Radjaïdjah Blog

lundi 6 décembre 2021

5 philosophical short stories for xmas

Time for a humble present, here are five philosophical short stories.

Isaac Asimov's The Last Question describes the world as a computer, or does it.

Daniel Dennett's Where am I takes Putnam's brain in a vat thought experiment to the next level.

Ursulas Le Guin's The Ones Who Walk Away from Omelas is a tale of a city and its inhabitants.

Jorge Luis Borges' Tlön, Uqbar, Orbis Tertius is a literary labyrinth with broken paths.

Howard P. Lovecraft's Ex Oblivione is a mellow experience.

mercredi 11 avril 2018

The dark side of technology II

After the dark side of chocolate and the dark side of intelligence, here is the second part of The dark side of technology, aka Charlie Brooker's third season of the mini-series Black Mirror.

  • 3x01 - Nosedive - A funny trip to a high-class wedding, or a dive inside a world where your personal online score is a real-life access key. Themes: social media, peer pressure, virtual life, online scores.

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  • 3x02 ★ - Playtest - An American traveler short on cash signs up to test a new gaming system using a revolutionary implant. Themes: VR, entertainment, game, experiments, memory, fear.

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  • 3x03 ★ - Shut Up and Dance - Kenny's fun suddenly turns into a blackmail situation involving allying with a strange individual. Themes: privacy, blackmail.

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  • 3x04 - San Junipero - A transcendental connection between two girls. Themes: bonding, party, VR.

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  • 3x05 - Men Against Fire - Some soldiers, some mutants, a war. Themes: eugenics, perception, brain.

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  • 3x06 ★ - Hated in the Nations - In near-future London, police detective Karin Parke, and her tech-savvy sidekick Blue, investigate a string of mysterious deaths with a sinister link to social media. Themes: democracy, death, social media, drones.

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Best episodes are starred.

vendredi 23 juin 2017

Le Big Bang revisité

Faire sourire au sujet du Big Bang, ce n'est pas réservé qu'aux rabbins. Albert Meslay s'y est aussi attelé, rejoignant ainsi la liste des humoristes francophones recommandés par le Radjaïdjah Blog (1re liste, 2e liste).


Albert Meslay s'inscrit dans la continuité de Raymond Devos. Il a écrit et interprêté des séquences sur différents thèmes : le réchauffement climatique, la mort, la Suisse, le tourisme sexuel, l'alcool, et autres.

Vivement recommandé.

lundi 14 décembre 2015

Living life backwards

In my next life I want to live my life backwards.

You start out dead and get that out of the way.

Then you wake up in an old people’s home feeling better every day. You get kicked out for being too healthy, go collect your pension, and then when you start work, you get a gold watch and a party on your first day.

You work for 40 years until you’re young enough to enjoy your retirement. You party, drink alcohol, and are generally promiscuous, then you are ready for high school.

You then go to primary school, you become a kid, you play. You have no responsibilities, you become a baby until you are born.

And then you spend your last 9 months floating in luxurious spa-like conditions with central heating and room service on tap, larger quarters every day and then Voila! You finish off as an orgasm!

(Woody Allen)

mardi 17 février 2015

5 creepypastas

En animation, les histoires d'horreurs sont populaires.

Toutefois, une bonne histoire ne suffit pas, la manière de raconter est essentielle, ainsi que le contexte.

Creepy

Pour l'atmosphère sonore, une ambiance sombre et oppressante s'impose. Exemple : les compositions de Christian Stahlberg (chaine).

Pour l'éclairage, une lumière rouge, violette, ou blanche sera la plupart du temps de circonstance. Ou pas d'éclairage du tout.

La dame blanche, c'est dépassé, la mode de l'horreur tourne aujourd'hui davantage autour de Slenderman. La version moderne des histoires d'horreurs : les creepypastas, des légendes urbaines construites sur internet. En voici cinq, extraites du site Creepypasta from the Crypt, avec à chaque fois le début en guise d'appetizer.

1. L'expérience russe d'hypnologie (v.a.) (racontée ici)

Durant la fin des années 1940, des chercheurs russes ont gardé cinq personnes éveillées pendant quinze jours en utilisant un gaz expérimental basé sur des stimulants. Ils étaient enfermés dans un environnement scellé afin de pouvoir contrôler leur consommation d’oxygène de manière à ce que le gaz ne les tue pas, étant donné qu’il était toxique à partir d’une concentration élevée. Cela a eu lieu avant l’invention des caméras en circuit fermé, ils n’avaient donc que des microphones et des fenêtres de verre épais d’une douzaine de centimètres en forme de hublot qui permettaient de les surveiller. La chambre était équipée de lits d’appoint sans literie, de l’eau courante et de toilettes, et contenait des livres et suffisamment de nourriture sèche pour qu’ils puissent tenir à cinq pendant plus d’un mois.

