Radjaïdjah Blog

lundi 25 juillet 2016

Comment lacer ses chaussures

Vous cherchez un noeud solide pour vos chaussures, baskets, ou crampons ? Un article à lire si vos lacets se défont régulièrement.

Il y a en gros deux façons de faire un noeud classique de laçage de chaussures : une version solide et une version faible, topologiquement différentes.

Effectuez-vous la technique solide ? Nous allons essayer de répondre à cela de manière succinte. Le noeud de chaussure se fait essentiellement en 3 étapes : la demi-clef, la boucle, et l'enlaçage.

  • Étape 1 (demi-clef) : si vous passez le brin gauche du lacet par-dessus (devant) le brin droit, comptez un point, sinon, zéro.
  • Étape 2 (boucle) : si vous faites la boucle à gauche comptez un point. si c'est à droite : zéro.
  • Étape 3 (enlaçage) : si l'enlaçage passe d'abord devant la boucle, puis derrière, comptez un point, dans le cas contraire zéro.
  • Bilan : si vous avez un nombre total de points impair, vous faites la version solide, si vous avez un nombre total de points pair vous faites la version faible !

(Évidemment les plus informaticiens des lecteurs auraient trouvé plus simple de XORer.)

Si la conclusion est que vous effectuez la version faible, pas de problème ! Vous pouvez passer à la version solide en inversant une des trois étapes, celle de votre choix.

Comme le dit Terry Moore dans sa brève présentation à TED Comment lacer vos chaussures, dans la version solide, les boucles sont longitudinales (parallèles) à la direction des lacets, tandis que dans la version faible les boucles y sont transversales (perpendiculaires).

Un passionné de lacets, Ian Fieggen, explique comment aboutir à chacune des deux versions et analyse votre technique en profondeur grâce à un QCM en 10 étapes.

Techniquement, le noeud de lacet "solide" s'appelle noeud de rosette, variation doublement gansée du noeud plat (reef knot), tandis que le noeud de lacet "faible" est la variation doublement gansée du noeud de vache (ou noeud de ménagère), en anglais granny knot (noeud de mamie), obtenu en effectuant deux fois de suite la même demi-clef.

En bonus, Ian Fieggen vous propose de réaliser un noeud de chaussure ultra-rapide : le noeud de Ian (video), une méthode express pour obtenir un noeud de rosette solide avec des lacets de chaussure.

En mathématiques, ces considérations bassement pratiques relèvent de la branche appelée théorie des noeuds.

lundi 4 mai 2015

The art of presentation

A few references to help you with storytelling and slide design should you have a presentation to make.

Not extremely new but still good books: Presenting to Win: The Art of Telling Your Story (2003), by Jerry Weissman, and its sequel Winning strategies for power presentations : Jerry Weissman delivers lessons from the world's best presenters (2013) introduce among other ideas the concept of WIIFY (What's In It For You).

TED talk: 10 tips for better slide decks, aka "10 tips on how to make slides that communicate your idea":

Big picture:

  1. Think about your slides last. - Too often, I see slide decks that feel more like presenter notes, but I think it’s far more effective when the slides are for the audience to give them a visual experience that adds to the words.
  2. Create a consistent look and feel.
  3. Think about topic transitions.
  4. With text, less is almost always more.
  5. Use photos that enhance meaning.

And now some tactical tips…

  1. Go easy on the effects and transitions. .
  2. Use masking to direct attention in images.
  3. Try panning large images.
  4. For video, don’t use autoplay.'
  5. Reproduce simple charts and graphs.

and the end: a couple book recommendations. The first is Resonate, by Nancy Duarte. It’s not so much about slides, but about public speaking in general – which is the foundation for any presentation, regardless of how great your slides are. In it, she breaks down the anatomy of what makes a great presentation, how to establish a central message and structure your talk, and more. (One of her case studies comes from Benjamin Zander’s charming TED Talk about classical music, a talk that captivated the audience from start to finish.) Think of this as prerequisite reading for [a] second recommendation, also by Duarte: Slide:ology. This is more focused on presentation visuals and slides.

