et surtout Paul Dukas (L'apprenti-sorcier, thème musical de Der Zauberlehrling écrit cent ans plus tôt par Goethe).

Fantasia 2000

Dans Fantasia 2000, l'épisode de l'apprenti-sorcier (ou apprenti-magicien ?) qui se brûle aux ailes de la vie, est d'ailleurs présenté par les illusionnistes Penn & Teller.

Le rapport avec le blog est bien sûr que certains scientifiques sont peut-être quelque part des apprentis-sorciers.

vendredi 27 janvier 2012

2% des statistiques sont fausses

Grâce aux statistiques, il est possible de se représenter un fait ordinaire comme une coïncidence extraordinaire, peut-être dans l'esprit du miracle des 5 couleurs.

Les statistiques, c'est bien connu, sont comme les bikinis : ce qu'elles révèlent est suggestif, ce qu'elles dissimulent est essentiel.

Exemple très simple (et très classique) : vous passez un test afin de déterminer si vous êtes touché-e par une maladie mortelle qui affecte une personne sur 10 000. Le test est fiable à 99%. Vous êtes positif-ve. Quelle est la probabilité que vous soyez atteint-e par la maladie (réponse dans le Ted Talk ci-dessous) ?

Le fait que les statistiques et probabilités soient parfois difficiles à comprendre et à interpréter a certains avantages (qui ne seront pas détaillés ici) mais peut également être néfaste.

Ainsi, le statisticien Peter Donnelly[1] expose lors d'un Ted Talk le cas d'un procès où non seulement l'expert appelé à témoigner présente des conclusions statistiques erronées en regard des faits, mais en plus un journaliste[2] vient empirer la situation. Et, comme chacun le sait même sans avoir vu Twelve Angry Men, les membre du jury sont potentiellement très influençables par les statistiques qui leur sont fournies.

Sur un autre registre, de nombreux politiciens[3] et leurs communiquants manipulent les chiffres afin de présenter des constats biaisés, avant de proposer leurs programmes. Les livres suivants éclairent un peu le sujet :

  • How to Lie with Statistics (Comment mentir avec des statistiques) de Darrell Huff
  • Fooled by Randomness (Le Hasard sauvage), de Nassim Nicholas Taleb
  • Freakonomics de Steven Levitt

Certaines de ces intoxications statistiques sont parfois plus ou moins bien relevées.

Sans transition aucune, l'Université de Genève organise durant onze mois une exposition ponctuée d'une série d'événements sur les probabilités. Les animateurs du site RTSdécouverte.ch se sont associés à la démarche en réalisant, en collaboration avec des scientifiques de l'Université, un cahier pédagogique pour inviter le public à se frotter aux mathématiques sans perdre le sourire. : les jeux sont faits.

Statistical thinking will one day be as necessary for efficient citizenship as the ability to read and write.

H. G. Wells

Addition (novembre 2012) : comment Fox News désinforme ses téléspectateurs (assez drôle).

Notes

[1] Il explique également pourquoi, lors d'une succession de tirages à pile ou face, les premières séquences pile-face-face et pile-face-pile n'apparaissent pas en même temps en moyenne.

[2] Non, rien.

[3] Peut-être que ce passage justifierait que l'entrée soit dans la catégorie Politique et pas Science.

mardi 17 janvier 2012

Le miracle des 5 couleurs

C'est beau, les miracles. Mais ils sont rares de nos jours. Heureusement, un article de JSS News daté d'il y a environ deux ans, intitulé Un scientifique prouve que dans la Torah, tout est lié vient présenter une connexion inédite entre la Torah, écrite il y a au moins deux mille ans, et le spectre de la lumière visible (c'est-à-dire la correspondance entre couleur d'une lumière et la fréquence des ondes qui la propagent), découvert il y a seulement quelques siècles. Extrait :

Tout est parti d’une simple question. “Depuis des années, elle titillait ma curiosité : régulièrement, je me demandais si la valeur numérique des noms de couleurs apparaissant dans la Bible pouvait avoir un rapport quelconque avec leur fréquence d’onde”, raconte Haïm Shore, professeur à l’université Ben Gourion du Néguev. “Question extravagante en vérité. Pourquoi en serait-il ainsi ? En fin de compte, pour m’amuser, j’ai vérifié. Et les bras m’en sont tombés ! Il pouvait s’agir d’une sacrée coïncidence, mais toujours est-il qu’il existait bel et bien un lien linéaire : le nom hébraïque des couleurs reflète leur fréquence d’onde !”