Les sujets de test étaient des prisonniers politiques jugés ennemis de l’État durant la Seconde Guerre Mondiale.

2. Eidétique

Avant que je commence, laissez-moi vous expliquer ce qui m'arrive. Le terme technique pour ce que je suis est appelé un eidétique. Vous avez déjà sûrement entendu parler de personnes avec des mémoires photographiques, eh bien c'est ça, excepté que les eidétiques, de ce qu'ils se rappellent, ne sont pas limités à leur seule vision. Chaque cas varie dans ses capacités spéciales, le sens de l'ouïe, du goût, de l'odeur et du toucher peuvent être utilisés n'importe quand. Quelques eidétiques sont aussi connus pour avoir la possibilité de voir ce qu'ils pensent. C'est la catégorie dont je fais partie.

3. Peter Pan

J'ai toujours adoré les contes, «Blanche neige», «Le Petit Chaperon Rouge»... Et même maintenant je continue de les lire encore et encore, les histoires je les connais par cœur, à tel point que je serais capable de reconnaître la moindre référence à ces contes dans les films, les livres, et … les faits-divers .

Vous seriez surpris du nombre de faits-divers qui peuvent rappeler une de ces histoires, je me suis amusé à les collectionner. Ça peut aller du truc complètement con, l'histoire d'un type qui a réveillé sa copine dans le coma après l'avoir embrassée, aux choses les plus morbides qui soient, comme ce chasseur qui, pris d'une crise de folie, a tiré à plusieurs reprises sur une petite fille avec son fusil de chasse avant de l'attacher à un arbre, dans un regain de lucidité ou de panique totale, pour la donner à manger au loup qui rôdait dans les parages pour faire disparaître son crime.

De tous ces faits-divers peu connus, un a retenu mon attention plus que les autres, une série de crimes irrésolus qui m'ont poussé à enquêter de mon côté malgré les menaces de la police.

Le meurtrier est un fou que j'ai surnommé «Peter Pan».

4. L'Homme

Je fais des cauchemars... Je fais beaucoup de cauchemars... Beaucoup trop, trois à quatre chaque nuit. J'essaye de les noter dans un carnet posé sur ma table de chevet, ça fait maintenant un mois que j'emmagasine les récits de mes nuits agitées ou les simples bribes encore dans ma mémoire. Mes nuits se passent toujours de la même façon, je vais me coucher, je me réveille avec le coeur battant vers deux ou trois heures du matin, j'ouvre mon carnet, j'écris ce dont je me souviens, puis je me rendors. Je me réveille en sursaut à 4h09, j'ouvre mon livre, j'écris, je me rendors. Pour finir je me réveille tétanisé à 6h34, j'ouvre mon journal lentement, j'écris encore en tremblant, et soit je continue le supplice encore une fois, soit je me lève. Je n'ouvre jamais mon carnet en journée. En fait je ne l'ai jamais ouvert, sauf pour noter mes terreurs nocturnes. J'ai peur de me souvenir.

5. Possédée par le mal

Je m'en souviens comme si c'était hier. Tout a commencé par une nuit sans lune, la veille de mon 13e anniversaire. J'étais seule dans ma chambre à ce moment là, je regardais des vidéos sur Youtube. La soirée était particulièrement chaude, aussi, j'avais ouvert ma fenêtre de chambre pour faire un peu d'air. Les criquets chantaient sans discontinuer au dehors, et ma lumière était éteinte afin d'éviter d'attirer les moustiques. L'ambiance était pour le moins lugubre. Soudain, j'ai entendu un grand claquement derrière moi. La porte de ma chambre, qui avait été ouverte jusque là, s'était brutalement refermée, ce qui m'avait fait sursauter. Dans le même temps, un courant d'air froid avait commencé à parcourir la pièce. Je me suis dit que c'était simplement le vent, et j'ai refermé la fenêtre. Comme il était tard, j'ai décidé d'aller me coucher. Même si on était en vacances, mes parents ne voulaient pas que je me couche trop tard.