Slideshare presentation: 8 tips for an awesome powerpoint presentation

  1. F-ck normality, don't use templates, create your own design, let your creativity flow..
  2. Colors are nice, play with colors, fond your like, contrast is your friend.
  3. Use good fonts.
  4. Text is evil, let your slides breathe.
  5. Images say more than a thousand words.
  6. BIg is beautiful, think Big, think Bold, think Bam. View every slide as an ad.
  7. Infographics are amazing.
  8. Get inspired.

vendredi 1 mai 2015

À quoi servent les maths ?

La légende raconte qu'à un congrès de physique un quidam interpella le mathématicien Henri Poincaré en ces termes :

"Mais enfin Monsieur Poincaré, vos mathématiques, là, à quoi servent-elles ?"

Question à laquelle le mathématicien avait répondu par :

"Et vous, Monsieur, à quoi servez-vous ?"

un peu dans l'esprit de ce commentaire.

Alors, de même qu'on peut se demander à quoi sert l'humour, on peut également poser la question : à quoi servent les mathématiques ?

Après tout, qui a après le lycée réutilisé dans sa vie un compas ?

Comme le note Neal Koblitz dans son essai sur la relation compliquée entre mathématiques et cryptographie, le grand Hardy n'écrivait-il pas en 1940[1] :

« À la fois Gauss et de moindres mathématiciens peuvent se réjouir qu'il y ait une science [la théorie des nombres] qui de toutes façons, et selon eux, devrait rester éloignée des activités humaines ordinaires, et rester noble et propre. »

La cryptographie est par la suite venue remettre en question l'inutilité présupposée de la théorie des nombres.

Lors de la dernière Saint-Patrick (17 mars) avait lieu en Suisse une conférence sur le thème de l'utilité des mathématiques. Vaughan Jones (médaille Fields 1990) a parlé de noeuds, tresses, groupes, et kitesurf. Stanislav Smirnov (médaille Fields 2010) a parlé d'ordre, d'irrégularité, de fractales, et de percolation. Martin Hairer (médaille Fields 2014) a parlé des cours de la bourse et de Tétris. Pour ceux qui ont raté ça, la conférence est disponible en ligne.

Pour finir, il est intéressant de mentionner le TEDx talk de Eduardo Sáenz de Cabezón : Math is forever.

En conclusion, les maths sont moins inutiles que ce que l'on pourrait croire, et lorsqu'elles sont inutiles, elles sont belles.

Note

[1] C'est une citation souvent tronquée, et Hardy voulait plutôt dire le contraire, il écrivait en effet : But here I must deal with a misconception. It is sometimes suggested that pure mathematicians glory in the uselessness of their work, and make it a boast that it has no practical applications. The imputation is usually based on an incautious saying attributed to Gauss, to the effect that, if mathematics is the queen of the sciences, then the theory of numbers is, because of its supreme uselessness, the queen of mathematics—I have never been able to find an exact quotation. I am sure that Gauss’s saying (if indeed it be his) has been rather crudely misinterpreted. If the theory of numbers could be employed for any practical and obviously honourable purpose, if it could be turned directly to the furtherance of human happiness or the relief of human suffering, as physiology and even chemistry can, then surely neither Gauss nor any other mathematician would have been so foolish as to decry or regret such applications. But science works for evil as well as for good (and particularly, of course, in time of war); and both Gauss and less mathematicians may be justified in rejoicing that there is one science at any rate, and that their own, whose very remoteness from ordinary human activities should keep it gentle and clean. Godfrey H. Hardy, A Mathematician Apology (1940), p. 33.

lundi 9 mars 2015

10 funny TED talks

Great TED Talks illuminate an idea. Sometimes, they do it while making you laugh. These talks will bring a smile to your face. Please note: Vigorous debate ensued among our staff about which talks to include. So we hope you’ll find something for every sense of humor.

Here are the funniest TED talks!

lundi 31 décembre 2012

La croissance de la décroissance

Le mois dernier Paul Ariès était invité à parler de décroissance, par ailleurs un des thèmes du GIMUN de cette année. Sur le fond c'était assez clair, sur la forme il est possible que le « compte-rendu » qui suit paraisse un peu désordonné et confus.