La méthodologie employée était simple : Shore a pris les noms des cinq couleurs mentionnées dans la Bible, le rouge (“adom”), le jaune (“tzahov”), le vert (“yerakone”), le bleu (“tchélète”) et le violet ou magenta (“argamane”) et il a calculé leur valeur numérique en additionnant pour chacun la valeur de ses lettres : aleph correspondant à un, beth à deux, etc. Puis il a réuni le tout dans un graphique : la fréquence d’onde de chaque couleur, établie scientifiquement, sur l’axe vertical, la valeur numérique du nom de ces couleurs sur l’axe horizontal.

“Je n’en ai pas cru mes yeux”, se remémore le scientifique. “Les cinq points du graphe formaient une ligne droite ! Autrement dit, les noms des couleurs correspondaient à leurs fréquences d’ondes respectives ! Et je n’avais manipulé aucun chiffre ! En voyant cela, j’étais comme un lion en cage, je faisais les cent pas dans mon bureau, je ne parvenais pas à y croire.

5 couleurs de la Bible, et leur fréquence

Et nous, allons-nous parvenir à y croire ?

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jeudi 12 janvier 2012

Les quatre accords toltèques

Après le voyage hindou, une question se pose : qu'en est-il du côté des toltèques ?

Les quatre accords toltèques est un livre de Miguel Ángel Ruiz, très apprécié chez les adeptes du New Age (ceux-là mêmes qui affirment que nous n'utilisons que 10% de notre cerveau).

Le livre est une sorte de manifeste présentant l'essence de l'éthique toltèque, qui peut se résumer en quatre règles, ou "accords"[1] :

  1. Sois impeccable dans ta parole - Parle avec intégrité, ne dis que ce que tu penses vraiment. N'utilise pas la parole contre toi-même, ni pour médire d'autrui.
  2. Ne prends rien personnellement - Tu n'es pas la cause des actes d'autrui, ce que les autres disent et font n'est qu'une projection de leur propre réalité, de leur rêve.
  3. Ne présuppose pas - Aie le courage de poser des questions et d'exprimer tes vrais désirs. Communique clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.
  4. Fais toujours de ton mieux - Quelles que soient les circonstances, fais simplement de ton mieux et tu éviteras les regrets.

Notes

[1] En opposition avec la simplicité des accords toltèques, le judaïsme comporte 613 commandements, dont certains sont très compliqués.

lundi 12 décembre 2011

Impôts et réforme fiscale

Dans un monde idéal, nous devrions être contents de payer des impôts. Les impôts sont l'incarnation d'une politique d'intérêt général dans une société. Seulement voilà, en France, pour beaucoup, le système d'imposition est peu réjouissant. Pourquoi ? Hé bien, entre autres pour les raisons suivantes :

  1. Le code fiscal (cf son sommaire) est incompréhensible, et son déchiffrage complique considérablement la vie des citoyens, même dans les cas les plus simples.
  2. Du fait des complexes couches d'abattements, exceptions, réductions, et autres dérogations, les contribuables les plus aisés, appuyés par des conseillers fiscaux (dont l'existence même de la profession est assez révélatrice), payent concrètement moins d'impôts que les plus démunis[1], créant chez ces derniers un sentiment d'injustice face à ce système en pratique dégressif (et même... en théorie, avec les barèmes actuels)[2].
  3. Un autre sentiment d'injustice provient d'inégalités au regard de certains traitements, par exemple les différentes taxations sur les revenus du travail et du capital.
  4. Le gouvernement est assez opaque sur son fonctionnement (constitutions de caisses, de "cagnottes", de fonds secrets, communication peu claire des budgets), ce qui jette le doute sur la pertinence de l'utilisation des deniers publics.
  5. Le gouvernement réussit souvent à gaspiller/dilapider de l'argent public, et en outre certains élus sont adeptes des dépenses somptuaires, semant l'idée que les élus vampirisent l'argent des contribuables à leur seul bénéfice.

Rap-tout

Les deux derniers points cités concernent la transparence, la probité, et l'intelligence gouvernementales, certes un vaste programme. Toutefois, cette entrée se penche sur les trois premiers, qui sont focalisés sur le système fiscal lui-même. La perception généralisée d'un système illisible et inéquitable est certainement néfaste à la cohésion sociale, et c'est dans un certain contexte de défiance contemporaine que trois économistes, Camille Landais, Thomas Piketty, et Emmanuel Saez ont écrit un petit livre, "Pour une révolution fiscale", dont le but est double[3] :

  1. descriptif - présenter le système fiscal actuel et identifier ses faiblesses (en justifiant parfois pourquoi elles existent),
  2. prescriptif - proposer une réforme qui tente de remédier à ces défauts.

