Fernand Deligny, auteur du célèbre recueil « Graine de crapule » (1945), était un éducateur qui fut dans les années 70 à l'origine de la création d’un réseau de prise en charge d’enfants autistes. Je dis tout simplement qu'un radeau n'est pas une barricade et qu'il faut de tout pour qu'un monde se refasse.
, affirmait-il.
L'autisme se manifeste par des comportements simultanés et cumulatifs qui peuvent déstabiliser ceux qui ne sont pas familiers avec cette condition, qualifiée de trouble envahissant du comportement (TED) :
- des troubles des interactions sociales
- des troubles de la communication verbale et non-verbale
- des comportements stéréotypés et répétitifs
On distingue grossièrement trois types d'autisme (avec divers degrés, on parle de spectre autistique) :
- L'autisme infantile, appelé aussi autisme de la petite enfance (aussi traduit autisme infantile précoce), psychose de la petite enfance, syndrome de Kanner ou trouble autistique. L'appellation autisme sans précision supplémentaire renvoie le plus souvent à cette identification, mais souvent en l'élargissant plus ou moins (comme on l'observe dans les critères utilisés dans les études épidémiologiques censées dénombrer les autistes).
- Le syndrome d'Asperger, d'abord appelé psychopathie autistique (en 1943), est considéré comme une forme d'autisme. Il est inclus dans les décomptes épidémiologiques de l'autisme, mais les critères diagnostiqués sont très différents de ceux de l'autisme infantile. Il y a très peu de différences entre l'autisme dit de haut niveau et le syndrome d'Asperger. La distinction reposerait sur l'âge où l'enfant commence à parler, les patients ayant le syndrome d'Asperger ne connaissant pas de retard dans ce domaine. Certains ont aussi avancé l'existence de différences dans la comparaison des QI verbal et performance.
- L'autisme atypique est un critère qui distingue un caractère autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du développement non spécifié, le caractère autistique est clairement indiqué (il pointe l’existence des trois critères de référence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intérêt).
Les New-Agers parlent d'enfants indigo pour désigner les enfants autistes, dylexiques, ou hyperactifs. C'est-à-dire, des humains surdoués mais inadaptés au côté normatif des systèmes éducatifs traditionnels, et auxquels un environnement spécialisé est plus adéquat. Alors certes, c'est très bien de dire que ces enfants recèlent beaucoup de potentiel et qu'avec beaucoup d'efforts ils réaliseront des tas de choses dans la vie. Après amalgamer le tout et conférer aux enfants indigo des pouvoirs paranormaux pour faire plaisir aux parents et en faire un business[1], c'est déjà plus discutable.
L'autisme est le trouble du développement qui se répand actuellement le plus vite sur Terre. Le fait que les populations migrantes soient particulièrement touchées met en lumière une influence possible de l'environnement. Maladie rare il y a cinquante ans (un enfant sur dix mille affecté), la proportion d'enfants atteints est aujourd'hui d'environ 1 pour 150 en Europe, 1 pour 90 aux États-Unis, et même 1 pour 40 en Corée du Sud. En résumé, l'autisme revêt de plus en plus les apparences d'une épidémie.
Des associations comme Autistes sans Frontières et Autisme France insistent sur la nécessité d'un dépistage précoce, qui pourrait être effectué dès 2 ans, pour améliorer l'efficacité de la prise en charge. Malgré l'absence de marqueur biologique connu, certains signes avant-coureurs et signes d'alertes, décrits à partir de la page 15 de la brochure susmentionnée, peuvent conduire à demander une observation clinique et des examens psychologiques effectués par des professionnels.
En présentant l'autisme comme une rupture des capacités à la survie, le chercheur Ami Klin argumente aussi qu'une détection précoce des troubles du spectre autistique est importante afin d'éviter que des enfants atteints ne se retrouvent isolés face à leur environnement. Des équipes ont ainsi récemment mis en évidence que chez les très jeunes, le mouvement des yeux face à un écran de télévision présentait souvent des motifs spécifiques chez les enfants autistes ou hyperactifs (étude).
Se pose également la question de la cause de l'autisme, considéré comme une maladie neurobiologique. Certains suggèrent que des vaccins comme le Measles-Mumps-Rubella (MMR) seraient facteur d'autisme, mais cette théorie s'est vite révélée complètement infondée). Par contre, un documentaire d'Arte intitulé L'énigme de l'autisme - La piste bactérienne fait état de recherches scientifiques liant autisme et métabolisme, via des bactéries intestinales[2]. Ces études orientent les recherches vers des tests de détection complètement différents des tests comportementaux, tels les tests d'urine (étude), et envisagent des traitements basés sur des compléments alimentaires probiotiques.
Ce résultat n'est pas isolé. Une autre maladie cérébrale est de plus en plus perçue comme d'origine métabolique : la maladie d'Alzheimer [3], ainsi que l'illustre la couverture du New Scientist de ce mois.
Il n'existe aujourd'hui ni de preuve de l'irréversibilité de l'autisme, ni de traitement curatif. Mais une chose est sûre, c'est qu'il y a un gouffre d'incompréhension entre le monde des autistes et le monde des « gens normaux ». Notre vision et nos perspectives souvent limitées ont tendance à ériger une haute barrière de communication dont le difficile franchissement se rapproche, spirituellement, d'un saut en hauteur.
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