Selon Ariès, la nécessité d'une politique de décroissance (sous-entendu: de l'activité économique) provient des deux considérations suivantes :

  • Si les 7 milliards humains vivaient comme les Européens il faudrait 3 planètes pour les supporter (7 s'ils vivaient comme les Américains).
  • Il est moralement injuste que certaines catégories vivent bien mieux que d'autres[1] (ce qui est bien sûr contesté par les tenants du libéralisme).

Muni de son nouveau livre Le socialisme gourmand, Paul Ariès appelle à rompre avec le capitalisme, système « diablement efficace ». Le capitalisme serait en effet un système à la fois :

  • exploitant le travail et pillant les ressources
  • intrinsèquement productiviste, impensable sans croissance
  • imposant des styles de vie et des modes de vie

Selon le gouvernement socialiste actuel, il n'y a pas de solution aux inégalités sans croissance. Il apparaît ainsi que la gauche est divisée en deux catégories : la gauche productiviste (au pouvoir), et la gauche antiproductiviste (qui résiste au progrès[2]).

Paul Ariès fait partie ce cette dernière, dans la tradition des paysans qui s'opposaient au glânage, des ouvriers qui cassaient les machines, de Lafargue, de Fourier, des milieux libertaires, et de certains syndicalistes, et à l'opposé des pessimistes à l'image de l'école de Francfort, où les milieux populaires étaient perdus car perdus dans le milieu de la consommation.

La décroissance que défend Paul Ariès n'est pas celle du journal La Décroissance, synonyme d'austérité, de « décroissance de droite », malthusienne, mais plutôt d'une décroissance « intelligente ». Il y a de nombreuses directions pour aller dans la direction d'une décroissance raisonnable, telles que la lutte contre obsolescence programmée et contre le gaspillage : (un produit fini représente 4% des ressources mises en oeuvre pour sa fabrication). Surtout, la planète est assez riche pour passer à ce que les Amérindiens appellent le buen vivir. Il faudrait 40 milliards de dollars pour régler le problème de la sous-nutrition dans le monde (comme le souligne d'ailleurs Jean Ziegler dans le film We feed the world) et 60 milliards pour régler celui de la pauvreté, soit moins de 0.2% du PIB mondial. En même temps, le budget annuel mondial de l'armement est de 1000 milliards de dollars, celui de la publicité est de 900 milliards de dollars, et le produit international criminel (PIC) est estimé également à 1000 milliards.

Il y a ainsi deux concepts clefs dans la « bonne voie » envisagée : redistribution différente et décroissance intelligente. Et y parvenir demanderait un peu de psychologie, car on ne changera pas le monde en culpabilisant ni en faisant appel aux responsabilités mais en suscitant le désir. Le désir, essentiellement, de trois choses[3] :

  1. Le développement de l'économie sociale et solidaire, qui représente aujourd'hui environ 10% de l'économie en France, et a constitué un des secteurs qui a le mieux résisté à la crise[4].
  2. L'extension de la sphère de la gratuité qui passe par un nécessaire développement d'une culture de la gratuité[5] (un thème cher aux partis pirates).
  3. Le développement de la désobéissance à la croissance. Paul Ariès rêve d'une gauche objectrice de croissance tout en évoquant un forum national de la désobéissance multipliant les appels à la désobéissance civile, professionnelle, et institutionnelle.

Dès lors qu'on considère l'intérêt du plus grand nombre dans le cadre d'une « économie du bonheur », les étudent réfutent l'idée d'une corrélation entre pib et accès au bonheur mais trouvent en revanche un lien entre type de société et accès au bonheur. Ainsi Richard Wilkinson montre les conséquences négatives des inégalités économiques sur les sociétés. De plus, comme le capitalisme multiplie les individus superflus, un remède pour pallier ces inégalités serait le revenu minimum universel, éventuellement sous forme partiellement démonétarisée (eau, électricité).

En conclusion, peut-être qu'on ne pourra pas changer le monde mais rien ne nous interdit d'en construire un autre[6].