En très très résumé, les auteurs montrent qu'au-delà de la complexité du système, le taux d'imposition global est progressif pour les classes populaires et les classes moyennes, puis devient régressif pour les classes aisées. Face à ce constat, ils proposent alors une simplification drastique du système associé à un rééquilibrage des taux d'imposition, tout en laissant le taux moyen de prélèvements obligatoires inchangé. Parmi les mesures proposées, signalons pèle-mêle :

  • l'individualisation de l'impôt avec simplification des règles de quotient familial
  • la fusion de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et de la contribution sociale généralisée (CSG) en un unique impôt progressif, prélevable à la source
  • la création d'une cotisation patronale généralisée
  • la suppression d'un certain nombre de niches fiscales, dont le bouclier fiscal

Idéalement, notent les auteurs, la question des impôts est en effet tout sauf technique : il s’agit d’une question éminemment politique et philosophique.

Le livre Landais-Piketty-Saez est en fait la partie émergée de l'iceberg d'un logiciel que les auteurs ont développé, un simulateur de système fiscal, associé à un site internet présentant leur projet. Le logiciel, combiné avec les agrégats statistiques fiscaux nationaux de ces dernières années, sous-tend l'ensemble de l'étude. Dès lors, il est appréciable que ces éléments (programmes + données) soient disponibles sur ledit site.

Pourquoi est-ce important ? Parce que le fait que le code source du logiciel et les données fiscales utilisées soient accessibles implique que les résultats des simulations peuvent être reproduits indépendamment[4]. Cette reproductibilité assure l'aspect réel des résultats présentés, dont chacun peut alors vérifier qu'ils ne tombent pas du ciel - c'est le principe de la démarche scientifique.

Les auteurs insistent sur la primauté de leur démarche, et de leurs résultats. Ils notent que ce type de simulateur n’était jusqu’ici disponible que dans les ministères des Finances et dans certains pays au sein des Parlements (comme aux États-Unis, avec le Congressional Budget Office). En France, ni l’Assemblée nationale ni le Sénat ne disposent de ce type d’outil, et les députés doivent s’adresser à Bercy pour obtenir un chiffrage à chaque fois qu’un nouvel amendement fiscal ou budgétaire est proposé. Cela limite singulièrement la capacité d’initiative et de contrôle du pouvoir législatif, et signe la domination en France du pouvoir exécutif. À titre de vérification, il serait intéressant de voir à quel point les simulations du programme des auteurs concordent avec celles de Bercy. Cela dit, en vertu d'une transparence toujours plus exigible, il est étonnant que cet outil gouvernemental soit à ce point peu diffusé, et qu'un tel service émane d'une initiative provenant du milieu universitaire.

Relevons pour finir que ce projet s'inscrit dans la logique de l'utilisation d'internet au service de la politique, et de l'opendata.

Notes

[1] Un exemple au hasard, un montage subtil pour payer moins de droits de succession basé sur la connaissance de la fiscalité néerlandaise. Ce n'est pas un très bon exemple puisque basé sur des lois extra-nationales, mais ça donne une idée des procédures à connaître et savoir appliquer.

[2] Dans l'autre sens, certains contribuables ultra-libéraux considèrent que l'impôt est un racket gouvernemental, et verront en la fraude ou l'évasion fiscale un impératif moral.

[3] Parfois le texte laisse transparaître un peu de is-ought mais dans l'ensemble la distinction entre ces deux facettes est assez claire.

[4] Il y a néanmoins un inconvénient, de taille : il faut disposer du logiciel populaire mais non-libre (et payant, et cher) Stata, ce qui signifie qu'en pratique une proportion infime de gens est à même d'étudier le logiciel, le site internet n'étant qu'une interface permettant d'exploiter seulement quelques-unes de ses possibilités.

vendredi 9 décembre 2011

Toute la Bible expliquée en une phrase de la Bible

Exode 30:22-23

וידבר יהוה אל משה לאמר ׃ ואתה קח לך בשׁמים ראש מר דרור חמש מאות וקנמן בשׁם מחציתו חמשים ומאתים וקנה בשׁם חמשים ומאתים ׃

(explication)

lundi 5 décembre 2011

OuLiPo

OuLiPo ? Ouvroir de Littérature Potentielle. L'OuLiPo se définit d'abord par ce qu'il n'est pas :

  • Ce n'est pas un mouvement littéraire.
  • Ce n'est pas un séminaire scientifique.
  • Ce n'est pas de la littérature aléatoire.