J'ai eu énormément de mal à m'endormir cette nuit là. C'était probablement parce que j'étais excitée à cause de mon anniversaire le lendemain, mais en même temps, je ne me sentais pas à mon aise. C'était peut être le courant d'air froid qui m'avait donné une drôle d'impression, en tout cas, j'ai eu du mal à trouver le sommeil. Et lorsque j'ai réussi, il a été peuplé de cauchemars atroces dans lesquels je me sentais poursuivie. Je me suis réveillée plusieurs fois en sueur avec la certitude que quelqu'un m'épiait, mais quand j'allumais la lumière, je ne voyais personne dans ma chambre. Seul mon reflet dans le miroir sur la porte de mon placard était visible.

Le lendemain, je me suis réveillée en sentant que quelque chose avait changé en moi.

...

Pour les plus de 18 ans, voir aussi l'article 5 films d'horreur modernes.

jeudi 12 février 2015

Lunar Baboon

Time.

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Variation. Comic Strip: Lunar Baboon

mardi 13 janvier 2015

The dark side of technology

After the dark side of chocolate and the dark side of intelligence, here is evoked the dark side of technology, explored by Charlie Brooker's mini-series Black Mirror.

  • 1x01 ★ - The National Anthem - Upon the abduction of the Queen's daughter, a mysterious kidnapper has a bizarre request. Themes: social media, peer pressure, utilitarianism.

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  • 1x02 ★ - Fifteen Million Merits - In a world where low-rank people operate bikes to power their environment, there is one escape: a X-factor-like TV contest. Or is there? Themes: TV show, entertainment, systems, rebellion, purpose.

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  • 1x03 - The Entire History of You - In these days most of people are equipped with a device recording their life, and can at any moment replay or share any part from its databank. Trust issues arise within a hi-tech couple as the wife refuses to show some episodes of her own past. Themes: device implantation, privacy, openness, augmented reality, memory.

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  • 2x01 - Be Right Back - The sudden death of her husband leads a woman to use a new online service that lets people stay in touch with a virtual version of the deceased. Themes: death, memory, IA, social media.

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  • 2x02 - White Bear - A woman wakes up only to find herself and a bunch of allies chased by costumed characters, while ordinary people record the hunt on their smartphones. Flashes trigger blurry memory flashbacks. Themes: memory, justice.

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  • 2x03 - The Waldo Moment - The rise of a virtual candidate and the fall of its human interpreter. Themes: political campaigns, social medias.

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  • Special ★ - White Christmas - A 3-part dialog in a wooden outpost of two men sharing their troubled past. Themes: memory, augmented reality, coaching, slavery.

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Best episodes are starred.

lundi 12 janvier 2015

Soutien à Charlie Hebdo

L'attentat contre les dessinateurs du journal Charlie Hebdo et les manifestations qui l'ont suivi subliment la liberté d'expression. RIP.

vendredi 14 novembre 2014

A. G. 1928 - 2014

RIP Alexander Grothendieck.

vendredi 4 octobre 2013

5 haunted mansion movies

In the spirit of Agatha Christies' And Then There Were None or Richard Connell's The Most Dangerous Game, but in a lighter way, here are five movies which could be qualified as slapstick whodunits.

  • The Last of Sheila - A year after Sheila is killed in a hit-and-run, her multi-millionaire husband invites a group of friends to spend a week on his yacht playing a scavenger hunt-style mystery game.
  • Murder by Death - Five famous literary detective characters and their sidekicks are invited to a bizarre mansion to solve an even stranger mystery.
  • Clue - Six guests are invited to a strange house and must cooperate with the staff to solve a murder mystery.
  • Haunted Honeymoon - Larry Abbot, speaker in the radio horror shows of Manhattan Mystery Theater wants to marry. For the marriage he takes his fiancée home to the castle where he grew up among his eccentric relatives.

Almost made it to the list : Bloodbath at the House of Death (six scientists arrive at the creepy Headstone Manor to investigate a strange phenomena which was the site of a mysterious massacre years earlier).

mardi 25 septembre 2012

Les regrets des morts

Bronnie Ware a travaillé pendant des années comme infirmière dans le secteur des soins palliatifs. Elle a eu affaire à de nombreuses personnes à l'aune de la mort, et a recueilli leurs derniers témoignages. Certaines révélations émergent face à la mort, ce n'est plus la peine de se mentir. Alors, quels sont majoritairement les ultimes regrets des mourants ?

1. J'aurais aimé avoir le courage de vivre une vie véritable, plus respectueuse de moi-même, et pas la vie que les autres attendaient de moi.