Notes

[1] Il y a une distribution des richesses à la Pareto : 20% des humains se partagent 80% des richesses mondiales. Plus précisément, un individu possédant au moins 5000€ de patrimoine serait dans le top 50% des humains en termes de richesse, dans le top 10% avec 37500€, et dans le top 1% avec 340000€. Voir aussi le site Slavery Footprint pour savoir combien d'esclaves travaillent pour vous.

[2] Paul Ariès semble opposé à certaines formes de progrès et considère assez sombrement les perspectives transhumanistes qui verraient passer l'homo sapiens au robot sapiens (Jacques Testard parle d'« humanité augmentée ») ou au soma sapiens (avec les technologues comme Anders Sandberg (à qui Ariès attribue bizarrement un prix Nobel) qui étudient les sentiments artificiels et l'ingénierie émotionnelle, des thèmes qui seront évoqués dans l'entrée à venir sur la reprogrammation du cerveau).

[3] Quatre, en fait, car on peut ajouter une nécessaire volonté de surcroît de démocratie (cf l'article de Georges Gurvitch Le principe démocratique et la démocratie future ainsi que l'entrée Démocratie et populisme).

[4] Ce secteur concerne essentiellement les classes moyennes et pauvres, qui évoluent. Lors du forum mondial sur la pauvreté organisé par Emmaüs, 2 constats se sont dégagés : d'une part, un pauvre n'est pas un riche sans argent, d'autre part, un naufragé ne pourra jamais retourner dans le système (et tant mieux). De plus, si le XXe siècle a en quelque sorte vu l'apparition des classes moyennes, le XXIe siècle serait plutôt sur la voie de la démoyennisation, ce qui est finalement une bonne chose si elle est à l'origine d'une remise en question du système dans son ensemble.

[5] Lors du forum national de la gratuité, ont été mentionnées des expérimentations sur gratuité de l'eau vitale, des transports en commun, des services funéraires. Paul Ariès récuse le principe d'une gratuité uniquement « pour les pauvres » et lui préfère celui de gratuité d'émancipation, telle que celle de l'école publique. Mais qu'en serait-il avec le logement, la santé, ou l'alimentation ? Il existe de facto un droit à l'expérimentation ; selon la constitution française, des villes peuvent expérimenter des politiques en dehors de la loi, et la gauche s'est en général trop refusée à expérimenter.

[6] On peut voir ça comme une variation du célèbre Si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?

vendredi 21 septembre 2012

La science de l'autisme

Fernand Deligny, auteur du célèbre recueil « Graine de crapule » (1945), était un éducateur qui fut dans les années 70 à l'origine de la création d’un réseau de prise en charge d’enfants autistes. Je dis tout simplement qu'un radeau n'est pas une barricade et qu'il faut de tout pour qu'un monde se refasse., affirmait-il.

L'autisme se manifeste par des comportements simultanés et cumulatifs qui peuvent déstabiliser ceux qui ne sont pas familiers avec cette condition, qualifiée de trouble envahissant du comportement (TED) :

  • des troubles des interactions sociales
  • des troubles de la communication verbale et non-verbale
  • des comportements stéréotypés et répétitifs

On distingue grossièrement trois types d'autisme (avec divers degrés, on parle de spectre autistique) :

  • L'autisme infantile, appelé aussi autisme de la petite enfance (aussi traduit autisme infantile précoce), psychose de la petite enfance, syndrome de Kanner ou trouble autistique. L'appellation autisme sans précision supplémentaire renvoie le plus souvent à cette identification, mais souvent en l'élargissant plus ou moins (comme on l'observe dans les critères utilisés dans les études épidémiologiques censées dénombrer les autistes).
  • Le syndrome d'Asperger, d'abord appelé psychopathie autistique (en 1943), est considéré comme une forme d'autisme. Il est inclus dans les décomptes épidémiologiques de l'autisme, mais les critères diagnostiqués sont très différents de ceux de l'autisme infantile. Il y a très peu de différences entre l'autisme dit de haut niveau et le syndrome d'Asperger. La distinction reposerait sur l'âge où l'enfant commence à parler, les patients ayant le syndrome d'Asperger ne connaissant pas de retard dans ce domaine. Certains ont aussi avancé l'existence de différences dans la comparaison des QI verbal et performance.
  • L'autisme atypique est un critère qui distingue un caractère autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du développement non spécifié, le caractère autistique est clairement indiqué (il pointe l’existence des trois critères de référence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intérêt).