La Disparition est un roman lipogrammique de Georges Perec, ne comportant pas la lettre 'e'. Quelques années plus tard, l'auteur publia son antithèse, Les Revenentes.

Le Train de Nulle Part est un roman en 233 pages, écrit par Michel Dansel (sous le pseudonyme de Michel Thaler) en 2004. Sa particularité ? Le livre est entièrement rédigé sans aucun verbe.

Quelle aubaine ! Une place de libre, ou presque, dans ce compartiment. Une escale provisoire, pourquoi pas ! Donc, ma nouvelle adresse dans ce train de nulle part : voiture 12, 3e compartiment dans le sens de la marche. Encore une fois, pourquoi pas ?

Enfin, un des plus célèbres textes liés à l'OuLiPo est Exercices de style, de Raymond Queneau. Selon Wikipédia, "Exercices de style'' est un brillant exemple d'une contrainte littéraire (écrire 99 fois la même histoire) en tant que moteur créatif et constitue à ce titre un texte précurseur du mouvement Oulipo dont Raymond Queneau sera l'un des fondateurs. La présence d'une deuxième contrainte (chaque version de l'histoire doit illustrer un genre stylistique bien particulier) apparaît à la lecture des titres des 99 versions de l'histoire :

Notations, En partie double, Litotes, Métaphoriquement, Rétrograde, Surprises, Rêve, Pronostications, Synchyses, L'arc-en-ciel, Logo-rallye, Hésitations, Précisions, Le côté subjectif, Autre subjectivité, Récit, Composition de mots, Négativités, Animiste, Anagrammes, Distinguo, Homéotéleutes, Lettre officielle, Prière d'insérer, Onomatopées, Analyse logique, Insistance, Ignorance, Passé indéfini, Présent, Passé simple, Imparfait, Alexandrins, Polyptotes, Aphérèses, Apocopes, Syncopes, Moi je, Exclamations, Alors, Ampoulé, Vulgaire, Interrogatoire, Comédie, Apartés, Paréchèses, Fantomatique, Philosophique, Apostrophe, Maladroit, Désinvolte, Partial, Sonnet, Olfactif, Gustatif, Tactile, Visuel, Auditif, Télégraphique, Ode, Permutations par groupes croissants de lettres, Permutations par groupes croissants de mots, Hellénismes, Ensembliste, Définitionnel, Tanka, Vers libres, Translation, Lipogramme, Anglicismes, Prosthèses, Épenthèses, Paragoges, Parties du discours, Métathèses, Par devant par derrière, Noms propres, Loucherbem, Javanais, Antonymique, Macaronique, Homophonique, Italianismes, Poor lay Zanglay, Contrepèteries, Botanique, Médical, Injurieux, Gastronomique, Zoologique, Impuissant, Modern style, Probabiliste, Portrait, Géométrique, Paysan, Interjections, Précieux, Inattendu.

Notations :

Dans l'S, à une heure d'affluence. Un type dans les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s'irrite contre un voisin. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu'il passe quelqu'un. Ton pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une place libre, se précipite dessus.

Deux heures plus tard, je le rencontre Cour de Rome, devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un camarade qui lui dit : « Tu devrais faire mettre un bouton supplémentaire à ton pardessus. » Il lui montre où (à l'échancrure) et pourquoi.

lundi 21 novembre 2011

Secrets and light

Is a book relating the history of quantum key distribution needed? For sure.