Des personnes comprennent que leur vie va bientôt s'achever, et, avec du recul, voient leurs rêves inaccomplis, en raison de leurs propres choix. C'est le regret le plus partagé parmi les mourants.

Peut-être que la santé apporte une liberté qu'on ne mesure à sa juste valeur qu'une fois qu'elle nous quitte.

2. J'aurais aimé ne pas travailler si dur.

Passer à côté des grands événements de sa vie à cause de son travail, voilà un autre regret courant.

Peut-être qu'il est difficile de quitter ce tapis roulant qu'est le travail.

3. J'aurais aimé avoir le courage d'exprimer mes sentiments.

Réprimer ses sentiments pour rester en paix avec les autres mène parfois au ressentiment et à l'amertume, au point d'en développer des maladies.

Peut-être que l'honnêteté émotionnelle paie à long terme.

4. J'aurais aimé rester en contact avec mes amis.

Il est difficile de mesurer l'apport de ses amis quand ils sont là. Mais quand ils sont absents, ils manquent, et tout est dépeuplé.

Peut-être que les relations sont plus importantes que la richesse ou l'intelligence.

5. J'aurais aimé me donner les moyens d'être plus heureux.

Certaines personnes découvrent à la fin de leur vie que le bonheur est lui-même un choix.

Enfin, peut-être.

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Bronnie Ware a finalement rédigé un livre entier sur le sujet : The Top Five Regrets of the Dying - A Life Transformed by the Dearly Departing. Ou comment les regrets des morts peuvent transformer sa propre existence.

Bon Yom Kippour à tous.

jeudi 2 février 2012

Bo

Résumé des épisodes précédents : alors que les Hébreux sont prisonniers des Égyptiens, Moïse demande à Pharaon de laisser partir son peuple, mais celui-ci refuse. Alors l'Éternel (Dieu) abat sur l'Égypte dix plaies, sous la forme de calamités plus ou moins surnaturelles. Dans Bo, on assiste aux trois dernières plaies : les sauterelles, les ténèbres, et la mort des premiers-nés égyptiens. Pharaon se résout alors à accepter que les Hébreux quittent l'Égypte, ce qu'ils ne manquent pas de faire.

Une question naturellement soulevée par cette histoire est : pourquoi Dieu a-t-il tué les premiers-nés égyptiens ? Certes, ce n'est pas la première fois que Dieu tue des êtres humains. Déjà avec Son Déluge, Dieu avait éradiqué toute la population à l'exception de Noé et sa famille[1], mais bon, c'est un peu normal, les gens à l'époque étaient iniques. Et puis, il y a eu la destruction de Sodome et Gomorrhe, mais là aussi, même sans avoir vu le film de Pasolini, il est notoire que leurs habitants menaient des vies de débauche, ce qui est Mal. Mais là, les premiers-nés égyptiens, cela inclut des enfants et des bébés, qui ne sont en rien responsables de ce qui arrive aux Hébreux. Comment justifier la mort de ces innocents ?

La réponse la plus immédiate à cette interrogation est que tout ce que fait Dieu est bien, même si on ne comprend pas, et il n'y a rien à justifier. C'est l'explication dite «les voies du Seigneur sont impénétrables». Cela dit, on peut voir les choses autrement, et dès lors, distinguer au moins trois raisons possibles à cet acte.

Il est facile de considérer que seul Pharaon est responsable de la situation des Hébreux, et que le peuple égyptien n'y est pour rien. Mais c'est bien la population tout entière[2] qui tenait les Hébreux en esclavage et leur imposait de lourdes tâches (Ex 1:13). Chaque famille égyptienne, chaque individu y prenait part. La soumission à l'autorité ne peut servir d'argument pour justifier ces comportements, qui seront d'ailleurs souvent reproduits au cours de la seconde guerre mondiale.

La complicité active du peuple égyptien était la clef de voûte de l'esclavage des Hébreux. La mort des premiers-nés, représentants des foyers égyptiens, vient ainsi mettre en exergue la responsabilité individuelle de chacun.