Les New-Agers parlent d'enfants indigo pour désigner les enfants autistes, dylexiques, ou hyperactifs. C'est-à-dire, des humains surdoués mais inadaptés au côté normatif des systèmes éducatifs traditionnels, et auxquels un environnement spécialisé est plus adéquat. Alors certes, c'est très bien de dire que ces enfants recèlent beaucoup de potentiel et qu'avec beaucoup d'efforts ils réaliseront des tas de choses dans la vie. Après amalgamer le tout et conférer aux enfants indigo des pouvoirs paranormaux pour faire plaisir aux parents et en faire un business[1], c'est déjà plus discutable.

L'autisme est le trouble du développement qui se répand actuellement le plus vite sur Terre. Le fait que les populations migrantes soient particulièrement touchées met en lumière une influence possible de l'environnement. Maladie rare il y a cinquante ans (un enfant sur dix mille affecté), la proportion d'enfants atteints est aujourd'hui d'environ 1 pour 150 en Europe, 1 pour 90 aux États-Unis, et même 1 pour 40 en Corée du Sud. En résumé, l'autisme revêt de plus en plus les apparences d'une épidémie.

Des associations comme Autistes sans Frontières et Autisme France insistent sur la nécessité d'un dépistage précoce, qui pourrait être effectué dès 2 ans, pour améliorer l'efficacité de la prise en charge. Malgré l'absence de marqueur biologique connu, certains signes avant-coureurs et signes d'alertes, décrits à partir de la page 15 de la brochure susmentionnée, peuvent conduire à demander une observation clinique et des examens psychologiques effectués par des professionnels.

En présentant l'autisme comme une rupture des capacités à la survie, le chercheur Ami Klin argumente aussi qu'une détection précoce des troubles du spectre autistique est importante afin d'éviter que des enfants atteints ne se retrouvent isolés face à leur environnement. Des équipes ont ainsi récemment mis en évidence que chez les très jeunes, le mouvement des yeux face à un écran de télévision présentait souvent des motifs spécifiques chez les enfants autistes ou hyperactifs (étude).

Se pose également la question de la cause de l'autisme, considéré comme une maladie neurobiologique. Certains suggèrent que des vaccins comme le Measles-Mumps-Rubella (MMR) seraient facteur d'autisme, mais cette théorie s'est vite révélée complètement infondée). Par contre, un documentaire d'Arte intitulé L'énigme de l'autisme - La piste bactérienne fait état de recherches scientifiques liant autisme et métabolisme, via des bactéries intestinales[2]. Ces études orientent les recherches vers des tests de détection complètement différents des tests comportementaux, tels les tests d'urine (étude), et envisagent des traitements basés sur des compléments alimentaires probiotiques.

Ce résultat n'est pas isolé. Une autre maladie cérébrale est de plus en plus perçue comme d'origine métabolique : la maladie d'Alzheimer [3], ainsi que l'illustre la couverture du New Scientist de ce mois.

Il n'existe aujourd'hui ni de preuve de l'irréversibilité de l'autisme, ni de traitement curatif. Mais une chose est sûre, c'est qu'il y a un gouffre d'incompréhension entre le monde des autistes et le monde des « gens normaux ». Notre vision et nos perspectives souvent limitées ont tendance à ériger une haute barrière de communication dont le difficile franchissement se rapproche, spirituellement, d'un saut en hauteur.