As quantum key distribution (QKD) becomes more and more used to encrypt data on networks, there is an emerging need for a popular account of its history. QKD is, after all, the first real-world application taking advantage of the quantum properties of particles at the individual level. Hence, such a book is craving to be authored. The outline could be along the lines of[1]:

  1. Motivational introduction - How real-world quantum key distribution was used in referendums in Geneva or during the 2010 soccer world cup in South Africa.
  2. Brief history of classical cryptography - as described in Simon Singh's Code Book and in Bruce Schneier's Applied Cryptography.
    1. The first steps of cryptography - Caesar, Vigenère, steganography, etc
    2. Cryptography goes professional - 20th Century: encryption systems become weapons (WWII with Enigma, DES and PGP later)
    3. A short review of modern mathematical cryptography
      • Private key cryptography: one-time pad, Blowfish, AES, ...
      • Public key cryptography: Diffie-Hellmann, El-Gamal, RSA
  3. The advent of physical cryptography
    1. An anecdotal side effect of QM formalism - Wiesner70, BB84, Ekert91
    2. The cornerstone of QKD - the no-cloning theorem
    3. Overview of a QKD scheme e.g. BB84; from the photon source to the sifted key
    4. Ideas underlying security proofs - what is the QBER, why it is important
    5. What isn't QKD
      • QKD isn't a method for encryption, but for key distribution, to be combined with symmetric encryption
      • QKD's security isn't unconditional (problem of authentication, QKA)
    6. History of QKD achievements - in terms of speed, distances...
  4. From laboratories to commercial systems
    1. Who is interested in QKD
    2. Arguments in favour of QKD
      • time-vulnerability of asymmetric encryption
      • detection of eavesdroppers
    3. History of pioneer start-ups - idQ, MagiQ, Smartquantum, ...
  5. Attacks against QKD: quantum hacking
    1. Simple attacks, simple remedies
    2. Security holes due to implementation
    3. Attacks on commercial systems as a proof of maturity
    4. Competition between defenders and attackers
  6. Connections
    1. Bit commitment
    2. Quantum private queries
    3. Positional authentication
    4. Teleportation
  7. Perspectives
    1. The problem of the unknown dimension of Alice and Bob's Hilbert space
    2. Device-independent QKD - connection with nonlocality and violation of Bell inequalities
    3. Post-modern security of QKD
  8. Technical appendixes
    1. Formalism of BB84
    2. RNG, QRNG, DIQRNG

In the end, the remaining question is: who will write it?

Notes

[1] This outline draft is likely to be updated at random moments.

vendredi 28 octobre 2011

The future of science

This Wednesday, particle physicist Lisa Randall was invited on Jon Stewart's Daily Show whose topic was... science, its facets and its effects. To observe how science is perceived by some people (skip directly to 5:20) could be somehow depressing, but at the same time it is refreshing because it causes a lot of us scientists to leave for a few seconds our ivory towers (or our cardboard ones in France) where we feel clever and indispensable to humanity.

Nevertheless, this entry is rather about the ongoing shift in the way science is done and presented. Indeed, it is hard to imagine that so far, mainstream science has been hardly affected by the advent of the internet (although most publications are now available online). To put it a bit provocatively, science undergoes a long tradition of inertia and intrinsic resistance to change. And in today's world, this appears not only as paradoxical, since scientists are supposed to be ahead of their times, but also as quite suboptimal.

But this is changing. Is this evolution being documented? It was good news to be informed (through an e-mail apparently sent with alpine, which is, so to say, the icing on the cake) that Michael Nielsen, co-author with Isaac Chuang of Quantum computation and quantum information, has published a new book on open science, called Reinventing Discovery: The New Era of Networked Science. It's unfortunate he couldn't entitle the book A new kind of science because that's already taken.

A few insights of what the book (which I didn't read -yet) is about can be found in this essay and in this TEDx talk. It seems that Michael Nielsen's aim is not to elaborate big theories about the beauty of openness, but rather to illustrate his point that open science is both important and ineluctable, with amusing or thought-provoking concrete cases of "open" experiments (e.g. arXiv, GenBank, or the journal of visualized experiments), including failures (e.g. online comments sites). A nice touch is that Michael Nielsen puts his brain where his pen is since he's working on "massively collaborative mathematics" projects like Polymath.

In particular, an important issue concerns the ways of discussing experiments and disclosing the results to peers. Traditionally this is done through expensive peer-reviewed journals, but of course their legitimacy has been questioned. Today, serious scientific discussions are being held in more and more informal ways, e.g. via weblogs and wikis. In the long term, it is likely that such journals won't be needed at all anymore (think of the majors in the music industry). Michael Nielsen prophetizes that future publishers will rather be technology-driven companies.

All in all, the future of science is more networked and more open. Let's be prepared for it, and better, let's be part of it.

Addition: Michael Nielsen TED talk on open science, November 2011

A new way of making science does not triumph by convincing its opponents and making them see the light, but rather because its opponents eventually die, and a new generation grows up that is familiar with it.

Max Planck (almost)