Une deuxième explication peut être distinguée en appliquant ce qu'on appelle la «règle des cinq pourquoi». L'idée est très simple : quand vous faites quelque chose dans la vie, demandez-vous cinq fois de suite «pourquoi», et si à la fin vous n'avez pas une bonne raison alors peut-être vaut-il mieux passer à quelque chose d'autre. Ici, on a la dixième plaie, avec la mort des premiers-nés (Ex 12:29). Pourquoi ? Parce que Pharaon refuse de laisser partir les Hébreux (Ex 11:10). Pourquoi ? Parce Dieu lui-même a endurci le coeur de Pharaon (Ex 11:10). Pourquoi ? Là, il faut remonter un peu plus loin, à ''Exode' ; il apparaît que la mort des premiers-nés égyptiens avait été annoncée bien avant la première plaie (Ex 4:23). Les neuf premières plaies, assorties de l'endurcissement progressif du coeur de Pharaon, constituent autant d'étapes menant à l'ultime châtiment, la mort des premiers-nés, qui avait été en fait planifiée dès le départ. Et pourquoi ? Parce que Dieu considère le peuple hébreu comme son premier-né, et qu'en le vouant à l'esclavage, Pharaon le tue[3] (Ex 4:22-23). Dès lors, c'est oeil pour oeil, dent pour dent : Dieu tuera les premiers-nés égyptiens, qui représentent au même titre le premier-né de Pharaon.

La loi de l'attraction est une croyance selon laquelle l'univers se comporte avec toi comme tu te comportes avec lui. Évidemment très populaire chez les partisans des grandes théories holistes[4], la loi de l'attraction n'est qu'une résurgence d'un principe bien connu de la pensée juive : «mesure pour mesure» («מידה כנגד מידה»), dont la mort des premiers-nés égyptiens peut constituer une illustration.

Enfin, une troisième explication est apportée par Ari Kahn. Elle nécessite une vision plus globale de la situation. En Égypte, la société était basée sur la primogéniture, c'est-à-dire que les premiers-nés héritaient de l'intégralité du patrimoine de leurs parents. La transmission du pouvoir se déroulait selon le même principe : Pharaon était lui-même un premier-né, fils d'un premier-né, etc.[5]. Dès lors, les autres n'avaient rien ; voilà pourquoi il était important que les Égyptiens aient des esclaves, afin de donner aux classes inférieures une caste à dominer. Laisser partir les Hébreux, base de la pyramide du pouvoir, et c'était toute la société qui s'effondrait.

Dans le judaïsme, la naissance ne détermine pas la position. Il y a une notion de droit d'aînesse, mais comme l'illustrent les aventures d'Ésaü et Jacob, les actes de Jacob et sa dévotion envers Dieu l'ont mené à être reconnu comme le véritable aîné. En fait, tout le livre de la Genèse peut être vu comme un réquisitoire contre un éventuel statut privilégié des premiers-nés. Comme le remarque le Midrash Rabba, ni Abraham, ni Isaac, ni Jacob n'étaient des premiers-nés ; ce sont ses actions, et non son statut, qui font un homme.

La dixième plaie était donc une attaque foudroyante contre toute la structure hiérarchique de la civilisation égyptienne, fondée sur le privilège de la naissance. Cette opération à la fois massive et chirurgicale ne pouvait donc qu'aboutir à la délivrance des Hébreux.

En résumé, les trois explications éventuelles avancées sont : la complicité active du peuple, l'application du principe de mesure pour mesure, et l'attaque idéologique contre le privilège de la naissance.

La sortie d'Égypte est commémorée chaque année à l'occasion de la fête de Pâques. C'est bien sûr une immense joie. Mais personne ne se réjouit des souffrances et de la mort des Égyptiens. En effet, à l'une des quatre coupes de vin, symbole de joie, qui sont traditionnellement bues lors de la cérémonie du séder, sont retirées dix gouttes représentant les dix plaies. La violence des dix plaies vient en quelque sorte atténuer la joie de la libération. Or pour l'époque messianique à venir, la joie, infinie, ne sera pas diluée. Cela signifie peut-être que le troisième temple ne peut pas être bâti sur la violence, et qu'Israël aura à passer par une période de paix avant la délivrance finale.

Notes

[1] Richard Dawkins parle de Dieu génocidaire dans The God Delusion.

[2] Ceux qui auraient écrit «la population toute entière» sont invités au jeu des 7 erreurs.

[3] Il est facile d'objecter que répondre à la mort spirituelle d'un peuple via l'esclavage par la mort bien matérielle des premiers-nés égyptiens paraît injuste. Mais Pharaon faisait aussi tuer les mâles hébreux à la naissance (Ex 1:8).

[4] Parmi les partisans des grandes théories holistes, on compte bien sûr nos amis New Age adeptes des quatre accords toltèques et de la loi des 10%.

[5] On peut se demander pourquoi Pharaon, lui-même premier-né, n'est pas mort la nuit de la dixième plaie. La question est laissée en exercice.