Notes

[1] Extrait d'une publication du GEMPPI :Habituellement une secte fabrique un objet de culte superstitieux (Omitama, Gohonzon etc.) exclusif auquel l'adepte va attribuer des pouvoirs magiques bénéfiques en cas d'obéissance ou maléfiques en cas de rebellion. Les adeptes de la secte Kryeon n'ont d'autres objets de culte et de superstition que leurs enfants "indigo", qui se trouvent revêtus de super-pouvoirs magiques bénéfiques en cas d'obéissance, maléfiques en cas de rejet, dès lors que les guides patentés de l'église kryeoniste les déclarent Indigo. L'avantage pour ceux qui exploitent ce système est que les adeptes ne pourront jamais se débarrasser de l'objet de culte qui les asservit à un enseignement et à la loi d'une entité invisible dont Lee Carroll et ses apôtres ont le monopole de la médiation.

[2] D'après l'enquête, les métabolites de bactéries intestinales telles que l'acide propionique pourraient déclencher l'autisme chez les enfants prédisposés.

[3] Depuis 2005 (étude), la maladie d'Alzheimer est de plus en plus considérée comme un diabète de type 3, une sorte de « diabète du cerveau », conduisant à envisager des traitements basés sur des médicaments appelés glitazones, ou sur l'insuline. Il est toutefois possible que diabète et maladie d'Alzheimer ne soient pas soient liées directement mais par des causes communes telles que des microsaignements au niveau du cerveau.

mercredi 22 août 2012

Amphithéâtre planétaire

L'éducation supérieure était un des sujets ayant donné lieu à de nombreuses controverses au GIMUN. Comment le e-learning, c'est-à-dire, en substance, l'utilisation d'internet pour l'enseignement, peut-il rendre service à l'éducation supérieure ? Une réponse est apportée par l'israélienne Daphne Koller (TED talks ici et , dans le thème "radical openness"), qui combine deux concepts :

  • "education flip" : au lieu d'avoir un temps passif en classe pour les leçons et un temps actif hors classe pour les exercices et recherches, le temps passif est transféré hors classe grâce au e-learning (leçon en ligne) alors que la classe est consacrée au temps actif, des séances de questions et d'échanges. Cela s'accompagne d'une revalorisation du rôle du professeur.
  • "freemium" : les cours sont en accès libre et gratuit, mais les diplômes sont payants, à un prix plutôt modique.

Les États-Unis ont pris une certaine avance dans le domaine de l'éducation en ligne, avec l'émergence des MOOC (massive online open classroom). La motivation des professeurs à construire des cours stimulants et clairs est probablement démultipliée avec la perspective de voirs ceux-ci consultés par des dizaines de milliers de personnes. Pour l'éducation élémentaire, il y a déjà la Khan Academy, une initiative personnelle et privée. Pour l'éducation supérieure, on peut relever Udacity et le MIT opencourseware. En France, le Collège de France propose égalements des cours en ligne.

Les visiteurs intéressés par le sujet pourront également lire cet article du Monde (addition, décembre 2012 : ou celui-là).

Une autre conférence TED à voir sur l'éducation : Ken Robinson.

jeudi 26 avril 2012

Education as a path to citizenship?

With their priviledged status, UN staff sometimes suffer from the stereotyped image of well-dressed penguins hanging around with a concerned face and doing nothing all day long like in Albert Cohen's novels. But sometimes, things are happening. This week-end, the Youth Perspectives pole of the GIMUN (Geneva International Model United Nations, kind of a UN "simulation") will hold a conference entitled Environmental issues in contemporary societies, composed of the following committees:

  1. Modern societies' weaknesses facing environmental catastrophes
  2. Degrowth: a solution to protect the environment?
  3. Protecting biodiversity: issues of urbanism
  4. Future of traditional knowledge: threats and solutions?

It's probably too late to apply, but don't hesitate to give a try if you're interested. It is the second edition of a Youth Perspectives conference; last year for the International Year of Youth the topic was Education in the 21st Century. The committees were at the time:

  1. Education - The Path to Citizenship
  2. Integration through Education
  3. Teachers and the Promotion of Gender Equality
  4. Universal Access to Higher Education

As one easily guesses from the blog, education is a stimulating topic, hence this brief essay and this laconic position paper were written to attend the conference in the first committee. As complements, a talk of Ken Robinson entitled Schools kill creativity, and a link to the Khan Academy.

The results? After some long exchanges on definitions and proposals, some insightful debates on the arcane differences between "informal" and "non-formal", and some subtle considerations regarding where to put commas, the "Education: a path to citizenship" committee produced the following document. Nevertheless it was an inspiring experience, an opportunity to play the devil's advocate and to observe that people who state that the next generation is moronic are just plain wrong.

In the end, after approval by vote (was harder for committee #4), all contributions from different committees were merged and synthesized, and a final statement was addressed to the Economic and Social Council (EcoSoc). Still wondering if the purpose of such meetings is to have real-life consequences or to share a UN-like moment. Probably the latter: it was a first-time experiment, and it worked, what's better than such human adventures?

mercredi 7 mars 2012

Godin on bad design

Speaking of good storytelling, Seth Godin has pictures to share about bad design, and about things which just don't work because they are broken. Sometimes, even on purpose, and this may be somehow related to architecture of control.

Admittedly, Godin is a marketing guy, however someone who wrote a book entitled All marketers are lyers cannot be completely bad.

Storytelling

Savoir raconter les histoires n'est pas chose aisée, et que ce soit dans dans le domaine des contes pour enfants, des conférences scientifiques, ou des discours politiques, il y a toujours lieu de s'améliorer.

Évidemment, le contexte est important.

Pour les histoires pour enfants, le conteur choisira peut-être de se mettre dans la peau du Malka des lions de Joann Sfar et relater des récits où s'entremêlent amour et terreur.

Pour les conférences scientifiques, il s'agira de s'adapter au public, montrer de belles images, et suivre les conseils de Valerio Scarani.

Pour les discours politiques, les orateurs s'attèleront à présenter des chiffres convaincants et faire preuve de rhétorique sophistiquée.

Finalement, le storytelling peut être considéré comme un art, comme le montrent Andrew Stanton ou Nancy Duarte (c'est même un thème à TED).

vendredi 3 février 2012

Trop de sécurité

Avec l'avènement de l'enfant-roi, les blessures de jeunes lors d'activités ludiques ou sportives, même les plus minimes, sont à proscrire. En effet, le moindre incident donne lieu à toute une procédure ayant pour but des réparations pour le préjudice incommensurable causé. Le remède ? La sécurité absolue, le risque zéro.

Or, trop de sécurité tue les effets recherchés, et ceci éventuellement à très long terme.

Il est envisageable que ne nous ne soyons pas nés avec l'objectif de vivre dans des fauteuils.

Ainsi, aux États-Unis, les aires de jeux pour enfants sont tellement sécurisées et aseptisées qu'elles en deviennent ennuyeuses, ce qui peut être préjudiciable à la santé des enfants.

Voilà peut-être pourquoi Gever Tulley vient parler des 5 choses dangereuses que nous devrions laisser nos enfants faire, et que le meilleur livre sur le sujet reste The Dangerous Book for Boys.

vendredi 27 janvier 2012

2% des statistiques sont fausses

Grâce aux statistiques, il est possible de se représenter un fait ordinaire comme une coïncidence extraordinaire, peut-être dans l'esprit du miracle des 5 couleurs.

Les statistiques, c'est bien connu, sont comme les bikinis : ce qu'elles révèlent est suggestif, ce qu'elles dissimulent est essentiel.

Exemple très simple (et très classique) : vous passez un test afin de déterminer si vous êtes touché-e par une maladie mortelle qui affecte une personne sur 10 000. Le test est fiable à 99%. Vous êtes positif-ve. Quelle est la probabilité que vous soyez atteint-e par la maladie (réponse dans le Ted Talk ci-dessous) ?

Le fait que les statistiques et probabilités soient parfois difficiles à comprendre et à interpréter a certains avantages (qui ne seront pas détaillés ici) mais peut également être néfaste.

Ainsi, le statisticien Peter Donnelly[1] expose lors d'un Ted Talk le cas d'un procès où non seulement l'expert appelé à témoigner présente des conclusions statistiques erronées en regard des faits, mais en plus un journaliste[2] vient empirer la situation. Et, comme chacun le sait même sans avoir vu Twelve Angry Men, les membre du jury sont potentiellement très influençables par les statistiques qui leur sont fournies.

Sur un autre registre, de nombreux politiciens[3] et leurs communiquants manipulent les chiffres afin de présenter des constats biaisés, avant de proposer leurs programmes. Les livres suivants éclairent un peu le sujet :

  • How to Lie with Statistics (Comment mentir avec des statistiques) de Darrell Huff
  • Fooled by Randomness (Le Hasard sauvage), de Nassim Nicholas Taleb
  • Freakonomics de Steven Levitt

Certaines de ces intoxications statistiques sont parfois plus ou moins bien relevées.

Sans transition aucune, l'Université de Genève organise durant onze mois une exposition ponctuée d'une série d'événements sur les probabilités. Les animateurs du site RTSdécouverte.ch se sont associés à la démarche en réalisant, en collaboration avec des scientifiques de l'Université, un cahier pédagogique pour inviter le public à se frotter aux mathématiques sans perdre le sourire. : les jeux sont faits.

Statistical thinking will one day be as necessary for efficient citizenship as the ability to read and write.

H. G. Wells

Addition (novembre 2012) : comment Fox News désinforme ses téléspectateurs (assez drôle).

Notes

[1] Il explique également pourquoi, lors d'une succession de tirages à pile ou face, les premières séquences pile-face-face et pile-face-pile n'apparaissent pas en même temps en moyenne.

[2] Non, rien.

[3] Peut-être que ce passage justifierait que l'entrée soit dans la catégorie Politique et pas Science.

vendredi 28 octobre 2011

The future of science

This Wednesday, particle physicist Lisa Randall was invited on Jon Stewart's Daily Show whose topic was... science, its facets and its effects. To observe how science is perceived by some people (skip directly to 5:20) could be somehow depressing, but at the same time it is refreshing because it causes a lot of us scientists to leave for a few seconds our ivory towers (or our cardboard ones in France) where we feel clever and indispensable to humanity.

Nevertheless, this entry is rather about the ongoing shift in the way science is done and presented. Indeed, it is hard to imagine that so far, mainstream science has been hardly affected by the advent of the internet (although most publications are now available online). To put it a bit provocatively, science undergoes a long tradition of inertia and intrinsic resistance to change. And in today's world, this appears not only as paradoxical, since scientists are supposed to be ahead of their times, but also as quite suboptimal.

But this is changing. Is this evolution being documented? It was good news to be informed (through an e-mail apparently sent with alpine, which is, so to say, the icing on the cake) that Michael Nielsen, co-author with Isaac Chuang of Quantum computation and quantum information, has published a new book on open science, called Reinventing Discovery: The New Era of Networked Science. It's unfortunate he couldn't entitle the book A new kind of science because that's already taken.

A few insights of what the book (which I didn't read -yet) is about can be found in this essay and in this TEDx talk. It seems that Michael Nielsen's aim is not to elaborate big theories about the beauty of openness, but rather to illustrate his point that open science is both important and ineluctable, with amusing or thought-provoking concrete cases of "open" experiments (e.g. arXiv, GenBank, or the journal of visualized experiments), including failures (e.g. online comments sites). A nice touch is that Michael Nielsen puts his brain where his pen is since he's working on "massively collaborative mathematics" projects like Polymath.

In particular, an important issue concerns the ways of discussing experiments and disclosing the results to peers. Traditionally this is done through expensive peer-reviewed journals, but of course their legitimacy has been questioned. Today, serious scientific discussions are being held in more and more informal ways, e.g. via weblogs and wikis. In the long term, it is likely that such journals won't be needed at all anymore (think of the majors in the music industry). Michael Nielsen prophetizes that future publishers will rather be technology-driven companies.

All in all, the future of science is more networked and more open. Let's be prepared for it, and better, let's be part of it.

Addition: Michael Nielsen TED talk on open science, November 2011

A new way of making science does not triumph by convincing its opponents and making them see the light, but rather because its opponents eventually die, and a new generation grows up that is familiar with it.

Max Planck (almost)